
Le constat est préoccupant. Les prix des matériaux de construction sont plus élevés de 39 % à la Réunion - et de 35 % à Mayotte - par rapport à la métropole. C'est ce qu'il ressort d'un avis de l'autorité de la concurrence, saisie à la suite d'une proposition des députés Ericka Bareigts et Daniel Fasquelle de décembre 2015. La différence de prix est bien plus importante que celle constatée pour le niveau général des prix, de + 7 %.
"Ces prix élevés ont un impact économique important dans la mesure où les matériaux de construction représentent près du tiers du coût de la construction d'un logement dans ces territoires", note l'autorité administrative, qui souligne qu'"en réduisant leur niveau à celui de la métropole, ce coût baisserait donc de 12 % en moyenne". Une question perçue comme "cruciale" dans un contexte de crise du logement et d'accroissement démographique.
Situation d'oligopole
Particulièrement importants, ces écarts sont expliqués d'une part par la petite taille des marchés et leur éloignement des principales sources d'approvisionnement, qui sont des obstacles naturels à l'obtention de prix comparables à ceux observés en métropole, mais aussi par le transport, les difficultés de stockage, la réglementation applicable à la construction et le degré élevé de concentration de certains marchés.
"Il ressort de l’instruction que La Réunion se caractérise par une situation d’oligopole* restreint dans les circuits d’approvisionnement et de distribution des matériaux. Cette structure de marché, ainsi que le coût de certification des matériaux, explique en partie les surcoûts constatés", est-il indiqué. "On constate non seulement la présence de quelques grands groupes (Colas, Lafarge, Holcim, Ravate, Fibres, Piveteau) dans les principales filières de la construction et sur l’ensemble de la chaîne de valeur". Une telle situation présente "des risques concurrentiels", dans la mesure où "ces groupes intégrés verticalement sont à la fois fournisseurs et concurrents des autres détaillants de ces territoires".
Des enquêtes régulières
Pour revenir à une situation plus acceptable, l'autorité de la concurrence formule plusieurs recommandations : d'abord, "simplifier la normalisation et la certification" (en adaptant les normes aux contraintes locales et en facilitant la certification par équivalence et la certification sur place) ; ensuite "agir sur la structure du marché" (en faisant entrer de nouveaux acteurs et en renforçant les petits opérateurs, en mutualisant les espaces de stockage et d'achat de matériaux, en mettant en place une filière d'importation directe de ciment depuis l'île Maurice et en favorisant le développement des filières locales de matériaux) ; enfin "favoriser une meilleure information sur la formation des prix" (en améliorant la transparence sur les coûts et les prix et en développant l'information statistique). Mais aussi des enquêtes régulières sur ce secteur, par le renforcement des pouvoirs des OPMR (observatoires des prix, des marges et des revenus).
"Les pouvoirs publics doivent améliorer leur connaissance des marchés (...) La publication des comptes des sociétés, obligation du code de commerce encore trop souvent ignorée en Outre-mer, reste donc une priorité", conclut l'autorité, qui estime que "les services de l’État devraient être beaucoup plus volontaristes sur cette question, afin de disposer d’autres sources d’information que celles de ses services fiscaux".
Au-delà du seul secteur des matériaux, l’Autorité est prochainement appelée à poursuivre son analyse du fonctionnement des marchés ultramarins dans le cadre de la récente saisine transversale du Gouvernement sur cette question.
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Le texte intégrale de l'avis : www.autoritedelaconcurrence.fr
* Oligopole : lorsqu'il le marché connaît un faible nombre d'offreurs (vendeurs) et un nombre important de demandeurs (clients)
"Ces prix élevés ont un impact économique important dans la mesure où les matériaux de construction représentent près du tiers du coût de la construction d'un logement dans ces territoires", note l'autorité administrative, qui souligne qu'"en réduisant leur niveau à celui de la métropole, ce coût baisserait donc de 12 % en moyenne". Une question perçue comme "cruciale" dans un contexte de crise du logement et d'accroissement démographique.
Situation d'oligopole
Particulièrement importants, ces écarts sont expliqués d'une part par la petite taille des marchés et leur éloignement des principales sources d'approvisionnement, qui sont des obstacles naturels à l'obtention de prix comparables à ceux observés en métropole, mais aussi par le transport, les difficultés de stockage, la réglementation applicable à la construction et le degré élevé de concentration de certains marchés.
"Il ressort de l’instruction que La Réunion se caractérise par une situation d’oligopole* restreint dans les circuits d’approvisionnement et de distribution des matériaux. Cette structure de marché, ainsi que le coût de certification des matériaux, explique en partie les surcoûts constatés", est-il indiqué. "On constate non seulement la présence de quelques grands groupes (Colas, Lafarge, Holcim, Ravate, Fibres, Piveteau) dans les principales filières de la construction et sur l’ensemble de la chaîne de valeur". Une telle situation présente "des risques concurrentiels", dans la mesure où "ces groupes intégrés verticalement sont à la fois fournisseurs et concurrents des autres détaillants de ces territoires".
Des enquêtes régulières
Pour revenir à une situation plus acceptable, l'autorité de la concurrence formule plusieurs recommandations : d'abord, "simplifier la normalisation et la certification" (en adaptant les normes aux contraintes locales et en facilitant la certification par équivalence et la certification sur place) ; ensuite "agir sur la structure du marché" (en faisant entrer de nouveaux acteurs et en renforçant les petits opérateurs, en mutualisant les espaces de stockage et d'achat de matériaux, en mettant en place une filière d'importation directe de ciment depuis l'île Maurice et en favorisant le développement des filières locales de matériaux) ; enfin "favoriser une meilleure information sur la formation des prix" (en améliorant la transparence sur les coûts et les prix et en développant l'information statistique). Mais aussi des enquêtes régulières sur ce secteur, par le renforcement des pouvoirs des OPMR (observatoires des prix, des marges et des revenus).
"Les pouvoirs publics doivent améliorer leur connaissance des marchés (...) La publication des comptes des sociétés, obligation du code de commerce encore trop souvent ignorée en Outre-mer, reste donc une priorité", conclut l'autorité, qui estime que "les services de l’État devraient être beaucoup plus volontaristes sur cette question, afin de disposer d’autres sources d’information que celles de ses services fiscaux".
Au-delà du seul secteur des matériaux, l’Autorité est prochainement appelée à poursuivre son analyse du fonctionnement des marchés ultramarins dans le cadre de la récente saisine transversale du Gouvernement sur cette question.
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Le texte intégrale de l'avis : www.autoritedelaconcurrence.fr
* Oligopole : lorsqu'il le marché connaît un faible nombre d'offreurs (vendeurs) et un nombre important de demandeurs (clients)