Celui-ci n’a pas manqué d’alerter l’opinion publique mais surtout les institutions qui sont censées être les garde-fous de ce type d’organisme qui bénéficie de fonds publics.
C’est le cas de Soliha, une association loi 1901 agissant dans le secteur de l’amélioration de l’habitat. Elle accompagne les ménages réunionnais dans leur projet d’amélioration ou de construction. Elle est agrée par l’Etat et le Conseil départemental pour aider les ménages à revenus modestes qui sollicitent des aides de l’Etat et du Département.
Ce jeudi matin donc, revoilà quelques salariés devant le tribunal de Saint-Denis pour marquer le coup, une énième fois. Mais cette fois-ci, ils disposent d’un éclairage supplémentaire qui vient appuyer leurs doutes. Il s’agit du rapport du commissaire aux comptes.
Au lendemain de leur manifestation du jeudi 4 août, et comme par hasard, les comptes 2019-2020 de l’association étaient enfin consultables. Son contenu les conforte dans les doutes qu’ils avaient exposés sur la place publique dès le début du mouvement social.
L’argent dû au Département réaffecté en produit exceptionnel
Ils y découvrent que l’association a entamé des discussions avec le Département en ce qui concerne le paiement de la dette de 1,8 million d’euros due par Soliha. Mais dans la foulée, le rapport du commissaire aux comptes constate qu’« aucun accord définitif n’a été formalisé à ce jour entre les parties, tant sur le montant que sur les modalités de paiement. Par conséquent, l’association a décidé de reprendre la dette en profit exceptionnel à hauteur de 1,8 million d’euros et de doter une provision pour risque pour un montant de 865.000 euros ».
« Ce million de dettes, ce sont des fonds qui étaient dédiés aux familles. Ce sont des dossiers qui n’ont pas abouti, illustre Clara Derfla pour marquer son étonnement de voir cet argent affecté au chapitre des « produits exceptionnels » en attendant que les négociations avec le Département aboutissent.
Ce mouvement comptable ajoute ainsi de l’eau au moulin des grévistes qui n’ont eu de cesse de s’interroger sur le réel droit de regard des institutions sur l’activité de Soliha.
« Quand on voit que les comptes ne sont pas publiés alors que c’est obligatoire, ça ne m’étonne pas », ajoute la présidente du syndicat UR974.
Alors que la conseillère départementale Viviane Payet Ben Hamida a été désignée en début de mandature en tant que présidente du conseil d’administration de Soliha, Clara Derfla s’interroge sur le silence du Département. « Ils ont eu copie de la plainte anonyme déposée en avril dernier. ça n’a fait réagir personne au Département. Et ce n’est pas la seule institution, Soliha est agréée par la DEAL. Je suis obligée de dire : ‘est-ce que zot lé là pou fé le tas ou est-ce que c’est pour faire en sorte de savoir si l’argent du Département est bien géré ?' » interroge sèchement la syndicaliste qui pousse même l’idée d’une complicité en haut-lieu tellement il leur est difficile d’obtenir des réponses à ce jour.
Avec cet éclairage apporté dans ce rapport du commissaire aux comptes, « on a la preuve que les grévistes avaient raison d’alerter les institutions. Les salariés sont en grève depuis 3 mois », rappelle Clara Derfla pour mettre l’accent sur le silence assourdissant qui entoure ce dossier.