Suite aux débordements et affrontements pour le premier tour des élections comoriennes, Mohamed Elhad, adjoint au maire de la commune de Bangaane, située sur l’île de Grand Comores à la frontière de la capitale, a accepté de s’exprimer sur la situation actuelle aux Comores. Vivant entre La Réunion et les Comores, il est actuellement sur notre île. Il avait prévu de retourner aux Comores pour le second tour des élections, mais face à la situation actuelle il a reporté son départ. Pas par peur, mais pour lui « c’est de la mascarade, ce ne sont pas des élections ».
Bien que les médias locaux ont été fermés, les médias internationaux, quant à eux, ont dépeint une situation de violence extrême. Cette situation décrite serait bien celle vécue par les Comoriens sur place. Des blessés, des urnes cassées, des procurations signées non remplies, etc. Mohamed Elhad dénonce le comportement du ministre de l’Intérieur, qui a déclaré qu’il n’y avait pas eu de blessés. Or dans le même temps, une correspondante de RFO a déclaré que les premiers blessés par balle arrivaient à Mayotte, explique-t-il, « il n’est pas fiable, il se moque de la population et il se ment à lui-même », déclare-t-il.
« L’idéal serait de rétablir de véritables élections avec la présence des autorités internationales »
Pour lui, Azali a fait une erreur en interrompant son mandat pour relancer ce cumul de deux fois deux mandats de cinq ans. « Je le soutenais au départ, il était le seul à avoir un projet politique, il aurait eu ses chances au second tour, mais il trop bafoué la Constitution de 2001. A l’heure actuelle c’est le meilleur des mauvais, il s’est tué lui-même ». Il ajoute que « l’opposition n’avait pas de réel projet politique, tout ce qu’elle voulait c’était mettre en place la tournante, autrement dit le non cumuls de mandats, mais leur demande n’était pas claire et je ne pense pas que ce soit la solution pour un pays qui souffre ».
« S’ils n’annulent pas les élections et que Azali est élu au premier tour, c’est une guerre civile qui nous attend », confie Mohamed Elhad. Bien que cela aurait pu être évité, l’opposition n’hésitera pas à se mobiliser et à faire le coup d’Etat annoncé. « Cela risque d’être le chaos s’ils donnent le résultat d’élections qui n’ont en réalité pas eu lieu ».
« L’idéal serait de rétablir de véritables élections avec la présence des autorités internationales comme l’ONU, mais ce ne sera pas le cas », confie-t-il, « la population comorienne en a marre ». Elle devrait être éclairée d’ici la fin de la semaine. « En général, la CENI -Commission électorale nationale indépendante- se prononce les vendredis, mais là elle a annoncé une réponse sous les 48h ». Selon les dernières nouvelles, « la CENI voudrait organiser une autre mise en scène électorale entre Azali et Mouigni Baraka au deuxième tour ».