La fondation Abbé Pierre interpelle l’État et les collectivités locales afin qu’il y ait une volonté politique très forte pour améliorer la situation de mal logement à La Réunion. Beaucoup de logements vacants pourraient être loués si « on change les règles du jeu », indique Christian Ballet, directeur régional de la fondation Abbé Pierre, qui ajoute, « il y a une volonté politique mais on ne met pas les moyens ».
« Le logement est quelque chose de fondamental pour s’insérer dans la société »
A la Réunion, 1.500 logements sont construits par l’État dans le cadre de la LBU (Ligne Budgétaire Unique) chaque année. A ce rythme là, il faudrait une vingtaine d’années pour rattraper le retard. « Ce n’est pas acceptable », indique Christian Ballet. « Le logement est quelquechose de fondamental pour s’insérer dans la société ». Tout le monde est d’accord là-dessus.
« 10% de la population de la Réunion vit dans des logements insalubres »
Il y a aujourd’hui 18.000 habitats insalubres à La Réunion. Ces logements sont occupés en moyenne par quatre personnes, soit un total de 60.000 personnes, ce qui veut dire que 10% de la population de la Réunion est en mal logement. « Des gens qui vivent dans des conditions indignes sur le plan sanitaire et avec un toit qui fuit », précise Christian Ballet.
Enquête sur l’impact du mal logement sur les enfants
Une enquête de terrain est en cours d’élaboration pour apprécier l’impact du mal logement sur les enfants, à l’instar du rapport national. Il s’agira de donner un aperçu des conséquences du mal logement sur les enfants. Trois thématiques seront principalement traitées : le lien entre les enfants mal logés et leur santé, l’impact sur les études et le rapport avec les enseignants. « Un enfant qui vit dans un logement correct, décent, avec suffisamment de place, ne sera pas dans la même situation qu’un enfant qui vit dans un habitat dégradé où il y a huit, dix personnes qui cohabitent ».
L’enquête, dont les résultats paraîtront au mois de mai prochain, montrera également l’impact du mal logement sur les rapports familiaux et sociaux. « Quel rapport ont les parents qui vivent dans des conditions d’habitat très difficiles avec les enfants et vice versa ? Quels rapports les enfants peuvent-ils avoir avec leur copains, leurs amis quand ils vivent dans des conditions déplorables ? »
30.000 demandes de logements sociaux en attentes
Le coût des loyers par rapport au pouvoir d’achat qui diminue, la précarité, le chômage, les restructurations familiales qui font que beaucoup de femmes avec des enfants se retrouvent seules et les jeunes qui font des études de plus en plus longues sont autant d’influences négatives sur l’épanouissement de la société réunionnaise. « Souvent, les enfants sont encore plus longtemps à la charge de leurs parents, mais dans quelles conditions ? », s’interroge Christian Ballet.
Une solution est envisageable « si l’on change les règles du jeu », rappelle Christian Ballet. En métropole, les logements vacants ont baissé entre 20 et 40% lorsque que l’État a décidé d’instaurer une taxe sur les logements vacants du parc privé. « Il y a à La Réunion un parc social de 52.000 logements qui loge 20% des Réunionnais alors qu’il y a 30.000 demandes auprès des bailleurs sociaux de l’île, en attente d’une attribution de logement ».
Si des mesures ne sont pas prises, il y aura de plus en plus de Réunionnais qui se retrouveront en mal logement étant donné l’accroissement du chômage qui est sans précédent, sans parler de la population qui continue de s’accroitre. « Mais nous n’avons pas le sentiment que les moyens mis en ouvre par l’État soit à la hauteur des besoins »…