
Zinfos a été le premier à révéler jeudi le passé sulfureux du père Jean-Marie Vincent et l’information a ensuite été reprise par la presque totalité des médias de l’île, à l’exception notable du Quotidien.
Le curé de la Source a choqué nombre de Réunionnais par son attitude désinvolte, s’apitoyant à la limite sur son sort, sur les "difficultés" qu’il a dû traverser, sans un seul mot de compassion pour ses victimes dont la vie a été brisée par ses agissements de pervers. Un peu comme si, pour lui, il suffisait d’aller à confesse, de réciter un "Notre Père" et trois "Je vous salue Marie" pour que la faute soit effacée. Ce même curé n’hésitant pas, alors qu’il avait été questionné par certains paroissiens (cela avait commencé à filtrer depuis quelques temps) à dire que ce n’était pas lui mais un autre père Jean-Marie Vincent. Il sont en effet trois prêtres à porter le même nom : celui que nous connaissons à la Source, le père Jean-Marie Vincent du diocèse de Paris, et le père Jean Marie Vincent, un prêtre haïtien assassiné en 1994 et considéré là bas comme un saint homme. Le père Jean-Marie Vincent de la Source n'a même pas même eu de respect pour ses propres confrères…
Pourtant le père Jean-Marie Vincent sait très bien que l’affaire n’est pas aussi simple qu’il voudrait le dire et que tout ne s’est pas brusquement arrêté au moment où il a reposé ses valises sur notre île.
Que dire par ailleurs de l’attitude de Mgr Gilbert Aubry ? Depuis l’article de Julien Delarue, il se mure dans le silence, refusant de donner la moindre explication sur sa décision d’accepter la mutation du père Jean-Marie Vincent à la Réunion. Et cela alors même qu’il était parfaitement au courant de sa condamnation à 5 ans de prison ferme en métropole pour des faits de pédophilie et de l’interdiction d’exercer en présence d’enfants, s’énervant même si la question lui est posée comme cela a été le cas à la fin de sa conférence d'hier.
La seule analyse du dossier des pères Michel Thual et Jacky Hoareau, qui ont récidivé au bout de plusieurs années, suffit à appréhender aujourd’hui le risque inhérent à la situation d’un curé "à problème", seul dans sa paroisse au milieu des enfants. Et à fortiori si ses "difficultés" étaient dissimulées aux yeux de tous.
Nous n’avons trouvé aucune étude sérieuse de spécialistes en la matière qui nous démontrent que la pédophilie se soigne. Pas de traitement médicamenteux, une prise en charge psychologique qui certes peut faire prendre conscience mais qui en aucun cas ne garantit l'absence de récidive à plus ou moins long terme.
"Pourquoi cela sort maintenant ?" Telle fut la seule réaction de Monseigneur Aubry lorsqu’il lui été demandé de réagir sur cette affaire. Comme le père Jean-Marie Vincent nous l’a indiqué lors de son interview du vendredi 8 février, Zinfos a été, comme lui, destinataire de deux mails émanant de la métropole nous indiquant son passé. Une ancienne victime, une mère ou un père en souffrance ? On ne le saura jamais. Internet a fait le reste, quelques clics suffisaient pour remonter le passé du père Jean-Marie Vincent en ligne dans les médias ayant traité le sujet en 2001, ainsi que sur certains blogs spécialisés contre la pédophilie.
Nous aurions aimé lui demander s’il était habituel, entre diocèses, de se rendre pareils services : "Je te prends ton curé à problème et en échange tu me prends le mien". En fait, la réponse, nous l’avons. Nous aurions simplement aimé que Monseigneur dise, pour une fois, la vérité publiquement.
Au cours de notre enquête sur le père Jean-Marie Vincent, de nombreux témoignages nous ont permis de découvrir que plusieurs prêtres ont dû quitter précipitamment la Réunion pour partir, qui vers des destinations ensoleillées, qui vers des climats beaucoup plus rudes, pour fuir des situations devenues délicates.
Le processus est à chaque fois identique : un parent, un conjoint ou un paroissien découvrent un fait répréhensible émanant d’un prêtre ou d’un diacre, ils rencontrent ou se mettent en relation avec les autorités du diocèse, garantes dans leur esprit de la probité de l’Eglise, pour les mettre au courant. On fait alors mine de découvrir le problème, quand bien même on en avait souvent été alerté depuis un certain temps déjà par différents réseaux. On les amadoue en leur demandant, dans l’intérêt de l’Eglise, de laisser ces problèmes "se régler" en interne. Devant le risque de scandale, devant la peur d'être pointés du doigt par la communauté des paroissiens, par les voisins, par la famille, le résultat est à chaque fois identique : les proches s’en remettent aux autorités de l’Eglise, ils ne déposent pas plainte et la personne incriminée est simplement déplacée à l’intérieur ou à l’extérieur du diocèse.
Là bas, le curé ou le diacre mis en cause va peut être continuer ses agissements, peut être les arrêter. Mais à la limite peu importe, puisqu'il est maintenant loin... Aux autres de gérer le problème...
Zinfos a eu quelques noms de prêtres ou de diacres ayant suivi ce processus. Nous les avons eus en grande partie grâce aux témoignages de nos lecteurs qui connaissent bien leur quartier. Les commentaires les désignant n’ont jamais été publiés mais nous y avons eu accès et nous n'avons plus eu qu'à faire notre travail de journalistes. Quelques recoupements encore à effectuer et Julien Delarue pourra passer au membre du clergé pédophile suivant.
Nous avons également le nom de quelques prêtres qui ne dorment pas souvent dans leur cure mais qui rentrent tous les soirs "chez eux" où les attendent leur compagne, et parfois même leurs enfants. Loin de nous l’idée de publier les noms de ces prêtres "mariés". Au contraire, ce sont eux dont on pourrait penser qu'ils sont dans la "normalité". Si tous les curés avaient la possibilité de faire comme eux, sans avoir à se cacher, je suis convaincu qu’il y aurait moins de prêtres pédophiles. Mais il y aurait alors un discours officiel à éclaircir et surement moins de leçons de morale à professer.
J'ai également conscience qu’une telle situation à géométrie variable jette aussi inévitablement l’opprobre sur les autres prêtres et diacres, qui s’efforcent de suivre au jour le jour les règles canoniques établies et tiennent humblement leur ministère. Je voudrais qu'ils soient assurés que les Réunionnais sont parfaitement capables de séparer le bon grain de l'ivraie et qu'il n'est pas question pour nous de mettre tout le monde dans le même panier. Peut être faudrait-il simplement qu'ils envisagent un jour de se désolidariser de ceux qui salissent leur vocation.
Ce que nous souhaiterions, c’est que Mgr Aubry se confesse publiquement. Qu’il reconnaisse qu’il n’a pas fait preuve de suffisamment de fermeté à l’encontre de tous ces curés ou diacres qui ont transgressé les règles, dont notamment les pédophiles qui ont sévi ces dernières années à la Réunion. Que même parfois, il a enfreint la loi en les soutirant à l’action de la justice en les envoyant loin, avec la complicité de certains de ses collègues évêques, dans l’attente de leur prochain retour. Qu’en contrepartie, il a peut-être lui-même dû accepter à la Réunion d’autres curés pédophiles exfiltrés de métropole.
Nul doute qu'il libèrerait ainsi sa conscience et qu'il ne s'en porterait que mieux.
Le curé de la Source a choqué nombre de Réunionnais par son attitude désinvolte, s’apitoyant à la limite sur son sort, sur les "difficultés" qu’il a dû traverser, sans un seul mot de compassion pour ses victimes dont la vie a été brisée par ses agissements de pervers. Un peu comme si, pour lui, il suffisait d’aller à confesse, de réciter un "Notre Père" et trois "Je vous salue Marie" pour que la faute soit effacée. Ce même curé n’hésitant pas, alors qu’il avait été questionné par certains paroissiens (cela avait commencé à filtrer depuis quelques temps) à dire que ce n’était pas lui mais un autre père Jean-Marie Vincent. Il sont en effet trois prêtres à porter le même nom : celui que nous connaissons à la Source, le père Jean-Marie Vincent du diocèse de Paris, et le père Jean Marie Vincent, un prêtre haïtien assassiné en 1994 et considéré là bas comme un saint homme. Le père Jean-Marie Vincent de la Source n'a même pas même eu de respect pour ses propres confrères…
Pourtant le père Jean-Marie Vincent sait très bien que l’affaire n’est pas aussi simple qu’il voudrait le dire et que tout ne s’est pas brusquement arrêté au moment où il a reposé ses valises sur notre île.
Que dire par ailleurs de l’attitude de Mgr Gilbert Aubry ? Depuis l’article de Julien Delarue, il se mure dans le silence, refusant de donner la moindre explication sur sa décision d’accepter la mutation du père Jean-Marie Vincent à la Réunion. Et cela alors même qu’il était parfaitement au courant de sa condamnation à 5 ans de prison ferme en métropole pour des faits de pédophilie et de l’interdiction d’exercer en présence d’enfants, s’énervant même si la question lui est posée comme cela a été le cas à la fin de sa conférence d'hier.
La seule analyse du dossier des pères Michel Thual et Jacky Hoareau, qui ont récidivé au bout de plusieurs années, suffit à appréhender aujourd’hui le risque inhérent à la situation d’un curé "à problème", seul dans sa paroisse au milieu des enfants. Et à fortiori si ses "difficultés" étaient dissimulées aux yeux de tous.
Nous n’avons trouvé aucune étude sérieuse de spécialistes en la matière qui nous démontrent que la pédophilie se soigne. Pas de traitement médicamenteux, une prise en charge psychologique qui certes peut faire prendre conscience mais qui en aucun cas ne garantit l'absence de récidive à plus ou moins long terme.
"Pourquoi cela sort maintenant ?" Telle fut la seule réaction de Monseigneur Aubry lorsqu’il lui été demandé de réagir sur cette affaire. Comme le père Jean-Marie Vincent nous l’a indiqué lors de son interview du vendredi 8 février, Zinfos a été, comme lui, destinataire de deux mails émanant de la métropole nous indiquant son passé. Une ancienne victime, une mère ou un père en souffrance ? On ne le saura jamais. Internet a fait le reste, quelques clics suffisaient pour remonter le passé du père Jean-Marie Vincent en ligne dans les médias ayant traité le sujet en 2001, ainsi que sur certains blogs spécialisés contre la pédophilie.
Nous aurions aimé lui demander s’il était habituel, entre diocèses, de se rendre pareils services : "Je te prends ton curé à problème et en échange tu me prends le mien". En fait, la réponse, nous l’avons. Nous aurions simplement aimé que Monseigneur dise, pour une fois, la vérité publiquement.
Au cours de notre enquête sur le père Jean-Marie Vincent, de nombreux témoignages nous ont permis de découvrir que plusieurs prêtres ont dû quitter précipitamment la Réunion pour partir, qui vers des destinations ensoleillées, qui vers des climats beaucoup plus rudes, pour fuir des situations devenues délicates.
Le processus est à chaque fois identique : un parent, un conjoint ou un paroissien découvrent un fait répréhensible émanant d’un prêtre ou d’un diacre, ils rencontrent ou se mettent en relation avec les autorités du diocèse, garantes dans leur esprit de la probité de l’Eglise, pour les mettre au courant. On fait alors mine de découvrir le problème, quand bien même on en avait souvent été alerté depuis un certain temps déjà par différents réseaux. On les amadoue en leur demandant, dans l’intérêt de l’Eglise, de laisser ces problèmes "se régler" en interne. Devant le risque de scandale, devant la peur d'être pointés du doigt par la communauté des paroissiens, par les voisins, par la famille, le résultat est à chaque fois identique : les proches s’en remettent aux autorités de l’Eglise, ils ne déposent pas plainte et la personne incriminée est simplement déplacée à l’intérieur ou à l’extérieur du diocèse.
Là bas, le curé ou le diacre mis en cause va peut être continuer ses agissements, peut être les arrêter. Mais à la limite peu importe, puisqu'il est maintenant loin... Aux autres de gérer le problème...
Zinfos a eu quelques noms de prêtres ou de diacres ayant suivi ce processus. Nous les avons eus en grande partie grâce aux témoignages de nos lecteurs qui connaissent bien leur quartier. Les commentaires les désignant n’ont jamais été publiés mais nous y avons eu accès et nous n'avons plus eu qu'à faire notre travail de journalistes. Quelques recoupements encore à effectuer et Julien Delarue pourra passer au membre du clergé pédophile suivant.
Nous avons également le nom de quelques prêtres qui ne dorment pas souvent dans leur cure mais qui rentrent tous les soirs "chez eux" où les attendent leur compagne, et parfois même leurs enfants. Loin de nous l’idée de publier les noms de ces prêtres "mariés". Au contraire, ce sont eux dont on pourrait penser qu'ils sont dans la "normalité". Si tous les curés avaient la possibilité de faire comme eux, sans avoir à se cacher, je suis convaincu qu’il y aurait moins de prêtres pédophiles. Mais il y aurait alors un discours officiel à éclaircir et surement moins de leçons de morale à professer.
J'ai également conscience qu’une telle situation à géométrie variable jette aussi inévitablement l’opprobre sur les autres prêtres et diacres, qui s’efforcent de suivre au jour le jour les règles canoniques établies et tiennent humblement leur ministère. Je voudrais qu'ils soient assurés que les Réunionnais sont parfaitement capables de séparer le bon grain de l'ivraie et qu'il n'est pas question pour nous de mettre tout le monde dans le même panier. Peut être faudrait-il simplement qu'ils envisagent un jour de se désolidariser de ceux qui salissent leur vocation.
Ce que nous souhaiterions, c’est que Mgr Aubry se confesse publiquement. Qu’il reconnaisse qu’il n’a pas fait preuve de suffisamment de fermeté à l’encontre de tous ces curés ou diacres qui ont transgressé les règles, dont notamment les pédophiles qui ont sévi ces dernières années à la Réunion. Que même parfois, il a enfreint la loi en les soutirant à l’action de la justice en les envoyant loin, avec la complicité de certains de ses collègues évêques, dans l’attente de leur prochain retour. Qu’en contrepartie, il a peut-être lui-même dû accepter à la Réunion d’autres curés pédophiles exfiltrés de métropole.
Nul doute qu'il libèrerait ainsi sa conscience et qu'il ne s'en porterait que mieux.