Le monde a dû s’effondrer sous les pieds du Pr Bertand Dautzenberg en découvrant ces résultats. Ce professeur de médecine et pneumologue à l’Hôpital de la Salpêtrière à Paris a passé sa carrière à combattre le tabagisme. Pourtant, les chiffres amenés par de très sérieuses études américaines et chinoises en cours semblent le confirmer : les fumeurs sont sous-représentés parmi les malades du COVID-19.
😄fantastiques données qui embêtent le tabacologue que je suis, mais dans 2 études de qualité trouvent 5 < moins Covid19 qu’attendus chez fumeurs chinois et 10 fois moins chez fumeurs US. Rappelons cependant que tabac fait 200 morts par jour🤢.Analyse et recherche urgentissimes. pic.twitter.com/0vdqkMwwq8
— Pr . B Dautzenberg (@parissanstabac) April 2, 2020
En Chine, 9,6% des malades du Covid-19 sont des fumeurs alors que ces derniers représentent 31,2% de la population. Aux États-Unis, seul 1,9% des malades sont des adeptes de la nicotine en barre. Et c’est justement la nicotine qui est l’hypothèse privilégiée des chercheurs.
Contrairement aux idées reçues, la nicotine n’est pas toxique pour le corps, c’est la fumée qui l’est. Mais c’est elle qui est responsable de la dépendance. Le peu d’étude sur le sujet ne permet aucune conclusion à l’heure actuelle, mais des théories émergent. La nicotine pourrait avoir un rôle protecteur sur certains récepteurs. Particulièrement en agissant sur l’enzyme ACE2, ce qui limiterait la fixation du virus dans les cellules.
Une étude canadienne dit le contraire
À Vancouver au Canada, une étude menée par des chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique et de l'Hôpital St. Paul de Vancouver a montré l’inverse. Les résultats concluent que les personnes qui fumaient au moment de l'étude enregistraient une concentration accrue d'ACE-2 dans leurs poumons, alors que les non-fumeurs et même les anciens fumeurs enregistraient des taux bien plus bas.
"Nous avons trouvé que les patients atteints de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et les personnes qui continuaient à fumer enregistraient des taux plus élevés d'ACE-2 dans leurs voies respiratoires, qui pourraient faire augmenter leur risque de développer des infections plus graves de Covid-19", affirme la Dr Janice Leung, principale auteur du rapport.
Ne pas se réjouir trop tôt
Avant de célébrer la nouvelle en allumant une cigarette, plusieurs choses à savoir. Toutes ces études sont loin d’avoir donné leurs conclusions définitives et donc les chercheurs appellent à la prudence.
De plus, toutes les données réunies à ce jour ont une même tendance : lorsqu’un fumeur est infecté par le Covid-19, il a plus de chance de contracter un cas grave de la maladie.
De plus, le Pr Dautzenberg a directement contacté des associations de vapoteurs afin de réaliser un sondage sur 4000 consommateurs de cigarette électronique. Si le médecin reconnaît que ce sondage ne respecte en rien les obligations scientifiques, il estime que celui contredit l’espoir d’un bénéfice provenant de la nicotine. Le pneumologue affirme enfin que globalement le tabac tue plus de Covid-19 qu’il pourrait hypothétiquement en sauver. Il souhaite cependant que des travaux de recherches soient tout de même menés par découvrir la vérité pour éclaircir définitivement ce mystère.