La transition malgache à la croisée des chemins, face aux échéances électorales en 2013…
Scénario ni-ni ?
Elément-clé de la sortie de crise malgache, le calendrier électoral annoncé par la CENIT -Commission Electorale Nationale Indépendante de la Transition- avec l’aval des Nations Unies prévoit le premier tour de la présidentielle le 08 Mai 2013, puis un deuxième tour éventuel couplé avec les législatives le 03 Juillet 2013 et les communales le 23 Octobre 2013.
Mais le pari de la CENIT est loin d’être gagné, faute de mesures d’apaisement politique à même de débloquer une aide massive de la communauté internationale au processus électoral: atermoiements dans la mise en place du Conseil de Réconciliation National, procédures d’amnistie politique reportées sine die, pas de signe de reprise du dialogue malgacho-malgache après les derniers pourparlers sous l’égide de la SADC.
Recommandé par les experts onusiens pour limiter les risques d’affrontements en 2013, le scénario « ni Ravalomanana, ni Rajoelina » – qui les écarterait tous deux de la prochaine présidentielle – suscite des réactions contradictoires au sein du microcosme politique:
* Pour la mouvance présidentielle, Andry Rajoelina reste le « symbole du changement réclamé par le peuple», au contraire de Ravalomanana « déjà condamné par la justice malgache et donc inéligible d’office » à la course présidentielle.
*Les partisans de Marc Ravalomanana dénoncent dans la formule « ni-ni » une manœuvre dilatoire et réclament le retour rapide de leur président ainsi qu’une enquête internationale « pour déterminer les responsabilités partagées » dans la tuerie du 7 Février 2009 : cf lien http://www.caposud.wordpress.com/2012/08/19/resolution-de-la-crise-malgache/ : « L’affaire du 07 Février toujours sur le tapis ».
* enfin, une troisième voie prône « les législatives d’abord » pour le 08 Mai 2013, afin d’assurer la refondation républicaine par la base au lieu de prioriser la présidentielle, qui risque de fausser la donne politique comme par le passé.
Cette troisième voie suit en fait la feuille de route issue des premières Assises malgacho-malgaches d’Ivato les 02-03 Avril 2009, qui prévoyait un calendrier électoral pour renouveler les élus de la base au sommet de l’Etat jusqu’au début 2011: or cette Feuille de route malgacho-malgache, jugée unilatérale par la SADC, fut laissée de côté pour lancer en Août 2009 le processus de médiation de Maputo et Addis-Abeba…
Hyper-présidents
L’hyper-présidentialisme apparaît dans le paysage politique malgache avec l’avènement de Didier Ratsiraka le 15 juin 1975, qui mène la 2e République malgache durant 16 ans d’affilée avant de céder le pouvoir à la coalition des Forces Vives, par le biais de la Convention du 31 Octobre 1991.
Après le bref intermède à la présidence de Zafy Albert de 1993 à 1996 et le retour de Didier Ratsiraka aux affaires jusqu’à la présidentielle de Décembre 2001, Marc Ravalomanana sort vainqueur du bras-de-fer post-électoral contre Ratsiraka et endosse le rôle d’hyper-président pour relancer la machine administrative et convertir Madagascar à la mondialisation néo-libérale : mais, en Décembre 2008, il est désavoué par les Bailleurs de fonds qui lui reprochent un amalgame entre le patrimoine du groupe TIKO et les finances de l’Etat.
L’opposition trouve alors en Andry Rajoelina le leader charismatique qu’elle cherchait depuis 2002. On connaît la suite : de héros de la révolution orange sur la place de la Démocratie, Andry Rajoelina devient à son tour hyper-président…transitoire, en passe de boucler un quasi-mandat de quatre ans en Mars 2013 à la tête de la plus longue transition politique de l’histoire malgache.
Boom économique ?
D’après les observateurs économiques et politiques locaux, les tribulations de la SADC et le manège des deux champions de la crise malgache relèvent de la simulation politique. Le vrai combat se déroule entre les grandes puissances économiques pour le contrôle des ressources naturelles régionales et la conquête des marchés de la SADC et de l’Océan Indien : cf lien http://www.afriquinfos.com/articles/2012/8/24/madagascar-peut -fournir- aliments-base-maurice-208756.asp : « Madagascar peut fournir les aliments de base de Maurice ».
Face aux perspectives de boom économique à Madagascar après 2013, on se demande qui des deux hyper-présidents aura le courage politique de lâcher le morceau pour se désister « au nom des intérêts de la Nation » et permettre aux citoyens et citoyennes malgaches d’élire à leur tour … un président « normal » ??
Ce 01 Septembre 2012
Adygasy-systemD