
Hier, dans le Car jaune vers Saint-Pierre, je suis resté deux heures face à un jeune métropolitain. Contrairement à la quarantaine de passagers tictiquant sur leur phone, nous avons parlé. C’est plus convivial. Et je suis tombé des nues…
Ce jeune, Mickaël (c’est son vrai prénom), 24 ans, est diplômé Bac+4 en hôtellerie et a déjà exercé plusieurs années dans la région vichyssoise, dont on connait le très haut niveau hôtelier. Il a aussi une formation aux premiers secours et des notions de sécurité. Des avantages plus qu’intéressants dans votre branche. Qui plus est, il n’est pas moche du tout avec son faux air de Clovis Cornillac.
Ayant appris « qu’il y avait dans l’océan Indien une belle île appelée La Réunion », il a décidé de venir voir et, comme les autres, il est tombé sous le charme.
« Je me suis dit que c’est ici que je veux vivre ; mais… personne ne veut de moi ! On m’a partout répondu que les places étaient toutes prises… »
Ce qu’il y a de curieux, bizarre, surprenant, étrange, incompréhensible, monsieur Serveaux, c’est que j’ai maintes fois entendu dire (lui aussi) à la télé, à la radio, je l’ai lu dans les journaux, c’est « qu’il y aurait quelques centaines d’emplois non pourvus dans tous les domaines de l’hôtellerie-restauration à La Réunion ».
Vous-même, je vous ai entendu en parler, et personne ne vous soupçonne de mentir. Mon ami Philippe Doki-Thonon lui aussi a soulevé ce problème, lequel handicape fortement ce secteur éminemment touristique qui vous tient à coeur et pour cause. Philippe ne ment pas lui non plus.
Alors ? Y-a-t-il deux poids deux mesures ? Car Mickaël a ajouté sans fards :
« J’ai eu la nette impression, partout, que c’est ma gueule de métropolitain qui me fermait toutes les portes ».
Lui donnerez-vous raison ?
Mickaël ne demande pas une place de chef de cuisine, pas même de second ; il ne demande pas plus une place de chef de rang ; ni de sommelier, ni de responsable de quoi que ce soit.
Lui est diplômé « valet de chambre » et il aime ça.
« J’ai toujours voulu être valet de chambre en hôtellerie. Je sais que ça peut sembler bizarre mais c’est ainsi. J’aime que les chambres soient claires et nettes ; j’aime que la satisfaction des clients soit parfaite ; et ils trouvent en moi quelqu’un disposé à les écouter, à discuter avec eux ».
Car le bonhomme Mickaël a de l’instruction ; j’ai largement eu le temps, en plus de deux heures de bavardages à bâtons rompus, de m’en rendre compte. Vous voulez un exemple , il sait que Paris n’a pas été la première capitale de la France : « Lyon a été la capitale des Gaules, selon les Romains »…
Alors, monsieur Serveaux, est-ce parce que ce jeune homme est un Zoreil qu’on l’a jeté de partout comme un malpropre ?
Hier, il est descendu du car à Saint-Louis pour prendre le bus de Cilaos, Cilaos où il avait un dernier rendez-vous. Je lui ai donné les coordonnées de mon ami le maire Jacques Técher, qui connait son cirque sur le bout des doigts. On ne sait jamais…
« On m’a parlé d’un boulot à 1.200 euros nets et d’une chambre de service. Je ne demande rien d’autre. Si ça ne marche pas ce coup-ci encore, je rentre en Auvergne car il faut bien que j’bosse. Mais avant, je prendrai quelques jours pour m’imprégner de ta si belle île… » Et il a ajouté avec un fin sourire :
« Je repartirai sans la moindre rancoeur contre tes compatriotes, rassure-toi. Si les patrons sont cons, la population ne l’est pas. Les gens de ton pays sont d’une extraordinaire gentillesse et beaucoup m’ont offert leur amitié. J’ai hâte de me plonger dans tes lagons. Je n’en ai pas eu le temps jusqu’ici… Et aussi d’aller un peu me casser les pattes dans vos montagnes. Je connais la montagne, en bon auvergnat que je suis. Mais les vôtres sont incomparables… »
J’attends de vous une réponse claire, monsieur Serveaux, car je vous fais totalement confiance :
L’hôtellerie et la restauration réunionnaises sont-elles entachées de racisme ou de xénophobie ?
Peut-on refuser une collaboration, si qualifiée, fût-elle celle d’un Zoreil, quand on veut redresser un secteur économique en péril ?
Je vous remercie de l’attention que vous daignerez apporter à ma bafouille.
Quant à ceux qui me reprocheront de prendre la défense d’un Zoreil, pour leur éviter de gaspiller leur salive et de faire une crise de nerfs, je répondrai ceci : j’ai des amis créoles, chinois, malabars, zarabes, malgaches, kafs, comoriens… et même zoreils ! Prends deux ti-bois et allé batte la… !
Ce jeune, Mickaël (c’est son vrai prénom), 24 ans, est diplômé Bac+4 en hôtellerie et a déjà exercé plusieurs années dans la région vichyssoise, dont on connait le très haut niveau hôtelier. Il a aussi une formation aux premiers secours et des notions de sécurité. Des avantages plus qu’intéressants dans votre branche. Qui plus est, il n’est pas moche du tout avec son faux air de Clovis Cornillac.
Ayant appris « qu’il y avait dans l’océan Indien une belle île appelée La Réunion », il a décidé de venir voir et, comme les autres, il est tombé sous le charme.
« Je me suis dit que c’est ici que je veux vivre ; mais… personne ne veut de moi ! On m’a partout répondu que les places étaient toutes prises… »
Ce qu’il y a de curieux, bizarre, surprenant, étrange, incompréhensible, monsieur Serveaux, c’est que j’ai maintes fois entendu dire (lui aussi) à la télé, à la radio, je l’ai lu dans les journaux, c’est « qu’il y aurait quelques centaines d’emplois non pourvus dans tous les domaines de l’hôtellerie-restauration à La Réunion ».
Vous-même, je vous ai entendu en parler, et personne ne vous soupçonne de mentir. Mon ami Philippe Doki-Thonon lui aussi a soulevé ce problème, lequel handicape fortement ce secteur éminemment touristique qui vous tient à coeur et pour cause. Philippe ne ment pas lui non plus.
Alors ? Y-a-t-il deux poids deux mesures ? Car Mickaël a ajouté sans fards :
« J’ai eu la nette impression, partout, que c’est ma gueule de métropolitain qui me fermait toutes les portes ».
Lui donnerez-vous raison ?
Mickaël ne demande pas une place de chef de cuisine, pas même de second ; il ne demande pas plus une place de chef de rang ; ni de sommelier, ni de responsable de quoi que ce soit.
Lui est diplômé « valet de chambre » et il aime ça.
« J’ai toujours voulu être valet de chambre en hôtellerie. Je sais que ça peut sembler bizarre mais c’est ainsi. J’aime que les chambres soient claires et nettes ; j’aime que la satisfaction des clients soit parfaite ; et ils trouvent en moi quelqu’un disposé à les écouter, à discuter avec eux ».
Car le bonhomme Mickaël a de l’instruction ; j’ai largement eu le temps, en plus de deux heures de bavardages à bâtons rompus, de m’en rendre compte. Vous voulez un exemple , il sait que Paris n’a pas été la première capitale de la France : « Lyon a été la capitale des Gaules, selon les Romains »…
Alors, monsieur Serveaux, est-ce parce que ce jeune homme est un Zoreil qu’on l’a jeté de partout comme un malpropre ?
Hier, il est descendu du car à Saint-Louis pour prendre le bus de Cilaos, Cilaos où il avait un dernier rendez-vous. Je lui ai donné les coordonnées de mon ami le maire Jacques Técher, qui connait son cirque sur le bout des doigts. On ne sait jamais…
« On m’a parlé d’un boulot à 1.200 euros nets et d’une chambre de service. Je ne demande rien d’autre. Si ça ne marche pas ce coup-ci encore, je rentre en Auvergne car il faut bien que j’bosse. Mais avant, je prendrai quelques jours pour m’imprégner de ta si belle île… » Et il a ajouté avec un fin sourire :
« Je repartirai sans la moindre rancoeur contre tes compatriotes, rassure-toi. Si les patrons sont cons, la population ne l’est pas. Les gens de ton pays sont d’une extraordinaire gentillesse et beaucoup m’ont offert leur amitié. J’ai hâte de me plonger dans tes lagons. Je n’en ai pas eu le temps jusqu’ici… Et aussi d’aller un peu me casser les pattes dans vos montagnes. Je connais la montagne, en bon auvergnat que je suis. Mais les vôtres sont incomparables… »
J’attends de vous une réponse claire, monsieur Serveaux, car je vous fais totalement confiance :
L’hôtellerie et la restauration réunionnaises sont-elles entachées de racisme ou de xénophobie ?
Peut-on refuser une collaboration, si qualifiée, fût-elle celle d’un Zoreil, quand on veut redresser un secteur économique en péril ?
Je vous remercie de l’attention que vous daignerez apporter à ma bafouille.
Quant à ceux qui me reprocheront de prendre la défense d’un Zoreil, pour leur éviter de gaspiller leur salive et de faire une crise de nerfs, je répondrai ceci : j’ai des amis créoles, chinois, malabars, zarabes, malgaches, kafs, comoriens… et même zoreils ! Prends deux ti-bois et allé batte la… !