
Avez-vous vu Demain, ce documentaire qui ouvre grandes les portes vers l’avenir ? On y découvre des personnes en train de redéfinir la prospérité à l’aide de la monnaie. Naïve, cette envie de changer quelque chose alors que tout semble bloqué ? Certes non, en pratique comme en théorie, les alternatives qui contribuent à transformer notre société ne manquent pas dans le domaine monétaire.
La monnaie, c’est compliqué. "Lorsqu’un économiste affirme qu’il a enfin compris ce que c’est, c’est probablement parce qu’il n’a pas assez réfléchi", a observé Herman Daly, économiste venu à la monnaie par le biais de l’écologie. A poser la question aux historiens ou aux anthropologues, on apprend que la monnaie est bien plus ancienne et plus universelle que le capitalisme, et même que le marché. Que sa fonction première est de faire société. Pas la monnaie telle que nous la connaissons. Celle-ci génère des crises à répétition et affiche une parfaite indifférence à tous les grands défis de notre époque. C’est une monnaie captive : trop de finance, pas assez de régulation.
Techniquement, rien n’empêche de la réinventer, dès demain : limiter le poids de la finance, renforcer les banques publiques et redéfinir leurs missions, décentraliser le crédit, orienter la monnaie vers des objectifs socialement souhaitables… Reste à mettre ces idées au coeur d’un projet politique qui donne envie.
Parallèlement aux propositions de réforme du système, une multitude d’initiatives réinventent aujourd’hui la monnaie "par le bas" : monnaies locales, banques de temps, circuits de crédit mutuel… C’est une manière là encore de se réapproprier la monnaie pour la mettre au service des territoires et de la transition écologique. L’idée séduit et les initiatives se multiplient. Reste à réunir les conditions de leur réussite, pour éviter que la vague retombe une fois l’effet de mode passé. Ce qui suppose de les intégrer à des projets plus globaux de transformation de l’activité sur les territoires, associant acteurs privés, organisations sociales et solidaires et acteurs publics. C’est ce que tentent de faire le Coopek en métropole, ou localement la CIR (Coopérative Intégrale Réunionnaise). Cette initiative sera développée lors du prochain "Village des Alternatives" qui se déroulera le dimanche 4 décembre 2016 à La Possession, Plateau Festival.
Les alternatives monétaires locales et complémentaires forment autant d’outils pour la transition écologique et la résilience de nos sociétés, face au "Peak Oil", "Peak All", et changement climatique.
Une transition qui ne se limite pas à la question environnementale au sens étroit, mais interroge tout autant notre modèle économique et social que nos modes de décision : la qualité de notre démocratie.
Plus d’infos : http://aid97400.re
Dr Bruno Bourgeon, président d’AID, #NuitDebout