
La Maison d'Enfants à Caractère Social (MECS) "les Filaos" de Saint-Gilles-les-Bains vit des jours compliqués. La directrice de cet établissement géré par la Croix Rouge, et financé par le Conseil général, a été licenciée en décembre 2013. "La procédure ne fait que commencer", explique son avocate Me Lynda Lee Mow Sim. La Croix Rouge conserve une ligne de défense très réservée le temps de cette même procédure.
"Elle ne fait plus partie de nos effectifs", commente sans la nommer une seule fois, Henri Claude Robert, président de la délégation territoriale de la Croix-Rouge. "Par respect de la personne en cause, je ne donnerai aucune info", commence-t-il par dire.
Naturellement embarrassé par cette affaire, le président de la Croix Rouge Réunion se limite à expliquer qu'il ne s'agit que d'"une affaire privée entre un salarié et son employeur. On est employeur et on respecte la loi", affirme-t-il.
"Notre avocat suit le développement de cette affaire. S'il y a contestation (de l'ex-directrice), on avisera. Nous sommes dans un pays de Droit. La personne licenciée peut toujours, et heureusement, contester son licenciement. Si la Croix Rouge a été lésée, on sollicitera les juridictions compétentes au civil et au pénal", nous expliquait-il fin janvier suite à une rumeur persistante de détournement de fonds dans cette structure.
Si la Croix Rouge tente pour l'heure de régler cette affaire en interne, ses partenaires sont toutefois au courant. "Nous en avons informé l'ARS, le Conseil général (son bailleur de fonds) et le juge des enfants", soutenait Henri Claude Robert.
"C'est à un juge de le dire"
Sur les rumeurs de détournement de fonds, Henri Claude Robert ne s'avançait pas. "Je n'utilise pas ce terme pour le moment. C'est à un juge de le dire", affirmait-il prudemment. Dans son édition du 12 février, le Journal de l'Ile relayait les raisons d'un licenciement pour faute grave.
Me Lynda Lee Mow Sim confirme les motifs évoqués dans cette lettre de licenciement accompagnée de "quatre pages de reproches", ce qui a eu pour effet de surprendre une directrice au travail jusque-là estimé. "On lui a même confié par intérim le poste de directrice territoriale", rappelle son avocate. "Madame P. n'a jamais été dans les petits souliers du directeur outre-mer de la Croix Rouge", croit savoir son avocate.
"On reproche à ma cliente de ne pas avoir embauché comme il le fallait en CDD ou en CDI, de ne pas avoir mis en conformité les bâtiments". Le troisième motif, assurément celui qui laisse planer plus de doutes reste toujours autant mystérieux : "absence de transmission de documents administratifs à l'organisme gestionnaire".
L'avocate retrace le mois de décembre chaotique vécu par sa cliente en guise de première explication. "Victime d'un malaise au travail, Madame P. était en arrêt de travail à partir du 6 décembre. Une semaine plus tard, elle est convoquée à un entretien préalable de licenciement sans qu'aucun motif ne lui soit encore signifié comme leur permet la loi. Dans son état, elle n'a pu se rendre à cet entretien, justifié par un certificat", complète son avocate. La suite de la procédure est expédiée selon Me Lee Mow Sim. "La Croix-Rouge ne lui a même pas proposé une nouvelle convocation. Elle n'a pas pu se défendre", assure le conseil. Cela a été "violent comme procédure", à tel point que l'ex-directrice se trouve dans un "état psychologique très fragilisé".
"J'ai rassuré nos salariés"
Pour ajouter à la confusion, l'avocate rapporte que tant le salaire de décembre, le solde de tout compte que les indemnités journalières de l'ex-directrice comportaient tous un libellé incorrect qui n'ont pas permis leur versement effectif. Enfin, la Croix-Rouge aurait eu "l'indélicatesse" d'ouvrir le recrutement pour un nouveau directeur de la MECS courant janvier. "Ma cliente a été licenciée le 26 décembre. La procédure de licenciement ne fait que commencer. Tout a été fait comme pour tourner la page le plus rapidement possible. Comme si on voulait la bannir", s'indigne l'avocate.
La certitude qui se dégage de ce bras de fer au sein de la direction de l'association tient dans l'impact que ce débarquement a suscité en interne. "J'ai rassuré nos salariés. Ils étaient inquiets. Le personnel se sent concerné", évoquait Henri Claude Robert au lendemain d'un rassemblement avec le personnel de l'organisme. C'était fin janvier. Malgré la période de flottement que vit la Croix Rouge, son président garde le cap pour les enfants. "Les moniteurs, les éducateurs sont au boulot. Nous nous attachons au bien-être de nos bénéficiaires".
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Les Maisons d'Enfants à Caractère Social sont des établissements qui ont pris le rôle anciennement dévolu aux orphelinats. Elles sont dépendantes du Conseil général, leur bailleur de fonds. Ces structures d'accueil amènent l'enfant à se reconstruire psychologiquement après un début de vie chaotique. Ces enfants qui sont confiés relèvent du service de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). La MECS "les Scalaires" ("Les Filaos" depuis 2007) possède quatre sites distincts distribués sur le territoire Ouest : à Tan Rouge, Trois Bassins, en centre-ville de Saint-Paul et une dernière maison d'accueil à La Possession. A Saint-Gilles (notre photo) ne subsiste que la partie administrative. Le site de Saint-Gilles date de 1977, année de création de ces orphelinats. 48 enfants sont actuellement pris en charge par la Maison des Enfants. Ces mineurs sont âgés de 3 à 14 ans et demeurent soit en internat, soit en semi-internat.
"Elle ne fait plus partie de nos effectifs", commente sans la nommer une seule fois, Henri Claude Robert, président de la délégation territoriale de la Croix-Rouge. "Par respect de la personne en cause, je ne donnerai aucune info", commence-t-il par dire.
Naturellement embarrassé par cette affaire, le président de la Croix Rouge Réunion se limite à expliquer qu'il ne s'agit que d'"une affaire privée entre un salarié et son employeur. On est employeur et on respecte la loi", affirme-t-il.
"Notre avocat suit le développement de cette affaire. S'il y a contestation (de l'ex-directrice), on avisera. Nous sommes dans un pays de Droit. La personne licenciée peut toujours, et heureusement, contester son licenciement. Si la Croix Rouge a été lésée, on sollicitera les juridictions compétentes au civil et au pénal", nous expliquait-il fin janvier suite à une rumeur persistante de détournement de fonds dans cette structure.
Si la Croix Rouge tente pour l'heure de régler cette affaire en interne, ses partenaires sont toutefois au courant. "Nous en avons informé l'ARS, le Conseil général (son bailleur de fonds) et le juge des enfants", soutenait Henri Claude Robert.
"C'est à un juge de le dire"
Sur les rumeurs de détournement de fonds, Henri Claude Robert ne s'avançait pas. "Je n'utilise pas ce terme pour le moment. C'est à un juge de le dire", affirmait-il prudemment. Dans son édition du 12 février, le Journal de l'Ile relayait les raisons d'un licenciement pour faute grave.
Me Lynda Lee Mow Sim confirme les motifs évoqués dans cette lettre de licenciement accompagnée de "quatre pages de reproches", ce qui a eu pour effet de surprendre une directrice au travail jusque-là estimé. "On lui a même confié par intérim le poste de directrice territoriale", rappelle son avocate. "Madame P. n'a jamais été dans les petits souliers du directeur outre-mer de la Croix Rouge", croit savoir son avocate.
"On reproche à ma cliente de ne pas avoir embauché comme il le fallait en CDD ou en CDI, de ne pas avoir mis en conformité les bâtiments". Le troisième motif, assurément celui qui laisse planer plus de doutes reste toujours autant mystérieux : "absence de transmission de documents administratifs à l'organisme gestionnaire".
L'avocate retrace le mois de décembre chaotique vécu par sa cliente en guise de première explication. "Victime d'un malaise au travail, Madame P. était en arrêt de travail à partir du 6 décembre. Une semaine plus tard, elle est convoquée à un entretien préalable de licenciement sans qu'aucun motif ne lui soit encore signifié comme leur permet la loi. Dans son état, elle n'a pu se rendre à cet entretien, justifié par un certificat", complète son avocate. La suite de la procédure est expédiée selon Me Lee Mow Sim. "La Croix-Rouge ne lui a même pas proposé une nouvelle convocation. Elle n'a pas pu se défendre", assure le conseil. Cela a été "violent comme procédure", à tel point que l'ex-directrice se trouve dans un "état psychologique très fragilisé".
"J'ai rassuré nos salariés"
Pour ajouter à la confusion, l'avocate rapporte que tant le salaire de décembre, le solde de tout compte que les indemnités journalières de l'ex-directrice comportaient tous un libellé incorrect qui n'ont pas permis leur versement effectif. Enfin, la Croix-Rouge aurait eu "l'indélicatesse" d'ouvrir le recrutement pour un nouveau directeur de la MECS courant janvier. "Ma cliente a été licenciée le 26 décembre. La procédure de licenciement ne fait que commencer. Tout a été fait comme pour tourner la page le plus rapidement possible. Comme si on voulait la bannir", s'indigne l'avocate.
La certitude qui se dégage de ce bras de fer au sein de la direction de l'association tient dans l'impact que ce débarquement a suscité en interne. "J'ai rassuré nos salariés. Ils étaient inquiets. Le personnel se sent concerné", évoquait Henri Claude Robert au lendemain d'un rassemblement avec le personnel de l'organisme. C'était fin janvier. Malgré la période de flottement que vit la Croix Rouge, son président garde le cap pour les enfants. "Les moniteurs, les éducateurs sont au boulot. Nous nous attachons au bien-être de nos bénéficiaires".
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Les Maisons d'Enfants à Caractère Social sont des établissements qui ont pris le rôle anciennement dévolu aux orphelinats. Elles sont dépendantes du Conseil général, leur bailleur de fonds. Ces structures d'accueil amènent l'enfant à se reconstruire psychologiquement après un début de vie chaotique. Ces enfants qui sont confiés relèvent du service de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). La MECS "les Scalaires" ("Les Filaos" depuis 2007) possède quatre sites distincts distribués sur le territoire Ouest : à Tan Rouge, Trois Bassins, en centre-ville de Saint-Paul et une dernière maison d'accueil à La Possession. A Saint-Gilles (notre photo) ne subsiste que la partie administrative. Le site de Saint-Gilles date de 1977, année de création de ces orphelinats. 48 enfants sont actuellement pris en charge par la Maison des Enfants. Ces mineurs sont âgés de 3 à 14 ans et demeurent soit en internat, soit en semi-internat.