Derrière le magnifique banian du rond point de la CGSS sur le boulevard sud, une publicité gigantesque se dresse dans le ciel : d’immenses lettres de couleur rose et jaune dépassent même les branches de l’arbre centenaire. Impossible de l’ignorer.
« C’est bizarre de mettre une pub aussi grande ici, surtout qu’il y avait une belle fresque à cet endroit, nous indique un habitant de l’immeuble, je comprends que certaines personnes trouvent cette affiche envahissante. »
Même chose du côté du boulevard Lancastel : quiconque lève les yeux pour admirer les hauts de Saint-Denis, tombera forcément sur cette gigantesque affiche publicitaire, haute de 4 étages sur le mur de la résidence « Jardins de la romance », et qui vend tantôt les services d’une banque, tantôt les bienfaits des fonds sociaux européens.
Visible depuis le sentier littoral, il ne serait pas surprenant que les touristes atterrissant à La Réunion l’aperçoivent également depuis l’avion.
Et enfin, c’est sur le boulevard Sud que les passants voient leurs regards monopolisés par l’immense affiche d’une compagnie aérienne, fixée sur le mur de la résidence « Univers ».
Sur ces axes très fréquentés du chef-lieu, ces affiches surdimensionnées imposent leurs messages aux milliers de clients potentiels qui y circulent chaque jour. Mais au lieu de tenter d’attirer leur regards, elles monopolisent l’espace visuel et contrastent fortement avec leur environnement.
Des murs qui rapportent
La publicité est un marché lucratif à La Réunion, avec plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012 selon une étude Ipsos. Et en plus des professionnels du secteur, ceux qui fournissent des espaces aux afficheurs peuvent également en profiter.
Les bailleurs sociaux et les propriétaires privés peuvent louer les façades de leurs immeubles à des afficheurs, qui s’occupent ensuite de vendre ce nouvel espace publicitaire à des annonceurs. Un revenu supplémentaire non négligeable pour les propriétaires :
« L’ensemble de ces locations que nous pouvons faire sur des parties de terrains où comme à Vauban sur la façade d’un immeuble, représentent un revenu supplémentaire qui s’élève autour des 150.000 euros par an. Ce revenu nous permet de couvrir nos taxes foncières, notamment sur les terrains non-bâtis qu’il faut continuer à entretenir », explique la SIDR.
Les locataires du bâtiment que nous avons rencontrés assurent ne pas avoir été informés de l’affichage de cette publicité ni des revenus qu’elle apporte. Ils regrettent que cela n’ait aucun impact sur leur loyer.
Une révision du règlement local de publicité (RLP) pour 2020
Suite à la rénovation des bâtiments SIDR des Camélias, la commune avait demandé au bailleur social de faire retirer les panneaux publicitaires localisés sur ses terrains, pour que les habitants puissent profiter pleinement de l’esthétique nouvelle des lieux. Car c’est bien la commune qui définit les règles à suivre en termes d’affichage publicitaire.
Une révision du RLP (règlement local de publicité) de Saint-Denis est prévue avant juillet 2020. Cet outil d’aménagement du territoire a pour objectif de « préserver le cadre de vie des habitants en portant un soin particulier à la protection des espaces verts et à la mise en valeur du patrimoine architectural et paysager. »
Une concertation publique est en cours et les Dionysiens peuvent donner leur avis sur la réglementation de la publicité dans le chef-lieu. Plusieurs réunions publiques ont d’ailleurs été organisées par la mairie en début d’année.
Cette publicité géante pour un opérateur mobile cache désormais la très jolie fresque de l’artiste TATA, qui ornait le mur de la résidence SIDR depuis 2016. « Nous étions déjà en contrat avant la réalisation de la fresque, l’afficheur n’avait simplement pas mis de panneau à l’époque. Mais sous la bâche publicitaire, l’oeuvre est restée intacte » nous précise le bailleur social.