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Les transporteurs de l’OTR ne veulent plus se laisser conduire par les donneurs d’ordre du BTP

​Ils en ont assez de ne pas être considérés. Des transporteurs regroupés sous la bannière de l’Organisation Transports Réunion réclament l’application de la grille tarifaire fixée par la comité national routier.

Ecrit par 1639 – le vendredi 24 février 2023 à 13H16

« C’est l’année où tout le monde va se casser la gueule », s’époumone Roger Narayanin Ramaye, représentant de l’OTR. Le transporteur aux 27 ans de métier s’entoure de confrères tout autant déterminés que lui. « Nous sommes des anciens membres élus de la FNTR (Fédération nationale du transport routier) », dit-il pour mieux situer leur positionnement actuel. L’OTR a été créée il y a sept ans. Elle était restée minoritaire dans les discussions mais ça pourrait bien changer.

« La nouvelle alternative c’est nous », indique Roger Narayanin Ramaye qui espère agglomérer ceux qui ne se reconnaissent plus dans la FNTR dont certains, chez eux, ont joué perso. 

« Aujourd’hui il est temps une fois pour toutes d’appliquer la grille tarifaire », lancent ces transporteurs réunis ce jour à Saint-Paul. 

La grille tarifaire est fixée par le comité national routier (CNR) mais son application locale est tombée dans l’oubli pour des raisons peu avouables. Sans doute que certains transporteurs ont fermé les yeux « en acceptant des p’tits bout de sucre de la part des donneurs d’ordre » en échange de leur silence mais ce temps est révolu, lancent-ils. 

L’indice tarifaire de la CNR a pour but de se calquer sur l’évolution des coûts du transport routier et de rétribuer au plus juste les professionnels de la route. Il est également ajusté en fonction du niveau d’investissement du chef d’entreprise. Plus ses investissements sont importants dans l’acquisition de matériel et dans l’embauche de salariés, plus il bénéficiera d’une grille tarifaire favorable financièrement. 

Rares sont ceux qui dégagent des bénéfices 

La mise en place de la grille tarifaire est d’autant plus attendue comme « la » solution que les coûts de revient n’ont cessé d’augmenter depuis une vingtaine d’années.  

Eric Perianin, 31 ans de métier et également ex de la FNTR dans laquelle il était entré en 2022, explique l’intenable équation à laquelle il est confronté en tant que chef d’entreprise. 

« En 2004, lorsqu’un camion nous revenait 130.000 euros, l’heure de transport était fixée à 53 euros. Aujourd’hui, ce même camion coûte 180.000 euros et les 53 euros n’ont pas bougé ! », illustre-il. Et le même exemple vaut pour les pneus, les pièces, la main-d’oeuvre, etc. 

Dans le schéma actuel, « il n’y a pas de rendement. Notre but c’est de travailler pour dégager des marges », ce qui est loin d’être le cas d’environ 80% des professionnels du secteur. 

Sur un plan plus général, les membres de l’OTR souhaitent, à travers l’application de cet index, de porter la profession « à sa juste valeur. On se sent comme des mendiants. On souhaite avoir un salaire digne », explique Roger Narayanin Ramaye. 

En plus de l’application de la grille tarifaire, le syndicaliste demande à ce que toutes les années où elle n’était pas appliquée fassent l’objet d’une « rétroactivité » de 15 ans afin de « rattraper » l’inflation des années sans index. 

L’OTR attend du préfet et du président de la CCIR qu’une table ronde soit organisée. Des courriers sont allés en ce sens aux deux institutions. « Le préfet est le garant de l’application des lois », lance Roger Narayanin Ramaye qui compte beaucoup sur l’arbitrage préfectoral mais aussi sur Pierrick Robert, « un transporteur comme nous ». 

Même s’ils ne souhaitent pas créer de zizanie et appellent au « rassemblement » pour tirer la profession « vers plus de reconnaissance », ces transporteurs s’interrogent sur l’attitude passée de la puissante FNTR qui n’a pas appuyé cette application de la grille localement. « Certains ont accepté les contrats avec la SBTPC, la GTOI,… mais à quel prix ? Ils travaillent à perte ! » révèlent-ils tout en espérant que les donneurs d’ordre vont cesser de dicter leur loi aux transporteurs.   

« Il est temps de mettre les pendules à l’heure. Il faut qu’on nous respecte. Aujourd’hui, c’est qui qui fait le prix ? C’est le donneur d’ordre », ruminent les intéressés qui rappellent qu’ils ne peuvent se projeter dans l’avenir dans ces conditions, ni créer de l’emploi ni honorer les prêts garantis par l’Etat ni renouveler une flotte vieillissante .

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