Juin 2014, au Tampon… Outre d’avoir déstabilisé durablement sa jeune proie, cet imbécile a peut-être fichu sa propre vie en l’air, ça dépendra du juge d’application des peines.
Appelons-la Zoé et lui Bibi. Non pas parce qu’il aime fricoter avec plus jeune que lui ni pour protéger un prédateur mais parce que son nom est si spécial qu’il ferait immédiatement reconnaître la jeune fille.
Les circonstances sont malheureusement banales. Afin qu’elle soit plus proche de son établissement scolaire le matin, les parents de Zoé la laissent dormir chez sa tante plusieurs fois par semaine.
Malheureusement, quelqu’un d’autre dort là aussi, Bibi. Pas pour aller à l’école mais parce qu’il est souvent beurré.
Certains, après avoir taquiné Tatie Charrette, se croient les égaux de Bruce Lee. D’autres de Rocco Siffredi comme Bibi qui, ce soir-là, n’a pas maîtrisé ses pulsions pédophiles.
Cette nuit-là, il cuve un peu puis se réveille en plein délire sexuel. Avec l’obstination des poivrots, il tambourine à la porte de la chambre où dort Zoé. Elle refuse d’ouvrir mais devant son insistance, pour ne pas alarmer ses parents qui dorment non loin, elle finit par obtempérer. Là, notre profiteur se jette sur elle, la caresse, veut l’embrasser de force, se livre à des attouchements ignobles.
– C’est à ce moment de l’audience qu’intervient un incident peu banal.
C’est l’instant que choisissent deux classes du collège d’à côté pour faire irruption comme chaque jeudi. Ces audiences correctionnelles, très prisées des professeurs et leurs ouailles, sont formatrices car mettant les jeunes au contact réel de la justice. Et aussi des problèmes soulevés quotidiennement par une société qui ne sait plus où elle va.
Ce (petit) tapage pousse la présidente Flauss à interrompre momentanément l’audience troublée. Le substitut annonce alors qu’il propose de faire ressortir tout le monde car il a l’intention de demander un huis-clos. Ce qui fait bondir Me Aude Cazal avocate de la jeune victime et de ses parents :
« Je suis contre le huis-clos que les parents de Zoé ne demandent d’ailleurs pas. Pour les jeunes collégiens, c’est précisément le bon moyen de les mettre en garde contre les dangers de la vie de tous les jours et les agressions auxquelles ils se trouvent souvent confrontés ! » Gagné, pas de huis-clos. L’audience se poursuit sans heurt. –
On apprend alors que dérangé par des « bruits » (?), Bibi sort de la chambre. C’est le tonton qui passe par là et avec lequel il a une discussion. Lorsque tonton retourne se coucher, Bibi rebelote et ré-envahit la chambre de la jeune fille, obstiné comme une fourmi qui pète les plombs.
Il s’en est fallu de peu. Zoé résiste, se débat, ce que constatant, l’agresseur finit par lâcher prise.
Dès le lendemain, terriblement choquée mais lucide, elle se confie à ses copines de collège puis à ses parents.
On apprend que Bibi est parfaitement inséré socialement, est considéré comme très gentil garçon par tout le monde, a un travail stable, gagne 1200 euros et vit chez sa maman. Et voilà que ce crétin risque de voir sa vie fichue en l’air pour quelques minutes de déraison ! Plus débile tu meurs.
A la barre, comme il l’a fait devant les enquêteurs, Bibi ne tente pas de nier les faits. Tout au plus réfute-t-il maladroitement certains d’entre eux. Pour reconnaître que si la jeune fille n’avait pas dit non… Sa seule explication : il se poivre régulièrement le museau.
Me Aude Cazal a procédé à un minutieux rappel des faits, soulignant que c’est parce que Zoé avait été soigneusement avertie des dangers de la vie par sa mère qu’elle a pu dire « NON ! » Et enfoncé l’agresseur qui n’a pas le courage de vraiment reconnaître ses actes odieux et n’a eu aucun mot d’excuse. La jeune avocate a aussi mis en exergue l’effondrement familial au complet et le fait que Zoé ne peut plus dormir seule et éprouve constamment une peur viscérale des hommes.
Le substitut Saunier, en forme olympique, a commencé par souligner l’émoi évident de la famille assise dans le prétoire, avant de saluer longuement le courage de cette jeune fille qui, non seulement a su se protéger, mais en outre, n’a pas hésité à en parler immédiatement dans son collège.
L’avertissement, plutôt le conseil à l’intention des collégiens présents, était évident : « Ne pas attendre des lustres après une agression pour se plaindre ! » On aime à croire que le message a été entendu. Et de solliciter une peine de 2 ans dont un avec sursis.
Cela se présentait mal pour Me Mélanie Thierry, engagée dans des écuries d’Augias peu avenantes. Un seul bon point pour Bibi, il n’a jamais eu affaire avec la justice et sa réputation est, était jusqu’ici sans tache. Ce qui lui a valu de récolter 18 mois dont 6 fermes. Si le JAP (juge d’application des peines) est gentil, sa peine pourra être aménagée pour qu’il puisse méditer sur les inconvénients du 49° tout en continuant de travailler.
Ce qui lui permettra de payer les dommages et intérêts divers (5000 euros quand même) tout en ne voyant pas son existence détruite pour cause d’éthylisme et d’imbécillité chronique.