LES MORTS DE SAINT-PHILIPPE SONT-ILS PLUS MECHANTS QUE LES AUTRES ?
Ce papier d’humeur pourrait aussi bien s’intituler « Ou bien certains habitants de Saint-Philippe sont-ils vraiment plus cons que d’autres ? » Ou encore « Cachez-moi ces saints que je ne saurais voir ! » Vous préférez quoi ?
A priori, l’affaire fait sourire à cause du ridicule qui, etc., etc. Des habitants proches du cimetière se révoltent contre leur municipalité qui prévoit d’élargir leur cimetière. Ils devraient être contents. Eh bien non ! Car cet agrandissement se fera vers les maisons d’un lotissement tout proche, ce qui mettra ses habitants à proximité directe du saint lieu. De leurs fenêtres, ils auront une vue imprenable sur les tombes.
Et ça, ça leur fout une trouille du tonnerre de Dieu.
Je croyais naïvement que les morts étaient les gens les plus paisibles de la planète.
Il n’y a pourtant aucun lieu au monde où la sérénité soit plus grande. Les défunts sont gens très conviviaux. Ils ne disent rien, ne réclament rien, se contentent d’une petite visite le 1er novembre (alors que le Jour des Morts est le 2 novembre !), de quelques fleurs, une prière vite marmonnée entre l’église et la pâtisserie, et c’est tout.
Ce conflit de voisinage prend même des allures politiques puisque le petit chéri du petit Napoléon de Moufia, le ci-devant maire Olivier Rivière, vient de mettre au rencart un adjoint qui prend fait et cause pour les insurgés de l’au-delà. Ridicule, quand tu nous tiens…
Cette trouille qui les fait virer au vert est quand même paradoxale. Le créole aime ses cimetières et fait tout ce qu’il peut pour qu’ils aient allure coquette. Il y a même une amicale compétition et l’on cite à l’envi les jolis petits lieux de repos éternel. Cilaos, Hell-Bourg, Sainte-Suzanne sont les plus souvent nommés.
Mais alors, pourquoi les gens de Saint-Philippe ont-ils peur de voir « leurs » tombes ? Le commun des « mortels » y perd son latin.
Nombre de SDF de l’île y dorment la nuit car là au moins, ils ne craignent rien. Et puis, tiens… le cimetière de Saint-Pierre, le plus fréquenté la nuit avec tous les services des fêlés de la cafetière qui y offrent service sur service à Sitarane. Pour avoir de la chance, réussir au permis de conduite, expédier dans un monde meilleur l’épouse de son amant, etc.
Dès potron minet, les bouteilles sont vides et les paquets de clopes envolés ; et les SDF de Saint-Pierre beurrés comme des petits LU. La terreur inspirée par le célèbre criminel, ils en ont rien à secouer.
Preuve que les morts sont calmes, paisibles, pacifiques même… bons vivants si j’ose dire.
Jules Bénard
Ce papier d’humeur pourrait aussi bien s’intituler « Ou bien certains habitants de Saint-Philippe sont-ils vraiment plus cons que d’autres ? » Ou encore « Cachez-moi ces saints que je ne saurais voir ! » Vous préférez quoi ?
A priori, l’affaire fait sourire à cause du ridicule qui, etc., etc. Des habitants proches du cimetière se révoltent contre leur municipalité qui prévoit d’élargir leur cimetière. Ils devraient être contents. Eh bien non ! Car cet agrandissement se fera vers les maisons d’un lotissement tout proche, ce qui mettra ses habitants à proximité directe du saint lieu. De leurs fenêtres, ils auront une vue imprenable sur les tombes.
Et ça, ça leur fout une trouille du tonnerre de Dieu.
Je croyais naïvement que les morts étaient les gens les plus paisibles de la planète.
Il n’y a pourtant aucun lieu au monde où la sérénité soit plus grande. Les défunts sont gens très conviviaux. Ils ne disent rien, ne réclament rien, se contentent d’une petite visite le 1er novembre (alors que le Jour des Morts est le 2 novembre !), de quelques fleurs, une prière vite marmonnée entre l’église et la pâtisserie, et c’est tout.
Ce conflit de voisinage prend même des allures politiques puisque le petit chéri du petit Napoléon de Moufia, le ci-devant maire Olivier Rivière, vient de mettre au rencart un adjoint qui prend fait et cause pour les insurgés de l’au-delà. Ridicule, quand tu nous tiens…
Cette trouille qui les fait virer au vert est quand même paradoxale. Le créole aime ses cimetières et fait tout ce qu’il peut pour qu’ils aient allure coquette. Il y a même une amicale compétition et l’on cite à l’envi les jolis petits lieux de repos éternel. Cilaos, Hell-Bourg, Sainte-Suzanne sont les plus souvent nommés.
Mais alors, pourquoi les gens de Saint-Philippe ont-ils peur de voir « leurs » tombes ? Le commun des « mortels » y perd son latin.
Nombre de SDF de l’île y dorment la nuit car là au moins, ils ne craignent rien. Et puis, tiens… le cimetière de Saint-Pierre, le plus fréquenté la nuit avec tous les services des fêlés de la cafetière qui y offrent service sur service à Sitarane. Pour avoir de la chance, réussir au permis de conduite, expédier dans un monde meilleur l’épouse de son amant, etc.
Dès potron minet, les bouteilles sont vides et les paquets de clopes envolés ; et les SDF de Saint-Pierre beurrés comme des petits LU. La terreur inspirée par le célèbre criminel, ils en ont rien à secouer.
Preuve que les morts sont calmes, paisibles, pacifiques même… bons vivants si j’ose dire.
Jules Bénard