Létitia Fraysse n’a pris la tête de Total Réunion que depuis environ 6 mois. A changement de direction, changement de style. Autant les autres patrons de compagnies pétrolières cultivent la discrétion, autant elle souhaite échanger le plus souvent possible avec la presse, dans un souci de totale transparence. Ce matin, les questions des journalistes se sont voulues pertinentes, parfois même impertinentes, et la présidente de Total Réunion ne s’est jamais départie de son sourire pour y répondre le plus précisément possible. Seul point où elle a refusé de répondre car les comptes ne sont pas encore définitivement arrêtés : « Quel bénéfice Total a réalisé en 2015 à la Réunion? » Selon elle, ce résultat serait en très net recul. « 2015 a été une mauvaise année. Nous n’avons certes pas perdu d’argent mais le bénéfice est proche de zéro« .
Ce souci de transparence s’explique, selon la patronne de la compagnie qui représente 27% du marché à la Réunion, par sa volonté de gagner la confiance des Réunionnais. Petit florilège des questions/réponses :
Les prix fixés par la préfecture sont des prix maximum. Rien ne s’opposerait à ce qu’un pétrolier ou un gérant de station-services décide de lancer une guerre des prix, à l’image de ce qui se passe en métropole, au plus grand profit des consommateurs réunionnais. Total est-il prêt à s’engager dans cette voie?
Les prix proposés à la pompe sont calculés au plus juste par les administrations pour que les différents maillons gagnent juste leur vie. Donc non, ce n’est pas dans les projets de Total à la Réunion. D’autant qu’en métropole, cette guerre a eu pour conséquence la fermeture de très nombreuses stations. A la Réunion, tous les acteurs du secteur ont très clairement fait le choix du maintien des emplois.
Certains de vos concurrents ont mis en place des cartes de fidélité qui peuvent permettre, en fonction du volume consommé, d’économiser quelques centimes par litre. Allez-vous vous engager vous aussi dans cette voie?
Pas pour le moment. Nous ne considérons pas que les cartes de fidélité sont un outil attendu par les Réunionnais.
Allez-vous équiper toutes vos stations de bornes de recharge pour les véhicules électriques ?
Nos nouvelles stations vont l’être. Total a en projet l’ouverture de deux nouvelles stations en 2016. Mais pour le moment, ce n’est que de la com’. Personne ne se sert des bornes déjà existantes. Il faut au minimum une demi-heure pour recharger une batterie. Qui est prêt à attendre une demi-heure aujourd’hui?
Les Réunionnais ont le sentiment que les prix augmentent très vite quand le pétrole s’envole, mais qu’ils ne baissent pas avec la même vitesse quand les prix dégringolent ?
Encore une fois, ce n’est pas nous qui fixons les prix, mais c’est la préfecture. Et croyez moi, le calcul de la structure des prix fait que ça suit intégralement la hausse ou la baisse. Avec simplement un décalage de 15 jours à un mois, histoire de prendre en compte les stocks que nous avons.
Le carburant est de moins bonne qualité à la Réunion qu’en métropole. Cela va-t-il changer ?
Lors d’une réunion récente à la préfecture, j’ai proposé de vendre du carburant « additivé » de meilleure qualité. Le préfet m’a répondu qu’il n’était pas contre, mais que ça devait être au même prix que les carburants existants. Ce n’est bien évidemment pas possible puisque ce serait un carburant auquel nous ajouterions des additifs, ce qui a un coût. Donc, pour le moment, il n’y a rien de changé.
Pourquoi s’approvisionner systématiquement à Singapour ? N’y a-t-il pas d’autres fournisseurs moins chers?
Le carburant de Singapour répond aux normes françaises. Tous les ans, nous faisons un appel d’offres à tous les producteurs et, pour le moment, le plus proche et le moins cher, c’est Singapour.