Revenir à la rubrique : Social

Mal logement à la Réunion : « Instaurer une taxe sur les logements vacants »

La fondation Abbé Pierre a rendu récemment son rapport national sur le mal logement en France et a fait des propositions. Un constat est fait par la fondation : les logements vacants du parc privé qui sont taxés ont vu leur occupation augmenter de 20 à 40%. Mais cette taxe ne concerne que les villes de plus de 200.000 habitants et n'est donc pas applicable en l'état à La Réunion. "Changer les règles du jeu" pour les logements vacants et respecter l'engagement de la construction de 5.000 logements par an à la Réunion seraient des solutions concrètes pour favoriser l'épanouissement social des Réunionnais en mal de logements, et par conséquent en mal de vivre.

Ecrit par Karine Maillot – le mercredi 03 février 2010 à 09H29

La fondation Abbé Pierre interpelle l’État et les collectivités locales afin qu’il y ait une volonté politique très forte pour améliorer la situation de mal logement à La Réunion. Beaucoup de logements vacants pourraient être loués si « on change les règles du jeu », indique Christian Ballet, directeur régional de la fondation Abbé Pierre, qui ajoute, « il y a une volonté politique mais on ne met pas les moyens ».

« Le logement est quelque chose de fondamental pour s’insérer dans la société »

A la Réunion, 1.500 logements sont construits par l’État dans le cadre de la LBU (Ligne Budgétaire Unique) chaque année. A ce rythme là, il faudrait une vingtaine d’années pour rattraper le retard. « Ce n’est pas acceptable », indique Christian Ballet. « Le logement est quelquechose de fondamental pour s’insérer dans la société ». Tout le monde est d’accord là-dessus.

« 10% de la population de la Réunion vit dans des logements insalubres »

Il y a aujourd’hui 18.000 habitats insalubres à La Réunion. Ces logements sont occupés en moyenne par quatre personnes, soit un total de 60.000 personnes, ce qui veut dire que 10% de la population de la Réunion est en mal logement. « Des gens qui vivent dans des conditions indignes sur le plan sanitaire et avec un toit qui fuit », précise Christian Ballet.

Enquête sur l’impact du mal logement sur les enfants

Une enquête de terrain est en cours d’élaboration pour apprécier l’impact du mal logement sur les enfants, à l’instar du rapport national. Il s’agira de donner un aperçu des conséquences du mal logement sur les enfants. Trois thématiques seront principalement traitées : le lien entre les enfants mal logés et leur santé, l’impact sur les études et le rapport avec les enseignants. « Un enfant qui vit dans un logement correct, décent, avec suffisamment de place, ne sera pas dans la même situation qu’un enfant qui vit dans un habitat dégradé où il y a huit, dix personnes qui cohabitent ».

L’enquête, dont les résultats paraîtront au mois de mai prochain, montrera également l’impact du mal logement sur les rapports familiaux et sociaux. « Quel rapport ont les parents qui vivent dans des conditions d’habitat très difficiles avec les enfants et vice versa ? Quels rapports les enfants peuvent-ils avoir avec leur copains, leurs amis quand ils vivent dans des conditions déplorables ? »

30.000 demandes de logements sociaux en attentes

Le coût des loyers par rapport au pouvoir d’achat qui diminue, la précarité, le chômage, les restructurations familiales qui font que beaucoup de femmes avec des enfants se retrouvent seules et les jeunes qui font des études de plus en plus longues sont autant d’influences négatives sur l’épanouissement de la société réunionnaise. « Souvent, les enfants sont encore plus longtemps à la charge de leurs parents, mais dans quelles conditions ? », s’interroge Christian Ballet.

Une solution est envisageable « si l’on change les règles du jeu », rappelle Christian Ballet. En métropole, les logements vacants ont baissé entre 20 et 40% lorsque que l’État a décidé d’instaurer une taxe sur les logements vacants du parc privé. « Il y a à La Réunion un parc social de 52.000 logements qui loge 20% des Réunionnais alors qu’il y a 30.000 demandes auprès des bailleurs sociaux de l’île, en attente d’une attribution de logement ».

Si des mesures ne sont pas prises, il y aura de plus en plus de Réunionnais qui se retrouveront en mal logement étant donné l’accroissement du chômage qui est sans précédent, sans parler de la population qui continue de s’accroitre. « Mais nous n’avons pas le sentiment que les moyens mis en ouvre par l’État soit à la hauteur des besoins »…

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

L’avenir du Quotidien de La Réunion entre les mains du tribunal de commerce

Alfred Chane-Pane et Henri Nijdam ont défendu leur projet respectif de reprise du Quotidien, mercredi après-midi à la barre du tribunal de commerce de Saint-Denis. Le premier a fait valoir le fait qu’il détenait une imprimerie ultra-moderne, tandis que le second a rehaussé son compte courant d’associés à 1,5 million d’euros. Le délibéré interviendra le 3 avril.

Des personnels des Foyers départementaux de l’enfance alertent sur leurs conditions de travail

Des agents des Foyers d’accueil départementaux ont fait grève ce vendredi matin pour dénoncer un déficit structurel de personnels et de moyens ne leur permettant pas d’assurer l’encadrement des enfants placés dont ils ont la charge. Le syndicat FO réclame par ailleurs l’application du statut de la fonction publique hospitalière dans l’avancement des agents et dénonce le recours jugé trop fréquent aux contractuels et aux intérimaires.

Le service public en grève pour les salaires ce matin

L’intersyndicale CFDT – CFE CGC – CGTR – FO – FSU – SAIPER – Solidaires – UNSA a organisé ce mardi une manifestation des agents et contractuels du service public et de la territoriale à Saint-Denis et Saint-Pierre. Après les importantes mobilisations contre la réforme des retraites, l’interrogation sur la capacité à reprendre le combat demeure.

Le Bouclier Qualité Prix intègre maintenant des pièces automobiles

Le Bouclier Qualité Prix 2024 a été dévoilé ce lundi en préfecture. Le préfet annonce l’ajout d’une prestation et de quatre pièces automobiles. Pour les produits de consommation courante, les services de l’Etat ont pu figer les prix malgré l’inflation. Un exploit qui risque de ne pas être réédité l’année prochaine.