

"La perspective est totalement assombrie", assure Michel Dijoux, dans le secteur depuis près de 20 ans. Pour lui, le photovoltaïque est "une filière qui a montré son excellence". Denis Legallais, de la société Sowatt acquiesce : "l'Université de La Réunion a investi énormément dans la mise en place de formations pour former des techniciens locaux, aujourd'hui, tous ces efforts sont remis en cause".
A l'île de La Réunion, le secteur représente environ 600 emplois directs. Il y a fort à parier que le marché se resserrera dans les mois à venir où ne subsisteront que les spécialistes du solaire. Il faut dire que le secteur avait eu tendance à bénéficier d'un effet d'aubaine grâce à la forte défiscalisation.
De trois installateurs il y a moins de dix ans, ils ne sont pas moins de 14 à se partager le marché aujourd'hui. Michel Dijoux, de la société éponyme, se veut plus catégorique : "je vais être franc, la disparition sur le marché des non-spécialistes du photovoltaïque, je le souhaite vivement. Il y a eu trop d'abus".
Un manque de visibilité dans les décisions politiques
Le rabot du crédit d'impôt pour le particulier, passant de 50% à 25%, confirmé mercredi en Conseil des ministres, ramène donc La Réunion au taux pratiqué en métropole. Les particuliers hésiteront d'autant plus à s'engager.
Selon Patrice Galbois, de la Corex, l'écart de rentabilité entre un particulier habitant à Nice par rapport à un particulier de la Réunion était déjà paradoxal. A la Réunion, les risques cycloniques font que les installations ne doivent pas dépasser une certaine taille, si bien que même si le taux d'ensoleillement est plus élevé à la Réunion, un particulier réunionnais faisant le choix d'une installation gagne environ 1.000 euros de moins qu'un niçois.
Les professionnels regrettent que des mesures incitant à l'accession de l'île à l'autonomie énergétique soient remises en cause aussi tôt, alors que le photovoltaïque commence à faire ses preuves. Yan Rivière, de la société Gaïa, demande de la visibilité : "l'investisseur a besoin d'un horizon de quatre à cinq ans pour entreprendre. Les mesures ne peuvent être incitatives en 2009 pour devenir contraignantes un an plus tard".
"Nous allons solliciter les parlementaires"
Les professionnels du secteur commencent tout juste leur conciliabule. Ces derniers pensent solliciter l'ensemble des parlementaires locaux, voire même se trouver des points communs avec l'inter-parlementaire domien, un groupe constitué d'une quarantaine de parlementaires des DOM-TOM.
"Nous demandons un soutien du gouvernement, il s'agit de soutenir la filière pour que dans quelques années le photovoltaïque ne coûte pas plus cher que le fioul ou le charbon à la Réunion", conclut Denis Legallais.