Crise sanitaire, plan de relance, logement, biodiversité, agriculture, tourisme ou encore éducation : voilà les principaux dossiers sur lesquels s’est penché Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, lors de sa visite à La Réunion la semaine dernière.
Cependant, pour l’intersyndicale CGTR, FSU, SAIPER et SOLIDAIRES, le ministre n’a pas répondu de manière satisfaisante à leurs revendications. « Les revendications d’avant la phase Covid sont d’autant plus légitimes aujourd’hui », indique Pascal Hoareau de l’union syndicale Solidaires. « Tout n’est que parole dans ce gouvernement, il y a beaucoup de baratin », s’indignait ce jeudi Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale de la FSU.
Réunis ce jeudi, les représentants syndicaux ont rappelé l’ensemble des points à revoir. En commençant par le plan de relance qui « ne doit pas s’inscrire dans la même lignée que les précédents plans d’aide aux entreprises », selon Jacques Bhugon, porte parole de l’intersyndicale, et secrétaire général de la CGTR Métallurgie et des services de l’Automobile. La CGTR réclame plus de soutien pour les entreprises locales, touchées de plein fouet par la crise sanitaire et économique. « Il faut un plan de rupture avec cette politique qui consiste à culpabiliser les salariés aujourd’hui », déclare-t-il.
« Si l’hôpital public avait répondu aux revendications de son personnel, il y aurait probablement eu moins de morts »
L’intersyndicale a également été unanime sur la nécessité pour le gouvernement d’apporter son soutien au service public. « La crise sanitaire a montré que les services publics étaient essentiels pour amortir les aspects de la crise », affirme Marie-Hélène Dor. Et parmi les services publics les plus impactés par la crise Covid, les services hospitaliers. L’intersyndicale juge que les revendications du personnel soignant sont encore ignorées : « Si l’hôpital public avait d’emblée répondu aux revendications de son personnel, il y aurait probablement eu moins de morts », s’indigne la syndicaliste de la FSU.
Hausse du nombre de places en réanimation, revalorisation des salaires, davantage de moyens financiers pour le recrutement et les équipements… Les revendications d’avant Covid sont toujours d’actualité, et elles ont justement été exacerbées par la crise sanitaire. « Les réactions du gouvernement ne sont pas à la hauteur des demandes et des besoins », estime Didier Debals, le porte-parole du SAIPER.
« Ce qui n’est pas toléré dans les entreprises l’est dans les écoles »
Autre grand dossier : l’école. Marie-Hélène Dor note un « relâchement des mesures, un protocole allégé » alors même que l’épidémie s’intensifie sur notre île. Entre port du masque et distanciation physique, le protocole de rentrée a été assoupli par rapport à la période de mai/juin. Son collègue du SAIPER s’interroge lui aussi : « Dans les écoles, les classes font 60m², pour 30 élèves. Ce qui n’est pas toléré dans les entreprises l’est dans les écoles ». Didier Debals rappelle aussi, ce jeudi, le combat de son syndicat pour la création de postes d’enseignants à La Réunion.
« Le refus de la prise en charge des masques gratuits pour les élèves, c’est scandaleux »
Enfin, l’intersyndicale aborde la question des masques. A l’école d’abord. La secrétaire départementale de la FSU déplore le retard des masques pour le personnel enseignant : « on vit sur les stocks de juin, donc il n’y a pas d’anticipation, contrairement à ce que dit la rectrice ». Et son camarade de la CGTR Jacques Bhugon d’ajouter que« le refus de la prise en charge des masques gratuits pour les élèves, c’est scandaleux. Cela va coûter aux familles 30€ par enfant par mois ». Selon le syndicaliste, Ils devraient être fournis gratuitement aux familles, par l’Etat.
Après l’évocation du sort des parents d’écoliers, Jacques Bhugon poursuit sur sa lancée, pour le monde de l’entreprise cette fois. Ils seront obligatoires dès le 1er septembre pour tous les espaces clos partagés. « Il faut des précisions, des recommandations claires et nettes », s’inquiète-t-il en demandant à ce que leur mise à disposition soit « assurée par les employeurs, il faut des masques gratuits pour les employés ». Jacques Bhugon souligne l’absence de matériels de protection dans certains secteurs et notamment celui des transports, où « il n’y a pas de masques à disposition ».
Manifestation le 17 septembre à Saint-Denis
Pour toutes ces raisons, l’intersyndicale CGTR, FSU, SAIPER et SOLIDAIRES appelle à la mobilisation dans trois semaines. La manifestation interprofessionnelle partira le 17 septembre, à 9h, du Jardin de l’Etat jusqu’à la préfecture. La tenue de cette mobilisation a été validée par la préfecture, pour peu que la distanciation physique et le port du masque soient respectés par les manifestants.