L’annonce légale a été publiée le 31 décembre dernier dans Le Quotidien. L’idéal pour passer inaperçu. Il a fallu l’oeil acéré de François Gillet, un ancien du Quotidien, qui tient un blog intitulé [lepiratedelareunion.net]urlblank:http://www.lepiratedelareunion.net/Le-Quotidien-le-capitaine-quitte-le-navire_a1079.html , pour que l’info sorte : Maximin Chane Ki Chune, le fondateur en 1976 du journal Le Quotidien, a passé la main à sa fille Carole à la tête du journal depuis le 1er janvier.
Le 4 janvier, en toute discrétion, l’Ours (la mention légale obligatoire dans tout journal écrit dans lequel on trouve le nom du directeur de publication, du rédacteur en chef, des principaux actionnaires…) remplace le nom de Maximin Chane Ki Chune comme directeur de publication par celui d’une société, la SIROB.
Il s’agit en fait d’une SAS (Société par actions simplifiée), qui compte comme actionnaires outre Maximin Chane Ki Chune et sa femme, leurs enfants. La société est structurée comme une SA (société anonyme) par un directoire et un conseil de surveillance. Maximin Chane Ki Chune conserve le poste de président du conseil de surveillance, mais passe la main à la présidence du directoire, qui est en fait le véritable patron de la société au quotidien (sans jeu de mot…), à sa fille Carole Chane Ki Chune.
C’est une page de la presse à la Réunion qui se tourne. Après le rachat il y a un peu moins de deux ans du JIR par Abdoul Cadjee, c’est une autre figure de la profession qui quitte le devant de la scène.
Maximin Chane Ki Chune avait créé Le Quotidien en 1976. L’aventure avait failli tourner court, le journal ayant été placé en liquidation judiciaire quelques mois après sa création, l’équipe dirigeante ayant dépensé sans compter. Ce sont les journalistes qui ont alors occupé le journal et qui en ont assuré la parution, grâce aux dons des Réunionnais. Le journal était alors auto-géré et toutes les décisions importantes se prenaient en assemblées générales de la rédaction. C’est ainsi que les journalistes élisaient leur rédacteur en chef, et qu’ils ont un jour été amenés à voter le retour de Maximin Chane Ki Chune à la tête du journal, le jugement de liquidation judiciaire lui ayant interdit de mettre les pieds dans son entreprise…
Le Quotidien s’est dès le départ présenté comme un journal apolitique. Dans la pratique, son positionnement anti-JIR, qui était à l’époque un soutien inconditionnel de la droite locale, l’a amené de fait à se positionner à gauche. Pour preuve, un vote informel à la veille des dernières présidentielles au sein de la rédaction a donné un résultat à presque 100% en faveur de Ségolène Royal…
Reste à savoir maintenant comment Carole Chane Ki Chune compte manager le journal. Le Quotidien s’est fortement diversifié dans différents secteurs (immobilier avec Les Bâtisseurs de Bourbon, BTP, travail temporaire, radios, etc…) qui ont tous en commun de subir de plein fouet la crise. Le journal Le Quotidien lui même, qui était la vache à lait du groupe, a vu ses recettes chuter fortement. Et pour le première fois depuis fort longtemps selon certaines sources, le JIR est récemment passé devant Le Quotidien en terme de ventes. De peu, mais suffisamment pour que ce soit relevé.
Des spécialistes du secteur prédisent un nécessaire rapprochement entre les deux journaux, JIR et Quotidien. Les plus optimistes voient les deux journaux continuer à sortir, avec deux rédactions indépendantes mais réduites, et toutes l’administration, l’impression sur les rotatives et la distribution regroupées dans une société commune. Et les plus pessimistes voient le rachat d’un des deux quotidiens par l’autre, voire même la disparition pure et simple de l’un des deux.
Les ventes baissent régulièrement au Quotidien et sont tout juste maintenues au JIR, pour partie du fait de la montée en puissance des sites gratuits d’information en ligne comme Zinfos, les recettes publicitaires sont en chute libre… Carole Chane Ki Chune n’a pas choisi le meilleur moment pour prendre la tête du groupe Le Quotidien !