C’est sur une prise de bec que l’assemblée générale de la CCIR a débuté. La requête a été lancée sans surprise par le Medef. "Cette assemblée peut-elle avoir lieu ? Étant donné que l’ordre du jour a été modifié par rapport à la dernière assemblée", demandera avec insistance Arjouhoussen Mahamadaly.
"Pas de problème", répondra Ibrahim Patel, le président de la CCIR, car il ne s’agit que d’une "continuité". Le président de la CCI s’est saisi d’exemples du passé où pour que beaucoup moins que ça, des assemblés avaient pu se tenir. Après ce recadrage menaçant, les délibérations pouvaient réellement débuter.
"Aider les PME/TPE à trouver des locaux"
La semaine dernière, le Medef avait mis sur le compte de son absence le fait que la majorité de la Chambre souhaite créer une énième société d’aménagement, la septième que compterait le département. Les élus n’ont pas bougé d’un iota. Pour Daniel Moreau, "la nécessité de la création" de cette société doit être devancée par une étude y dévoilant un réel business plan, à la manière de toute démarche de démarrage pour une entreprise privée. Pour Arjouhoussen Mahamadaly, le dossier de cette délibération sonne "creux". "Aujourd’hui, on va voter sur un dossier dont nous ne connaissons pas l’objectif", avanceront les élus Medef.
Qu’à cela ne tienne, Guito Narayanin hausse le ton. "Semac, Semir, voire CBO font de l’aménagement, débute-t-il, mais ils font dans de l’aménagement cinq étoiles, avec des loyers oscillant entre 12 et 17 euros le mètre carré. Le créneau que nous souhaitons occuper n’existe pas avec les sociétés actuelles : aider les PME/TPE à trouver des locaux". Pascal Plante y va de ses craintes en voyant d’un mauvais oeil le fait d’externaliser cette compétence à travers une SASU : "Une telle création viendra dépouiller la Chambre de son pouvoir politique comme cela s’est passé pour l’aéroport". Malgré des divergences persistantes, 10 votes contre (Medef) et une abstention, le dossier sera voté à la majorité. En attendant les fameuses études…
La ZIC fait danser les élus
Le point numéro 3 de l’ordre du jour ne manquait également pas de piquant. Largement brossé dans la presse ces derniers jours, l’information mise sur la place publique par la majorité (lors de la précédente assemblée avortée du vendredi 29 juillet, ndlr) "jette le discrédit sur l’ensemble des chefs d’entreprise de la ZIC n°1 du Port", soutiendra Daniel Moreau, chef de file du Medef.
Sur ce dossier très technique, les éclaircissements d’une administrative de la Chambre viendra calibrer les attendus. "Il ne s’agit pas d’une requalification de terrains mais d’une simple qualification" tellement l’imprécision demeurait sur ces parcelles consenties par la CCI il y a 60 ans. Les "baux à loyer" tels qu’ils ont été contractés à l’époque, "ce qui ne veut pas dire grand chose" avouera l’agent de la CCI, devront être précisés. Pour elle, le "bail commercial correspond à la meilleure qualification". Dans une telle configuration, "les locataires en ressortent gagnants", jugera Ibrahim Patel, essayant de trouver une sortie "équitable". Devant la promesse du président de "faire la différence entre locataires et locataires spéculateurs" de la désormais fameuse zone industrielle N°1 du Port, les 32 élus ont voté à l’unanimité (ni vote contre, ni abstention) le "principe des baux commerciaux sur la ZIC du Port". Mais l’épisode est loin d’être clos. Une audience au TGI est dans les tuyaux. Les premières assignations auront lieu le 16 septembre.