L’avocat de Thierry et Pierrick Robert est-il allé trop loin ? Le procureur de la République de Saint-Pierre a saisi le procureur général pour qu’une enquête déontologique soit menée par l’ordre des avocats.
Pour comprendre l’agacement du parquet de Saint-Pierre, il faut remonter le fil des publications du médiatique avocat sur les réseaux sociaux et par voie de presse.
Parmi ses griefs, le procureur Laurent Zuchowicz commence par signaler une première entorse déontologique dont aurait fait preuve l’avocat du maire de Saint-Leu. « Le 30 août, il prête une intention malveillante au parquet de Saint-Pierre à l’encontre de son client Thierry Robert. Il se permet de qualifier les poursuites engagées comme étant « une immixtion aussi massive que fautive du parquet de Saint-Pierre dans le processus électoral à La Réunion : un vrai dérapage démocratique » », cite le procureur.
Le 31 août cette fois, « sur son compte Twitter, accessible publiquement » fait remarquer le procureur, l’avocat n’a pas manqué d’imager ce qu’il pensait du parquet sudiste. « Le vice-procureur Thévenot de Saint-Pierre veut me couper la tête », écrit l’avocat sur le réseau social.
Plus récemment, les 22 et 23 octobre, il diffuse ce que le procureur qualifie de « propos injurieux » nommément dirigés contre sa personne. « M. le procureur de Saint-Pierre qui n’est indépendant et impartial que sur le papier de la constitution qu’en définitive il conchie avec obéissance. J’aime la Réunion savates 2 doigts pour marcher sur le parquet…en fait je parlais du Procureur », tape sur son clavier Me Philippe Creissen.
Le procureur s’estime « mis en cause dans son intégrité morale »
S’en est trop. Le procureur Zuchowicz défend sa demande d’enquête déontologique sur le fondement de l’arrêt du 4 mai 2012 de la Cour de cassation qui n’autorise en définitive l’avocat qu’à pouvoir « critiquer l’institution » mais sans diriger ses propos nommément. Laurent Zuchowicz s’estime « mis en cause dans son intégrité morale ».
Le mis en cause, quant à lui, se défend sur plusieurs points, tant sur la forme que sur le fond, auprès de l’ordre des avocats (voir l’intégralité de ses observations en pièce jointe).
« Je relève que sont évoquées des allégations de manquements déontologiques antérieurs à la présente procédure disciplinaire », écrit Me Philippe Creissen. « En deuxième lieu, je relève que le procureur de Saint-Pierre fait état dans sa plainte à mon encontre d’une procédure dont il n’est plus saisi contrairement à ses allégations tout à fait erronées », poursuit-il, en défendant sa ligne de conduite devant madame le bâtonnier de l’ordre des avocats, Maître Léopoldine Settama.
Sur le communiqué du 30 août 2013 enfin, Me Philippe Creissen fait ressortir que les imputations retenues à son encontre sont « présentées de façon tronquée ». L’avocat se permet de « contextualiser » ses propos repris dans la presse à l’époque.
Ses premières observations en défense lui éviteront-il les foudres de ses pairs ?
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L’intégralité de la défense de Me Philippe Creissen :