Nouvel angle d’attaque pour les victimes du Médiator. Après avoir fait vaciller le fabricant Servier, puis l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) dans un second temps, l’avocat de victimes réunionnaises, Maître Alain Antoine, livre une nouvelle approche.
"Ce n’est pas le médecin qui suit à la lettre son Vidal mais l’apprenti sorcier qui utilisait le médicament à toute autre fin", qu’envisage désormais d’attaquer l’avocat saint-paulois.
Une seule mauvaise prescription suffit
Pour l’heure, un médecin en particulier est en ligne de mire de l’avocat qui a pris sous sa coupe la demande du Collectif Mediator Réunion océan Indien. Mais quelle est la limite que s’impose l’avocat pour caractériser l’attitude douteuse d’un professionnel de santé?
"Toute prescription du Médiator contre son usage premier est déjà suffisant", répond l’avocat. Il n’est ainsi pas question de privilégier les mauvaises prescriptions en fonction de leur durée. "Une seule mauvaise prescription suffit pour engager la responsabilité du médecin", précise Me Antoine, ce qui laisse entrevoir une ribambelle de mises en cause. Encore faut-il les prouver.
Même s’il n’est nullement question de chasse à l’homme, le nom d’un premier médecin est pour le moment évoqué, sans évidemment être dévoilé car la justice sera saisie.
Deux actions sont entrevues. Une première au pénal pour mise en danger de la vie d’autrui car "adresser une molécule en contre-indication à un patient nous amène pas loin de l’homicide". En deuxième lame, et en présence d’une faute caractérisée, le juge civil devra également remettre ses conclusions. "A mon avis c’est acquis", affirme, sûr de sont fait, l’avocat en ce qui concerne le jugement au civil.
La "médecine de confort" dans le collimateur
La certitude qui entoure les agissements d’un médecin est complétée par la présence "d’une dizaine de victimes" à qui le Médiator a été prescrit pour maigrir. A écouter l’avocat, ce nouvel angle d’attaque vis-à-vis des prescripteurs eux-mêmes réveillera la conscience d’autres patients lésés qui hésitent peut-être encore.
Sur les autres plans évoqués plus haut, alors que le laboratoire Servier avait fait amende honorable en s’engageant à mettre la main à la poche, le cheminement judiciaire se poursuit vis-à-vis du "gendarme" de la mise sur le marché des médicaments, comme le dit Maître Alain Antoine. La brèche ouverte localement et qui a fait parler jusqu’en métropole sur la mise en cause directe de l’Afssaps est en cours. L’avocat saint-paulois n’en démord pas : "Je suis sûr qu’il y a une dépendance économique de l’Afssaps vis-à-vis de Servier". Un tableau aujourd’hui complété par la "médecine de confort" que fustige l’avocat.