

"Les médecins ne seront pas les payeurs"
A l'heure actuelle, le rapport de force ne bascule pas totalement en défaveur des généralistes. Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, a affirmé le 9 mai dernier que "les médecins ne seront pas les payeurs" dans l’indemnisation des victimes du Mediator. "Ce ne sont pas les médecins qui ont produit le Mediator. Ce ne sont même pas les médecins qui étaient chargés de la police du médicament", a expliqué le ministre. Mais ces propos avaient été tenus avant la mise en cause directe, par voie judiciaire, des médecins eux-mêmes.
"Pour le moment, nous sommes sûrs du détournement du médicament par un médecin exerçant à la Réunion", affirmait lundi dernier Me Alain Antoine. Un point de vue que devrait suivre l'ONIAM, l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux, en charge du fonds d'indemnisation des victimes du Mediator mais aussi et surtout garant de la juste part de responsabilité de l'Afssaps et donc de l'Etat dans ce scandale sanitaire.
Pas un cas isolé
Le changement de paradigme est évident. Les laboratoires Servier seraient mis en cause uniquement pour le fait d'avoir produit un médicament s'avérant dangereux pour la santé dans certains cas, l'Afssaps, le gendarme de mise sur le marché des médicaments, le serait sur son manque de contrôle. Reste le dernier et tout aussi légitime aspect : celui de la prescription du Mediator comme coupe-faim.
Dans ce dernier cas, seul le médecin possède le pouvoir, en dernier ressort, de formuler une prescription au-delà des indications médicamenteuses. C'est sur ce point que l'avocat saint-paulois compte s'appuyer pour défendre ses clients. Et le cas isolé d'un seul médecin semble déjà n'être qu'un prémisse de ce qui devrait suivre, une fois toutes les victimes recensées. "Je suis sûr que cette action (judiciaire, ndlr) interpellera d'autres victimes", ajoute l'avocat.