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Les gérants de stations-service très inquiets face au projet de la CCIRPP

Le projet d'importation de carburant de Singapour par la Chambre des carburants d'Intérêt régional et des produits pétroliers interpelle le syndicat des gérants de stations-service de la Réunion. Passer d'un modèle administré à un modèle de libre concurrence ne serait pas forcément l'équation gagnante pour la société réunionnaise. Juste une question de lecture ?

Ecrit par zinfos974 – le mardi 23 août 2011 à 18H12

 

Un gasoil moins cher vaut-il le sacrifice de plus d’un millier d’emplois ? Les mondes des transporteurs et des stations-service se déchirent autour de la question de l’importation de carburant en provenance d’Asie et de ses conséquences sur le long terme.

En attendant de voir l’arrivée effective du premier cubis sur le sol réunionnais dans deux mois environ (selon les informations délivrées la semaine dernière par le bureau de la CCIRPP), les interrogations se multiplient autour de ce gasoil à 0,87 cts le litre au 22 août.

Moins cher, mais pour combien de temps ? C’est la question que se pose le syndicat des gérants de stations-service qui regrette de ne pas avoir été consulté par les autorités préfectorales mais aussi par la CCIR qui, soit-dit en passant, ne verrait pas d’un bon oeil la confusion intellectuelle entre la CCIRPP et la CCIR.

"Le modèle actuel est celui d’un modèle administré où les prix sont fixés par l’autorité préfectorale. On peut critiquer celle-ci mais toujours est-il qu’elle permet de maintenir un service à la pompe", tranche pour sa part Gérard Lebon, président du syndicat des gérants de stations-service de la Réunion.

Ce qui surprend toujours autant le représentant syndical, c’est l’obstination de ces quelques élus de la CCIR "qui veulent se faire voir" en baissant ce fameux budget carburant, alors que d’autres postes comme l’usure des pneus ou le coût des pièces détachées mériteraient qu’on s’y intéresse. En clair, le coût du carburant a toujours bon dos. "Si l’on y regardait de plus près, je ne suis pas sûr que le prix du pneu et donc du caoutchouc soit en baisse", précise Gérard Lebon. Pour lui, chaque transporteur a aussi le devoir de s’adapter à la conjoncture des marchés publics. Une manière de dire que les grands travaux ne se commandent pas et qu’un minimum de perspective de la part du chef d’entreprise devrait être une attitude plus répandue.

1.500 emplois menacés

Le modèle de contrôle qui impose un prix unique à la pompe, au Nord ou au Sud de l’île, sur le littoral ou dans les hauts, préserve l’emploi selon Gérard Lebon, mais également la proximité des points de ravitaillement. "On ne se pose pas la question de savoir si dans le cas d’un marché de libre concurrence, il y aurait une station à proximité de chaque automobiliste ? Si ce projet fonctionne, ce sont 1.500 pompistes et personnels des 150 stations de l’île qui seront sur la touche", prévoit-il.

Toujours sur un ton grave, il parle de la disparition d’un modèle économique qui ne fonctionne pas si mal aujourd’hui. Il ne tarde d’ailleurs pas à évoquer l’expérience métropolitaine qui a montré qu’à la libéralisation du prix du carburant, les prix constatés à la baisse dans les premiers mois sont ensuite remontés implacablement, suivant le cours du marché. "C’est exactement ce qui va se passer ici", prévient-il. En échange, les Réunionnais perdront le service à la pompe dont ils bénéficient grâce au cadre protecteur du "gendarme" institutionnel : la Préfecture.

Loin de rester inactif sur ce dossier, le syndicat compte bien demander audience auprès des interlocuteurs institutionnels concernés. Selon lui, l’autorité préfectorale doit préciser dans quel modèle économique les professionnels doivent s’inscrire: "Quid du décret qui contraint la fixation des prix à la pompe chaque mois par la Préfecture ?". En attendant d’avoir des éléments de réponse, il ne cesse de mettre en garde : "Attention à sortir d’un système administré, les Réunionnais vont pleurer".  

 

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