C’est un rituel qui précède chaque élection : la mise sous pli de la propagande électorale. Elle est effectuée pour l’essentiel par exactement 605 demandeurs d’emploi, choisis par deux associations, la Bourse d’Aide aux Chômeurs (BAC) et le Comité Réunionnais d’Insertion Par l’Emploi (CRIPE).
Ce vendredi matin, le préfet de La Réunion, Jean-Luc Marx, accompagné du secrétaire général de la Préfecture, Xavier Brunetière, s’est rendu au gymnase Jules Reydellet, à Saint-Denis, lieu choisi pour effectuer ce travail minutieux pour les communes du chef-lieu, de Sainte-Marie et de Sainte-Suzanne. Une tâche qu’il explique, non sans une certaine nostalgie, avoir accompli durant sa jeunesse : « en commençant dans l’administration, j’ai passé quelques nuits à la tâche de la mise sous plis, puisque c’était un complément de revenus qui était intéressant pour des jeunes démarrant dans la vie« , se rappelle-t-il.
Dans le quartier du Bas de La Rivière, ce sont donc 145 demandeurs d’emplois, rémunérés à l’enveloppe (0,24 euro par pli effectué, au deuxième tour la rémunération sera de 0,19 euro) qui s’affairent depuis mercredi dans une ambiance studieuse. Ils sont 230 à Saint-Pierre (qui effectue la mise sous pli des professions de foi dans dix communes), 150 à Saint-Paul et également 80 à Saint-Benoît. La mise sous pli sera terminée au plus tard dans la journée de samedi.
La mise sous pli coûte 230.000 euros à l’Etat
Une fois pourvue des professions de foi de toutes les listes concourant pour les élections municipales, les enveloppes sont mises en place dans des caissettes, que les agents de La Poste acheminent au fur et à mesure dans les centres de tri. Au total, or frais de La Poste, le budget de la mise sous pli à La Réunion représente un coût de 230.000 euros pour l’Etat.
« Nous faisons le nécessaire pour que chaque électeur reçoive dans sa boîte aux lettres la propagande électorale, c’est à dire la profession de foi de chacune des listes qui se présente devant les citoyens pour obtenir leurs suffrages à la fin de gérer soit la commune, soit l’intercommunalité, puisque c’est la première fois en France que nous votons concomitamment pour des conseillers municipaux et communautaires« , rappelle Jean-Luc Marx.
Ce dernier justifie d’avoir fait appel à des demandeurs d’emplois pour effectuer cette tâche : « Notre obligation, c’est de faire en sorte que la propagande soit délivrée aux électeurs. Sur la méthode, nous avons toute une marge de possibilités. Le choix qui a été fait ici est de faire appel, pour l’essentiel, aux demandeurs d’emploi. La situation du chômage est telle à La Réunion que toute opportunité doit être saisie pour fournir du travail à ceux qui en souhaitent« , indique le préfet.
Un travail encadré par le bureau des élections de la Préfecture. Une magistrate, présidente de la commission de propagande, « veille à ce que ce processus soit évidemment conforme à la règle du code électoral« , ajoute Jean-Luc Marx.
La distribution des plis perturbée par une grève ?
Si aucune profession de foi n’a été recalée par le bureau des élections, il y a quelques règles à respecter. Le bleu, blanc, rouge, doit par exemple être utilisé avec parcimonie. « On ne doit pas utiliser abusivement nos trois couleurs nationales pour laisser à croire qu’il y aurait, sur telle ou telle candidature, une connotation ou un label officiel ».
A noter également que le remboursement de la propagande électorale n’est pas effectué si les candidats ne respecte pas les normes environnementales en utilisant du papier recyclé. Quant à la menace d’une grève à La Poste à partir de lundi, jour où doit débuter la distribution des professions de foi, elle ne semble pas inquiéter outre mesure le préfet de La Réunion.
« A ce stade, je n’ai pas confirmation qu’un préavis a été déposé. Le voeu que je formule, c’est qu’en cette période on puisse laisser le travail de La Poste s’effectuer, puisqu’il est totalement lié à l’expression démocratique électorale et qu’il serait vraiment dommage que cet outil de connaissance d’information et de choix que représentent les professions de foi ne puissent être entre les mains de nos électeurs », souligne Jean-Luc Marx.
Et si la mobilisation était grande, envisagerait-il une réquisition des services de La Poste, comme il avait procédé pour les stations-service pendant la grève des carburants ? « On en n’est pas là !« , conclut-il.