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Meurtre de Vanina : « Aucun regret, juste de la nostalgie »

​Le troisième jour du procès de Ridaï-Mdallah Mari pour assassinat était consacré, en première partie, à l’enquête de personnalité de l’accusé. En seconde partie, Me Fabrice Saubert, avocat des parties civiles, a déroulé sa plaidoirie. Ce procès se déroulera finalement sur quatre jours comme prévu initialement. Le délibéré est attendu ce vendredi dans la journée.

Ecrit par 1167938 – le vendredi 05 mai 2023 à 06H00

L’accusé fait état d’un casier judiciaire affichant 13 mentions. Alors qu’il est encore mineur, il est jugé pour des faits d’agression sexuelle en réunion. Lorsque l’avocate générale l’interroge sur l’agression sexuelle, l’accusé se fend d’un : « on a juste touché un peu les fesses et les seins« . La magistrate le remet immédiatement dans l’axe, lui rappelant qu’il s’agit bien d’une agression sexuelle. Plus tard, il sera jugé pour des faits de viol sur mineur de moins de 15 ans. Condamné pour ces faits et écroué alors qu’il est mineur, cette mention vaut pour la récidive criminelle. Cerise sur le gâteau, l’accusé est fiché « S » au moment des faits. 

Dès son plus jeune âge, il fait montre d’une certaine instabilité, entraînant impulsivité et violence. Alors qu’il est à l’école, il ne supporte pas que son professeur le punisse. Trouvant cela injuste, il rentre chez lui, se saisit d’un sabre et revient pour agresser l’enseignant. Il lui assène un coup de sabre avec le plat de la lame. Il a alors une douzaine d’années.

L’accusé aime à dire qu’il est un caïd à Mayotte, et se comporte en tant que tel. Sur les treize mentions à son casier, 11 sont en lien avec des faits de violence ou violence aggravée. En réponse aux interrogations de la cour sur son palmarès judiciaire, sa réponse est claire : « J’ai payé ma dette« . 

Dignes et respectueux depuis le début de ce procès

Juste avant la pause méridienne, la présidente a suspendu les débats en raison d’un incident d’audience. Deux membres de la famille de Vanina ont invectivé violemment l’accusé. Dignes et respectueux depuis le début de ce procès, on peut aisément comprendre qu’ils puissent s’emporter à force d’entendre le bourreau de Vanina se vanter d’être fier des actes. Et ce, pour la deuxième fois en un peu plus d’un an. (cf : le premier procès en février 2022)

« Aucun regret, juste de la nostalgie ». C’est par cette phrase lourde de sens en référence à Amin Dada, dictateur sanguinaire, que Me Fabrice Saubert débute sa plaidoirie. Ces mots, ce sont bien sûr ceux prononcés par l’accusé dès la garde à vue, que la robe noire reprend. Pour appuyer son propos, il note qu’elle émane d’un ouvrage écrit par un journaliste sur plusieurs dictateurs dont Amin Dada : « Rencontre avec le diable ». La robe noire poursuit : « Cette phrase est importante, car à elle seule, elle résume toute cette affaire. Elle désigne sa culpabilité ! ». Me Saubert lit ensuite la retranscription de l’appel à la gendarmerie après le meurtre : « Il leur dit qu’il a tué sa copine parce qu’elle voulait le quitter. Il s’agit bien d’un crime passionnel et non d’un geste de folie« . 

« Il se plaint d’être passé à côté de sa vie, mais Vanina, elle, a perdu la sienne »

La robe noire poursuit : « On a l’impression que l’abomination des faits a fait pencher la balance vers l’abolition mais trois spécialistes ont conclu à l’altération de son discernement. En réalité, la violence est en lui. S’il était malade mental, les experts l’auraient vu« .

La partie civile enchaîne ensuite sur un hommage touchant à Vanina et sa famille, insistant sur un fait. « Pendant trois jours, on a essentiellement parlé de lui. Il se plaint d’être passé à côté de sa vie, mais Vanina, elle, a perdu la sienne. Chaque être humain a une vie, Vanina avait une chance de vivre, mais il est passé par là et ça n’a duré que 19 ans. Sa famille souffre et d’elle, on ne parle pas« . Montrant une photo d’elle aux jurés, Me Saubert conclut : « La principale absente, celle qui ne reviendra jamais, c’est Vanina« .

Il convient de préciser que la présidente a fait inscrire en plus aux questions posées aux jurés, si oui ou non, il fallait retenir l’atténuation de la peine. Autrement dit, même en cas d’altération retenue, les jurés peuvent condamner l’accusé à la réclusion criminelle à perpétuité. Pour rappel, il a écopé de 30 ans en première instance, car l’altération avait été reconnue. L’accusé sera fixé ce vendredi sur son sort. 

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