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Même un monstre peut s’amender… mais y’a encore du boulot

Audience de correctionnelle au tribunal de Champ fleuri ce vendredi 27 août 2021.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 27 août 2021 à 13H16

Il y a en chaque individu, même le plus repoussant des indignes, une étincelle d’humanité qui permet de ne pas sombrer définitivement dans un pessimisme absolu. De croire que tout n’est pas forcément voué à l’Enfer que décrivait si bien Dante. C’est, il me semble, ce qui s’est passé pour S.B. qui, au début de l’audience, semblait ne pas valoir la corde pour la pendre…

On parle souvent de pères ou de mères indignes. Et, indigne, cette forte femme de 40 ans l’a été à plus d’un titre. Elle a passé plus de 10 ans à battre ses trois filles comme plâtre ! Pour l’une de ces malheureuses, le calvaire a débuté alors qu’elle atteignait à peine l’âge de quatre ans.

Il faudrait un Prévert…

La longue liste des souffrances et autres « innommabilités » infligées aux innocentes victimes fait frémir. Car lorsqu’elle avait bu, S.B. était totalement incapable de contrôler ses fureurs et autres insanités. Et pour ce qui est de boire, elle y allait avec une bonne volonté qui laisse pantois.

Alcoolisée tous les jours (au rhum charrette si j’ai bien compris), cette femme devenait le tyran qu’elle n’était jamais à jeun. Très vite, la peur s’est installée dans ce foyer, modeste certes, mais pas plus que tous les foyers subsistant du RSA, RMI et autres aumônes étatiques.

Gifles, coups de savates, coups de ceintures, cheveux tirés « à l’arraché » ; ça n’a l’air de rien mais il n’est pas besoin d’une batte de base ball ou d’un chabouk pour infliger de lancinantes douleurs. Plusieurs fois, les gamines ont obtenu des certificats médicaux prescrivant des ITT supérieures à 8 jours, ce qui n’est pas rien. Et s’il n’y avait que les coups… C’est oublier que la souffrance morale doit être tout aussi destructrice, quand des enfants constatent que celle qui devrait les protéger les martyrise et, en fin de compte, ne les aime pas.

Le pire n’a pas encore été dit…

Quand la grand-mère s’en mêle

Le (ou les) père des enfants a depuis longtemps déserté le foyer conjugal. La maman n’a eu de cesse alors que de se trouver un nouveau compagnon.

Nous avons dit que lorsqu’elle était imbibée, S.B. voyait se lever toutes ses inhibitions. Dans ces cas-là, c’est-à-dire à peu près chaque jour que Dieu fait, elle et lui visionnaient une ou deux cassettes porno en « oubliant » d’envoyer les enfants au lit.

Puis, sans doute émoustillé par ces performances cinématographiques, le couple s’abandonnait à des « performances » sexuelles, porte de la chambre grande ouverte, à fond les décibels.

Âgée d’environ treize ans, la plus grande des gamines se réfugie chez sa grand-mère. Elle pense sans doute échapper aux coups ; tu parles. Même lorsqu’elle ne passe qu’un petit moment chez sa mère, histoire de serrer ses deux soeurs dans ses bras, elle reçoit sa juste part de coups en tous genres.

C’est la grand-mère des mômes qui va porter les faits devant les gendarmes de Sainte-Suzanne. Inexorable (heureusement), la Justice se met en branle. Lorsque les enquêteurs sonnent à la porte, la maman est à poil et totalement saoule. Son copain aussi mais il faut dire à la décharge de ce dernier qu’il n’a jamais levé la main sur les enfants. Tout au plus pourrait-on lui reprocher une non-assistance à enfants en danger mais ceci n’a jamais été évoqué. Elle prétend empêcher les gendarmes de franchir le seuil de sa demeure. Ils passent outre et, dans une chambre fermée à clef, trouvent deux gamines en pleurs.

Ça a fait « tilt »

A entendre l’énumération des faits, on se dit qu’un tel monstre ne mérite aucune indulgence. Moi-même, avant le début de l’audience, je m’étais dit : « Celle-là, je vais te la casser… ». Comme la plupart des gens normalement constitués, je suis contre toute violence que ce soit ; sauf en cas de légitime défense, cela va de soi. Que l’on s’en prenne à des innocents sans défense, non, ça ne passe pas : pas de pardon !
Et pourtant, il a suffit de peu pour changer la donne.

On a vu ce monstre sans foi ni loi arriver à la barre et commencer à répondre aux questions pointues de la Présidente Meunier-Lemas (non, elle n’habite pas à Fontvielle… ouaf !) et puis, très vite, fondre en larmes…
Et l’on sentait bien que ce n’était pas du chiqué, pas du cinéma.

Si, durant la garde à vue du couple, tous les faits ont été confirmés par le copain ; si S.B. a tenté de minimiser ce qu’on lui reprochait ; si les enfants ont été confiées à leur grand-mère ; si les services sociaux départementaux y ont mis le holà avec des mesures d’éloignement ; depuis lors, S.B. a accompli un énorme travail sur elle-même.

Elle a subitement pris conscience de sa monstruosité qui, dix ans durant, a fait vivre l’enfer à ses filles. Aidée en cela par son copain, un des rares à ne pas l’abandonner à son sort.

Elle le reconnaît d’ailleurs à l’audience : « Sans lui, je ne m’en serais jamais sortie ! » Sans lui certes, mais aussi sans sa propre maman, sans le Juge des affaires familiales, sans les assistantes sociales. Elle a sollicité toutes les aides possibles, les a obtenues et, depuis trois ans, ne touche plus une goutte d’alcool. Confite dans sa macération coupable, elle se demande juste maintenant comment se faire pardonner par ses filles et comment les revoir.

Un total manque d’empathie

Les gamines, pour l’heure, ne veulent pas rencontrer leur génitrice. On n’efface pas dix ans de bagne d’un trait de plume.

« J’ai une bonne maman, un bon ami, un bon réseau social, et surtout de bons enfants. C’est l’alcoolisation qui m’a détruite, dit-elle la voix enrouée. J’ai enfin trouvé un emploi d’aide familiale, en CDI, auprès de personnes âgées. Je remercie l’administration qui m’a aidée à redevenir normale ».

Son bulletin judiciaire est vierge et la fin de son addiction est confirmée. On attendait les plaidoiries. La première, très surprenante, fut celle de l’avocate de l’ARAJUFA. Si le rôle de cette association est irremplaçable concernant la défense des familles désargentées, on a été surpris du total manque d’empathie chez son avocate que je ne nommerai pas par pure charité chrétienne. Une avocate allant jusqu’à dire que l’accusée continuait de minimiser les faits alors que justement, deux minutes plus tôt, elle venait de tout reconnaître à la barre. Et où étaient les enfants, dans ce réquisitoire avant l’heure ?

La Procureure Prudhomme elle-même fut moins acharnée, reconnaissant qu’il fallait admettre les efforts de l’accusée pour se reconstruire… « même sil y a encore du boulot ». Car même si l’accusée a manifestement évolué, dix ans de galère ne disparaissent pas d’un coup. Et madame Prudhomme de réclamer 15 mois avec sursis, l’obligation de soins (déjà en cours) et l’indemnisation des victimes.

Me Malet, pour l’accusée, a été bref mais net. Précisant qu’au vu des efforts de l’accusée, l’éducatrice sociale en charge du dossier a déjà demandé au JAF (juge des affaires familiales) un assouplissement des mesures d’éloignement « puisque les choses vont dans le bon sens. A vous de l’encourager dans ses efforts ».

Pour certains faits, S.B. a bénéficié d’une relaxe partielle. Pour le reste, 12 mois avec sursis, obligation de soins, de travailler et d’indemniser les victimes. C’est l’avocate de l’Arajufa qui était contente : elle a obtenu ses 9.000 euros.

(P.S. A propos de Fontvielle, ça ne vous dit rien, le meunier, le moulin, le mas de Provence ? Oui, je sais, je sais, mais il fallait bien que je me laisse aller parce que trop de désespoir i relâche, comme dit gramoune).

 

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