Accusé de viol, Joanny Imack-Quesaidi, 28 ans, s’est défendu comme il pouvait, au long de cette enquête. Cette femme, « grosse, noire et moche », l’aurait violé. Puis la version change. Elle se serait vengée suite à un refus de la part de l’accusé de lui faire l’amour. Puis une autre explication. Ils ont couché ensemble mais ce sont les amis de la victime – qui ne l’aiment pas – qui lui auraient mis la pression pour qu’elle porte plainte. Cinq versions en tout. Et devant la cour d’Assises ce mercredi, il s’est également défendu à sa façon: des explications floues et peu concordantes. Et des menaces.
Les sanglots de la victime, quant à eux, n’ont rien de théâtral. Elle raconte.
Les faits remontent au 23 novembre 2015, au Port. Selon la jeune femme, elle rencontre l’accusé devant un bar au Port. Il lui demande de le ramener chez lui ; elle accepte. Mais ils décident de se rendre au front de mer pour discuter. Et là dans la voiture, il insiste. Il ne lui laisse pas le choix. Sur le siège allongé, il se met sur elle et la pénètre. Elle dit avoir eu peur (« peur au point de donner mon corps pour rester en vie », a-t-elle avoué à son avocat, Me Sébastien Navarro) et simulé le plaisir pour en finir. Mais ça ne fonctionne pas. Il veut une fellation, une sodomie. Elle refuse, il la menace. Puis il parvient à terminer. La jeune femme le ramène chez lui, rentre chez elle, où elle vomit violemment. Passage à SOS Médecins, puis à l’hôpital, accompagnée de sa colocataire. Elle portera plainte le matin même.
Proche des Sadzoute
Présenté à elle comme un certain « Thomas Idriss », les enquêteurs découvrent qu’il s’agit en fait de Joanny Imack-Quesaidi, qui est loin d’être un enfant de chœur. Sept condamnations pour vols et violences sur son casier judiciaire. Et on lui reproche ses amis. Proche des Sadzoute du Port – connus pour leur violence et notamment leur guerre avec une autre famille portoise – son entourage s’inquiète de ces « mauvaises fréquentations ».
Le président du tribunal demande à cet habitué de la prison.
« Pourquoi tous ces mensonges ?
– J’ai paniqué.
– Ah parce que c’est la première fois que vous étiez en garde à vue peut-être ? »
Des mensonges et plusieurs condamnations, mais niveau relations amoureuses, rien d’étrange. Sauf sa première petite amie, avec qui il a un fils, qui serait partie en métropole suite à des violences de la part de l’accusé.
« En tant que musulman, on a droit à plusieurs femmes »
Un personnage « que l’on est pas obligé d’aimer », avoue son avocate, Me Samia Sadar-Dittoo mais qui, au vu des circonstances, ne peut être accusé de viol. « C’est elle qui conduisait, qui l’a ramené au front de mer, puis après les faits, l’a conduit chez lui sans pleurer », affirme-t-elle avant de rappeler que l’expertise médicale n’a relevé aucune blessure sur la victime. « On peut regretter parfois après l’acte mais ça, c’est pas du viol ».
Malgré les efforts de son avocate, son comportement devant la cour a dû marquer. « Ma peur de personne », déclare-t-il à l’avocat de la partie civile, avant d’évoquer ses « potes qui sont dehors ». Une menace qui ne passe pas. Et cette précision de sa part : « En tant que musulman, on a droit à plusieurs femmes ». La réaction dans la salle est unanime.
Joanny Imack-Quesaidi est condamné à 12 ans de réclusion criminelle. L’avocat général en avait demandé dix.