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Les gaietés de la correctionnelle

Il n’y a pas de petits ni de grands procès ! Il n’y a que des justiciables devant rendre compte de leurs actes et pour tout accusé, accusé de crime ou de simple trafic de zamal, l’instant où l’on se présente à la barre est toujours angoissant. Sauf dans le cas de quelques clampins qui […]

Ecrit par Jules Bénard – le mercredi 06 février 2019 à 09H53

Il n’y a pas de petits ni de grands procès !

Il n’y a que des justiciables devant rendre compte de leurs actes et pour tout accusé, accusé de crime ou de simple trafic de zamal, l’instant où l’on se présente à la barre est toujours angoissant. Sauf dans le cas de quelques clampins qui s’en f… royalement car détachés des contingences de ce bas monde.

Les audiences d’assises sont plus graves car il s’agit de crimes ; le tribunal correctionnel n’entend que les délits.

J’aime suivre les audiences de la correctionnelle car à travers les multiples délits qui y sont jugés, c’est là qu’on sent battre le coeur de La Réunion. Mille cas arrivent là, jamais les mêmes.

C’est là, avec une radio que chacun connaît (même si on ne l’aime pas), que les gens s’expriment, tous les gens, avec toutes leurs diversités. On y sent vraiment battre le coeur de l’île.

Et ce n’est pas toujours triste, parole.

Tout dépend en grande partie du (ou de la) président(e) en premier lieu. Certains sont aussi gais que l’incinérateur de Moufia. D’autres, pince-sans-rire, s’en donnent à coeur-joie sans avoir l’air d’y toucher.

Ensuite l’accusé, qui se coupe, se recoupe, s’emberlificote dans des absurdités que ne commettrait pas un môme de 8 ans.

Les avocats ensuite. Il y a des ténors parmi nos « baveux » (ce n’est pas une insulte, juste un terme courant, tout comme j’accepte qu’on me traite de scribouillard). Mais d’autres, en revanche… quelle plaie !

« Tous aux abris ! »

Les accusés sont souvent de fieffés crétins !

Ce mardi comparaissait un guignol sudiste ayant tenté sa chance dans une cambriole dans l’Ouest. Certes, c’est pas l’affaire Dreyfus. Mais le mec, lui…

Jonathan devait répondre de tentative de vol. Tentative seulement car il s’est lamentablement planté. N’est pas Lupin qui veut : lui, c’est plutôt Croquignol.

Un jour comme ça, le voici convoqué à la gendarmerie pour une histoire de conduite sans permis. Arrivant chez les pandores, il aperçoit un portefeuille trainant bêtement sur un bureau. Ni une ni deux, il se l’enfourne.

Avant que ce jeune homme bien sous tous rapports n’arrive à la barre des prévenus, le président Molié lui lance :

« J’ai averti mes assesseurs : s’ils vous aperçoivent, ils mettent leurs portables et leurs porte-monnaie à l’abri ».

« À quoi avez-vous utilisé l’argent volé ? » demande benoîtement le président au prévenu dans une autre affaire.

« Prende le bus sinonsa manger ». – « Et… c’était bon, le manger ? » Mimique d’incompréhension du bonhomme… « Oui, parce qu’aux frais de la princesse, ajoute le Président, c’est toujours meilleur ». L’autre n’a pas vraiment percuté.

Même abruti, même jour

Dans l’affaire J.S, si l’on voulait bien suivre son avocat, le tenancier, en cognant ses voleurs, a quasiment rendu service à la société. Dame ! Il les a dénoncés aux gendarmes. Tandis qu’un des sacripants tentait de se justifier : s’il a suivi les autres, c’est pour pas perdre la face et faire comme tout le monde. Donc… voler comme tout le monde. Inénarrable !

Ce même abruti, ce même jour, devait répondre de destruction de mobilier urbain. À savoir flanquer le feu dans des containers communaux. Pourquoi l’accuser, ce malheureux jeune homme ? Il n’avait sur lui qu’une petite fiole emplie d’un mélange d’alcool à brûler et essence.

Et son avocat d’affirmer avec une rectitude de fil-à-plomb : « On se demande si ce liquide est vraiment inflammable ». Ben même moi, qui ai toujours été archi-nul en physique-chimie, je peux affirmer au cher maître : « Oui ! »» Et ça crame bien. J’ai même failli me roussir la moustache que je n’avais pas encore.

Ce même mardi 5 février, comparaissait un jeune c… accusé d’avoir voulu « looker » sous les jupes d’une femme dans un bus du Port. « Pour voir comment c’est ». Mais il le sait, ce crétin des sommets : il est marié, il a des enfants. Il sait !

Ayant entendu les déclarations diverses et variées, le président demande :

« Y a-t-il des questions au niveau des parties ? » Oups ! Lesquelles ?

« Mais vous allez vous décider, oui ? »

Parfois, le comique est très subtil, très… involontaire.

En face du président, pile en face, un jeune spectateur (comme si c’était un spectacle !) se désaltère à sa bouteille givrée. Le président interrompt le spectacle :

« La salle d’audience n’est pas une buvette ! »… Sans remarquer que son greffier, assis à deux mètres à sa gauche, exhibe fièrement une bouteille à capuchon rouge, bien givrée.

Monsieur le greffier se l’est sans doute tenu pour dit car il n’y a pas touché.

Voilà, je regrette que ce soit tout pour ce jour. Mais don’t panic, je reviens. Pour vous plaire, voici quelques petites anecdotes tirées de mes observations ici-même  ou à Saint-Pierre…

Me Bruno Raffi engueulant son propre client : « Mais vous allez vous décider à parler, oui ? »

Le grand ténor Jacques Técher (RIP) : « On a traité mon client de communiste. On l’aurait accusé d’être un inverti, passe encore, ç’aurait été moins grave. Mais communiste non ! » Total, le « communiste » a été acquitté malgré la mâchoire fracturée de son adversaire.

Lorsque nous, les journalistes, rigolions devant ses sorties verbales, Jacques nous disait : « Ris pas couillon ! » Alors qu’il faisait tout pour.

Pour la route ?

Pour la route… Il y a bien des années, je suivais la correctionnelle sudiste pour le compte de mon employeur du Chaudron. Le petit président Garric s’est élancé :

« Vous avez bu de la bière, du rhum, du cognac, du bourbognac, du whisky dans une matinée. Et puis encore une bière avant de casser un bar. Pourquoi ? »

« Parce que j’avais une petite soif, monsieur le président ».

Que voulez-vous dire là contre ?

 

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