Au risque d’en étonner certains, j’ai du mal à entrer dans le débat du pour ou contre le Créole. Ça ressemble fort, pour moi, à un combat du passé.
Je n’ai pas envie d’être pris en otage entre les extrémistes du « pour« , qui font dans la provocation, et ceux du « contre » qui sont parfois ridicules dans les arguments qu’ils utilisent.
Je suis fier de mon Créole, fier qu’il fasse notre originalité.
Un jour, au début de Zinfos, j’avais posé la question : « Qu’est ce qui fait qu’on reconnaisse quelqu’un comme Réunionnais?« . Pour moi, ce n’est pas la couleur de sa peau (la preuve, je ressemble à un Zoreil et je suis pourtant Créole), ce n’est pas seulement l’endroit où il est né. Non, ce qui fait que quelqu’un soit reconnu comme Créole, c’est sa capacité à parler le Créole.
Quelqu’un peut être depuis 20 ou 30 ans à la Réunion, il sera toujours incapable de parler Créole. Ou alors, il devra accepter de se ridiculiser en parlant « petit nègre« . Comme pour la potion d’Obélix, il faut être tombé dedans tout petit pour pouvoir parler Créole.
Quand je débarque dans une boutique, dans un quartier de Saint-Denis ou à Salazie, je sens bien aux premiers regards qu’on me prend pour un Zoreil. Pas d’animosité, juste une indifférence. Il suffit que je dise deux mots en Créole pour que tout de suite, les visages s’éclairent et que l’accueil ne soit plus le même.
C’est dire combien le Créole, en tant que langue, est important pour moi. Mais encore une fois, je ne veux pas tomber dans le piège des « pour » et des « contre« .
S’il y en a à qui ça fait plaisir de causer Créole à tout bout de champ, grand bien leur fasse.
Quant à l’enseignement du Créole, je suis pour, mais uniquement pour ceux qui sont volontaires. C’est ce qui se fait déjà dans certaines classes et ça se passe bien. J’ai même entendu dire que les résultats y étaient meilleurs que la moyenne…
Ce serait bien que le calme revienne dans ce débat.