C’est en 2016 que les époux Pausé sont officiellement devenus parents des deux enfants confiés à un orphelinat par leur père, après le décès de leur mère en couche. Ils avaient auparavant obtenu la garde et l’autorité parentale, le juge estimant que les époux offraient « des garanties suffisantes pour procurer à ces enfants un environnement familial stable nécessaire à leur épanouissement et à leur développement harmonieux ».
Si les enfants portent depuis leur nom, ils restent de nationalité malgache. Et ne peuvent donc pas voyager vers La Réunion sans le précieux sésame. « On nous dit que nous n’offrons pas suffisamment de garanties de quitter la zone Schengen avant l’expiration des visas », explique Sabine, contrariée. D’autant plus que son père de 87 ans est très malade, et n’a jamais rencontré petits-enfants.
« Ça me met en colère car tous les papiers sont en règle, nous avons même une autorisation de sortie pour les enfants du tribunal. On a transmis des billets d’avion aller/retour, des lettres d’engagements. Mon mari est directeur d’une société à Madagascar, on a fourni ses contrats de travail, mais ça ne suffit pas », déplore-t-elle. La demande de visa se transforme en une véritable mésaventure pour la famille.
Déterminée, la famille a engagé une procédure avec un avocat. « Il nous a conseillé de faire une demande d’exéquatur (procédure employée visant à donner force exécutoire dans un pays à un jugement qui a été rendu dans un autre pays, ndlr) de notre ordonnance de garde et d’autorité parentale. Nous l’avons fait auprès du TGI de Saint-Denis mais avons été débouté au motif que le père biologique ne pourrait plus exercer son droit de visite », raconte la mère de famille. « Alors que nous habitons à Madagascar ».
Des dossiers disparus
Outre le refus, la Réunionnaise dénonce la façon dont sont traités les dossiers. ‘ »Il y a un dossier en 2013, et sinon, à part les refus de visa, il n’y a pas de traces de nos demandes. Je veux bien croire que les dossiers puissent s’égarer, mais pas de manière systématique. Lors de la première demande, les passeports étaient restés trois mois au consulat sans que l’on sache pourquoi ».
Exaspérée, elle décide donc de se tourner vers la presse, avec l’espoir de faire bouger (enfin) les choses.« On veut juste pouvoir circuler, on ne compte pas s’installer. On leur demande ce qu’il faut comme garanties mais on n’a pas de réponse ».
Contacté sur ce point, le consulat a seulement répondu que « les demandes de visas sont examinées en vérifiant la conformité des dossiers fournis aux exigences de la réglementation applicable. En cas de refus de visa, les intéressés ont la possibilité d’exercer un recours administratif (…) ». Un recours que la mère de famille indique avoir intenté en 2013, en vain. « Il est resté sans réponse ».