Dans un petit village isolé, du « tan lontan » … les homo-sapiens avaient pris l’habitude de se rencontrer tous les soirs à la veillée sous la bienveillante protection de l’arbre du village.
Ils se racontaient des histoires, jouaient leur musique, dansaient leurs danses, inventaient des explications à ce qu’ils ne pouvaient comprendre sans jamais omettre de teinter leurs interventions du cachet particulier de leur simplicité et de leur joie de vivre sous le soleil, en harmonie avec la nature généreuse de leur village. Le travail était rude mais les besoins simples.
Les plus vieux excellaient dans l’art de raconter des histoires à faire mourir de peur les plus jeunes ce qui avait pour effet de les maintenir dans la case dès le coucher de l’astre du jour.
Beaucoup d’années ont passé… les homo-sapiens se sont multipliés… Il devenait impossible de réunir tout le monde dans le même village, sous le même arbre.
Les villages se sont multipliés… et pour communiquer, ils (les homo-sapiens) s’envoyaient des signaux de fumée.
Beaucoup d’autres années ont passé et même si le bois ne manquait pas, plus personne ne voulait se salir les mains à allumer le feu parce que les marchands de messages avaient fait leur apparition. Cela fut accueilli par les homo-sapiens comme un progrès considérable. Ils pouvaient maintenant envoyer des messages à d’autres homo-sapiens magnifiques éloignés, tout en ignorant les homo-sapiens communs qui habitaient le même village qu’eux.
Les marchands de messages ont prospéré et peuvent maintenant, en toute impunité, prendre dans les greniers des homo-sapiens ce qui leur plaît, en compensation réelle ou virtuelle du bienfait qu’ils ont apporté.
Bertel de Vacoa