Les deux projets de lois relatifs à la Départementalisation de Mayotte ont été adoptés par l’Assemblée nationale mardi dernier, le 23 novembre. C’est, entre autres, pour annoncer de vive voix cette nouvelle que la ministre en charge de l’Outre-mer a tenu hier dimanche un discours dans la commune de M’tsamboro. Une façon d’élucider les interrogations de la population et de rappeler brièvement le calendrier du déploiement administratif de l’État dans l’île.
Marie-Luce Penchard a placé dans son intervention publique le développement économique et la modernisation des relations sociales comme la première de ses priorités dans le cadre de cette future départementalisation.
Les minimas sociaux à petite dose
Elle est ensuite intervenue sur « la protection des plus fragiles, qui ont besoin de la solidarité nationale », à commencer par les retraités, dont l’allocation mensuelle « va être tout prochainement augmentée de 339 euros ». Dans ce volet, il est à noter que l’île subira un rattrapage à partir du mois d’avril, juste après l’officialisation de l’évolution statutaire qui se fera en mars 2011.
Autre attente de la population, la ministre a confirmé que les minimas sociaux se déploieront progressivement en 2012 à hauteur de 25% du taux national.
De façon plus pragmatique, la ministre a annoncé le doublement de la dotation spéciale de construction et d’équipement scolaire qui passera de 5 à 10 millions d’euros par an jusqu’en 2013 et des crédits de la Prestation d’aide à la restauration scolaire (PARS) qui vont passer de 6 à 10 millions d’euros.
Avant son discours sur la place de la mairie de M’tsamboro, la ministre a été interpellée par le conseiller général Ali Bacar qui a défendu les intérêts de son canton. Celui-ci a notamment demandé l’appui de la ministre pour l’accompagnement financier d’un projet de gymnase, la construction d’un nouveau lycée sur son canton ou encore la piste agricole reliant Dzoumogné à M’tsamboro pour désenclaver de nombreuses exploitations.
« La départementalisation ne va pas tout régler, comme par magie »
Sur ce point, la ministre a fait allusion au fonds mahorais de développement économique, social et culturel qui sera doté de 30 millions d’euros sur trois ans à partir du mois de mars 2011. Un fonds qui devra être utilisé en concertation par les acteurs politiques locaux.
Tenant à recadrer les choses devant toutes ces attentes, Marie-Luce Penchard est restée lucide sur la tâche à accomplir malgré l’enthousiasme de la foule. « La départementalisation ne va pas tout régler, comme par magie. Mais elle vous offre une chance que vous devez saisir pour réussir un projet de territoire et un projet pour la société que vos élus devront définir pour les prochaines années », a-t-elle dit avant d’ajouter : « Je comprends l’impatience et les besoins de la population mais il faut d’abord un plan d’aménagement et travailler en bonne intelligence ».
Avant de quitter l’estrade, la ministre a tenu à saluer le rôle déterminant des femmes « qui ont pris une place déterminante dans l’histoire de Mayotte, dans son attachement à la France qui aboutit, aujourd’hui, à la création du département ».