Les initiatives individuelles se multiplient le long des plages de l’Est et du Nord de La Réunion. Chacun à son niveau pense pouvoir aider à la résolution du mystère de la Malaysia Airlines.
Nous avons suivi un passionné toute une journée sur les plages de galets de l’Est de La Réunion en début de semaine. Sa récolte pose plus de questions qu’elle n’en résout mais participe de la frénésie ambiante.
« Ces derniers jours, j’ai longé la côte Nord et Est. D’abord pour l’envie de tenter de percer le mystère, puis pour occuper mes vacances utilement », indique cet enseignant habitant l’ouest de l’île.
Son terrain d’exploration a été scrupuleusement sélectionné. C’est d’abord sur le littoral nord, entre l’église de Sainte-Marie et La Convenance qu’il a porté son attention. « Plus à l’Est, j’ai effectué une promenade sur la grève de Beaufonds à Saint-Benoît », indique Pascal*. C’est là qu’il a découvert une valise rigide partiellement déchiquetée, à hauteur du lieu-dit Beaufonds. Un objet parmi d’autres. Mais ces deux zones côtières n’ont pas été choisies au hasard.
Ancien formateur dans un établissement agricole, l’homme garde des connaissances sur l’importance de la direction des vents. « Par déduction, je me suis focalisé sur deux zones côtières qui présentent la particularité de former une sorte de piège – comme des criques – pour les courants venant d’Est ». C’est donc à Sainte-Marie et Saint-Benoît qu’il s’est rendu, loin de l’agitation du littoral saint-andréen, lieu de la découverte du flaperon de Boeing triple 7.
Un coran écrit en jawi ?
Pascal a passé ces derniers jours à ratisser les côtes Nord-Est de La Réunion. En quelques heures seulement – nous étions avec lui – des objets ont particulièrement attiré son attention, dont cette valise qui ne comporte aucune identification mais demeure dans un meilleur état que celle arrachée à la plage de Saint-André par Johnny Bègue le vendredi 30 juillet.
Autre trouvaille mystérieuse : un livret plastifié d’une dizaine de pages – les autres pages sont manquantes – a également aiguisé sa curiosité. L’écriture, ainsi que les idéogrammes qui le compose, évoquent pour nos interlocuteurs originaires d’Asie un texte d’ordre religieux. « On dirait des versets coraniques. Ça pourrait provenir d’un texte coranique de la Malaisie, d’Indonésie, où se trouve une majorité de musulmans. Ça pourrait aussi provenir de Mindanao aux Philippines ou Brunei où il y a également une majorité de musulmans. A part ça, le texte pourrait provenir de n’importe quel pays musulman », nous indiquent des journalistes malaisiens que nous avons interrogés.
Vu de chez nous, Houssen Amode, le président du conseil régional du culte musulman, affirme pour sa part qu' »il s’agit de photos de pages d’un livret que les Médersas comoriennes utilisent pour l’apprentissage de l’alphabet arabe et de la lecture du Coran ». C’est en tout cas ce genre de confrontation d’expertises qu’espérait Pascal. Lui qui a eu le bon réflexe de passer un coup de fil aux gendarmes au fil de ses trouvailles.
A Sainte-Marie et Saint-Benoît enfin, des bouteilles d’eau « Product of Malaysia » ont, elles aussi, été trouvées le long du littoral. Leurs étiquettes bien abimées par l’océan et le soleil sont « un indicateur du temps qu’elles ont passé dans l’eau » selon lui. Une piste beaucoup plus probante que les bouteilles affichées ces derniers jours, « trop neuves » à l’entendre.
Imagination débordante ou véritables traces du mystérieux vol MH370, Pascal préfère laisser les autorités y répondre. Ça tombe bien. La France dépêche à partir d’aujourd’hui des moyens sur zone. Les bénévoles vont désormais se transformer en spectateurs.
*prénom d’emprunt