« Dans cet esprit de Noël, ayons une petite pensée pour ces gens », c’est ainsi que Jean-Luc Amaravady, président de la fédération tamoule réunionnaise, commence cette conférence de presse organisée dans l’urgence.
À ses côtés sont assis les représentants du Secours catholique, du groupe de dialogue interreligieux, et d’Emmaüs mais également les porte-paroles du collectif de gilets jaunes « Tous unis pour La Réunion ».
Toutes ces associations travaillent depuis plusieurs jours à réunir des dons de nourriture, vêtement et produits de première nécessité, pour venir en aide à ces 62 Sri-lankais qui ont tout quitté à la recherche d’une vie meilleure. « Nous, associations, niveau alimentaire, nous avons fait notre travail, La Réunion a fait son travail, les Réunionnais savent le faire », explique avec fierté le président de la fédération tamoule, touché par l’élan de générosité dont fait preuve à nouveau la population réunionnaise.
Mais voilà, ces associations se retrouvent aujourd’hui à devoir gérer l’hébergement de ces personnes, et elles sont désarmées. Jusqu’à mercredi dernier, les Sri-lankais étaient placés en détention, sous surveillance policière à l’aéroport et dans des hôtels de Saint-Denis. La semaine dernière, le juge des libertés a levé leur interdiction d’aller et venir librement et les migrants doivent désormais se débrouiller pour trouver où dormir.
« C’est à l’Etat de prendre en charge ce montant »
Ceux qui ont pu enregistrer une demande d’asile sont placés sous la responsabilité de l’Etat en ce qui concerne le logement et uniquement le logement. Mais pour l’instant, seule une dizaine de demandes sont traitées par jour à la préfecture. Treize dossiers ont été reçus depuis mercredi, alors les associations ont travaillé à faire héberger dans des centres ceux qui attendent de pouvoir faire leur demande. 21 personnes sont notamment prises en charge par la Cimade.
Mais malgré tous leurs efforts, une trentaine de personnes n’ont toujours pas pu être placées. « Il faut trouver les moyens techniques de traiter toutes ces demandes d’ici mercredi 26 décembre, la situation est urgente, c’est pourquoi nous interpellons l’Etat aujourd’hui ».
La trentaine de personnes, toujours en attente, se trouvent actuellement à l’hôtel où elles avaient été placées en zone d’attente. L’hôtelier a présenté hier une facture de 5000 euros aux associations. « C’est à l’Etat de prendre en charge ce montant, si La Réunion était équipée, les dossiers seraient réglés depuis vendredi dernier, mais là, plus on attend, et plus la facture augmente », explique Jean-Luc Amaravady. Pour l’instant les bénévoles entretiennent de bonnes relations avec l’hôtelier qui continue d’héberger la trentaine de Sri-lankais mais cette situation ne saurait durer.
Malgré l’urgence de la situation, Solidarité Réunion prend le temps de mettre en lumière l’exceptionnelle générosité des Réunionnais dans cette affaire : « nous avons reçu de très nombreux dons et continuons d’en recevoir, au point que nous devons désormais mettre en place une organisation pour traiter efficacement les flux de vêtements et de nourriture ».
Idriss Issop-Banian, président du groupe de dialogue interreligieux rappelle que « ce n’est pas une situation nouvelle, nos ancêtres, d’où qu’ils viennent, sont tous descendus d’un bateau. La société réunionnaise a toujours su intégrer les nouveaux arrivants ».
Les gilets jaunes aux côtés des associations
Les gilets jaunes du collectif « Tous unis pour La Réunion » ont rencontré les migrants Sri-lankais devant la préfecture la semaine dernière. Une rencontre qui les a bouleversés. Alors le collectif s’est également mobilisé pour récolter vêtements et nourriture aux quatre coins de l’île.
Une opération qui leur a valu son lot de reproches de la part de certains : « on tient à rappeler qu’ils sont humains ces gens-là », explique Sergine, l’une des porte-paroles du collectif, « on nous reproche de nous occuper de personnes qui ne sont pas réunionnaises alors que les réunionnais sont déjà en galère, mais on ne peut pas fermer les yeux et faire comme s’ils n’existaient pas ! ».
Sergine précise que cette solidarité ne les empêche pas de continuer à travailler pour La Réunion dans le cadre des gilets jaunes, comme certains le craignent. Pour elles, ceux qui se laissent aller dans des commentaires racistes sur les réseaux sociaux, sont avant tout des personnes qui souffrent.
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Si vous souhaitez soutenir ces associations dans leurs actions auprès des migrants sri-lankais, vous pouvez les contacter par SMS uniquement au : 0692676623 ou par e-mail à migrants-srilankais@solidaritereunionnaise.re