Revenir à la rubrique : Faits divers

Meurtre de Jocelyne Bègue : « Vous l’avez laissée crever comme un chien »

Le procès en appel d'Alain Payet pour meurtre a trouvé son épilogue. De la perpétuité, il repart avec 30 ans de réclusion criminelle sans période de sureté. Pour autant, il convient de souligner que l'essentiel n'était pas la peine, qui sans aucun doute allait être très lourde, mais que la justice a été rendue avec justesse à la cour d'assises de La Réunion.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 29 mai 2020 à 15H06

Revenons un instant sur personnalité de l’accusé. [Il écope de la réclusion criminelle à perpétuité le 4 juin 2018]urlblank:https://www.zinfos974.com/Apres-avoir-pris-perpetuite-Alain-Payet-juge-en-appel-aux-assises_a155204.html sans avoir prononcé un mot, faisant droit au silence. Il n’aura de cesse de ne pas aider la justice, préférant l’entraver, refusant systématiquement les enquêtes de personnalités, les reconstitutions ou encore, les expertises psychiatriques. Comme le répète cet ancien policier : « Je connais la musique ». Clamant haut et fort la thèse de l’accident, il fait appel de la décision. 

Toujours avec autant d’aplomb, [il n’hésite pas, à l’ouverture de son procès en appel]urlblank:https://www.zinfos974.com/Meurtre-de-Jocelyne-Begue-Alain-Payet-sort-du-silence_a155255.html , à récuser son avocat. Même pour les criminels, la justice est bien faite. La présence d’un avocat est obligatoire, il sera donc défendu comme tout un chacun. Une simple question-réponse peut résumer les débats : « Pourquoi ? Parce que ! ». Parti sur les mêmes bases que le précédent, ce procès promettait d’être long. C’est le témoignage du chef de poste du commissariat du Port le jour des faits qui va faire basculer les débats.

« J’ai tué ma femme à coups de couteau »

Il répète à la barre, retranscription à l’appui, ce qu’Alain Payet a dit lors de son appel au 17 : « J’ai tué ma femme à coups de couteau ». À partir de ce moment, la présidente Bellouard-Zand instaure finement un dialogue avec l’accusé qui s’agace des propos du policier. S’il n’explique ni comment ni pourquoi, Alain Payet explique avoir fait appel, car il a, dit-il, « une dernière carte à jouer ». Il faudra cependant attendre le deuxième et dernier jour de procès pour enfin comprendre. À défaut de reconnaître son meurtre, il reconnaît lors d’un échange avec l’avocate générale avoir violé les deux filles de son ex-compagne. 

Quelques instants plus tard, il reconnaît également avoir fait des avances à la soeur de la victime. Surtout, il reconnaît enfin avoir procédé à des attouchements sur la fille de celle-ci. Maigre consolation, mais quel soulagement pour ces femmes qui vont enfin être reconnue dans leur statut de victimes. Son jeu tombe enfin. En reconnaissant ces actes de viols, il pense faire croire que la thèse accidentelle pour le meurtre de Jocelyne Bègue est une vérité. Un peu léger compte tenu des deux plaies d’une profondeur de 6 et 10 cm. Il ressort finalement de ces deux jours de procès que l’accusé est sans doute un être complexe, pervers et calculateur. Il apparaît également à travers ses propos, un être cynique, dénué de tout remord. 

« Il l’a déshumanisée par ses actes et sa volonté de la priver de tout »

Me Jean-Jacques Morel, avocat des parties civiles, résume parfaitement le personnage lors de sa plaidoirie qui fait montre de beaucoup sincérité et de justesse : « Il l’a déshumanisée par ses actes et sa volonté de la priver de tout. Elle ne doit avoir aucun contact avec l’extérieur à part sa famille. Il y a deux coups, la thèse de l’accident est bannie du dossier. Il revendique même ce geste : C’est bon, elle a fait bon voyage ? Pourquoi il l’a tuée ? on ne connaît pas le mobile.

Il ment comme un arracheur de dents, il ne reste donc personne pour dire ce qu’il s’est passé ce jour-là ! Elle en a marre, elle veut le quitter et partir, il a découvert le pot aux roses. Ce voyage représente beaucoup pour elle et ses premiers mots à la police sont : C’est bon, elle a fait bon voyage ? On ne tue pas impunément, il laisse derrière lui un champ de ruine ! » . L’avocate générale prend ensuite la parole pour ses réquisitions : « C’est bon, elle a fait bon voyage ? Mais qui est Alain Payet pour faire preuve de cynisme alors qu’il a ôté la vie à celle qui a tout accepté de lui pendant 20 ans !

« Elle me faisait chier, elle était tout le temps sur Facebook »

« Elle me faisait chier, elle était tout le temps sur Facebook » est la seule explication que vous aurez après 4 ans de procédure. Ne pas parler pour ne pas être confronté à ses propres mensonges, telle est sa stratégie ! « Je refuse de répondre, car cette affaire a été médiatisée, je mérite la perpétuité », disait-il lors de l’instruction. Le médecin légiste est formel, ça ne peut pas être un accident. C’est un geste sans retenue. Vous devez la vérité aux victimes et on l’attend encore ! Vous l’avez laissée crever comme un chien ! Vous êtes un meurtrier, un violeur ! Je vous demande la réclusion criminelle à perpétuité ». 

Les débats touchent à leur fin, Me Nicolas Normand s’apprête à plaider pour la défense d’Alain Payet. Le seul mot qu’ils ont échangé est « bonjour ». Alain Payet ne veut pas être défendu ni par lui ni par personne. Pourtant, Me Normand a joué une brillante partition faisant honneur au serment des avocats, à l’esprit de ce qu’est la justice : « Mauvais homme, mauvais mari, mauvais père. Je vais être franc avec vous, je ne m’attendais pas à ce que l’avocate générale demande la perpétuité. Ce n’est pas rien la perpétuité ! Heureusement pour lui que la peine de mort n’existe plus ! Il a bousillé la vie de gamines, mais il a reconnu enfin.

« Il n’y a aucun doute sur le fait que ce soit un crime, personne ne peut en douter »

Si on parlait entre nous, on pourrait se dire : Il est bizarre ce type ! Mais là, il s’agit de la justice ! Vous l’avez bien vu, j’ai été désigné alors qu’il ne veut pas de moi. Il n’y a aucun doute sur le fait que ce soit un crime, personne ne peut en douter. Mais comment cela s’est-il passé, personne ne le sait ! L’histoire de la valise – Jocelyne Bègue avait demandé à sa soeur de lui amener une valise le jour du meurtre – ce n’est pas anodin ! N’oubliez pas qu’il vit chez elle, il n’a rien. Et là, elle va partir de chez elle ! Il a une pulsion montante, mais pas une préméditation. Il n’assume pas aujourd’hui, il le fera peut-être dans 10 ans comme il a fait aujourd’hui pour les viols qu’il a commis. 

Sa fille l’a rappelé, il n’y a jamais eu de violences physiques ! S’il y en avait eu, on lui mettait quoi comme peine ? C’est un type qui a raté sa vie, au moins, il est comme il est. Si on veut être efficace, 30 ans de prison sont plus sûrs que la perpétuité ! La peine incompressible des deux tiers sur une peine de 30 ans c’est 20 ans alors que la peine incompressible est de 18 ans pour la perpétuité ! Ne vous y trompez pas, je n’ai aucune affection pour lui, ce qui m’intéresse, c’est le sort de la justice, c’est ce qu’il va se décider dans cette salle ! C’est compliqué, vous avez une responsabilité forte », conclut Me normand qui ajoutera : « S’il a un peu de chance il mourra dans son lit, mais sa seule adresse, c’est la prison »

Après une longue délibération, la cour d’assises de La Réunion condamne Alain Payet, 69 ans, à la peine de 30 ans de réclusion criminelle et retire ses droits civiques et civils pour une période de 10 ans.

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Soupçons d’emplois illégaux à la Région : « La fin ne saurait justifier les moyens »

La procureure de la République Véronique Denizot a demandé la condamnation des 11 prévenus de l’affaire des emplois présumés illégaux de la Région, ce jeudi lors de la quatrième journée du procès, une peine de 5 ans d’inéligibilité étant notamment requise pour l’ancien président Didier Robert, visé pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds . L’actuelle mandature de la Région, partie civile du procès, a demandé un préjudice à hauteur de 1,5 million correspondant à la somme des salaires versés aux huit conseillers techniques poursuivis pour recel.

Soupçons d’emplois illégaux à la Région : « Nous étions des facilitateurs »

Au troisième jour du procès sur les emplois présumés fictifs à la Région sous les mandats de Didier Robert, six prévenus ont témoigné, affirmant leur engagement et leur innocence. Yves Ferrières, Sabrina Ramin, Yannick Gironcel, Jean-Charles Maroudé, Ravy Vellayoudom, et Yoland Velleyen ont décrit leurs rôles sans pour certains fournir cependant des détails concrets sur leurs missions. Le procès continue aujourd’hui avec les dépositions attendues de Vincent Bègue et Didier Robert et les réquisitions du parquet qui permettront sans doute d’en savoir plus sur ce qu’a révélé l’enquête menée par les policiers parisiens.

Un incendie se déclare dans un immeuble SIDR à Saint-Denis

Ce mercredi peu avant 19 heures, un appartement situé au 1er étage de la résidence SIDR Camp Jacquot situé à l’angle de la rue Camp Jacquot et général de Gaulle à Saint-Denis a pris feu. Les sapeurs pompiers ont déployé la grande échelle pour accéder à l’appartement en proie aux flammes. Fort heureusement, il n’y a pas de blessés à déplorer. Par mesure de précaution, l’ensemble de l’immeuble a été évacué.