Dans mon édito, au lendemain des événements d’Halloween, j’avais évoqué le fait que deux mondes coexistaient à la Réunion.
D’un côté, une Réunion qui travaille, ou qui est au chômage mais qui est insérée. Qui s’en sort vaille que vaille. Qui a reçu une éducation, des valeurs. On ne vole pas, on ne casse, pas, on ne tue pas.
De l’autre, une autre Réunion, souvent jeune, voire très jeune, souvent déscolarisée ou qui l’a été, la plupart du temps au chômage ou vivant de petits boulots précaires, à qui la prison ne fait pas peur. Au contraire, elle peut même être considérée comme une sorte de diplôme, de signe de reconnaissance. Cette Réunion là désire les gadgets que la société de consommation agite sous ses yeux, et comme elle n’a pas les moyens de les acheter, tous les moyens sont bons pour se les procurer. Et comme ils sont habités par une forte rancœur intérieure, toutes les occasions sont bonnes pour casser, briser. Une façon, croient-ils, de se venger de l’injustice qui leur est faite.
Les événements qui se sont passés hier soir, et qui sont à nouveau en train de se dérouler dans quelques quartiers, sont la parfaite illustration de ces deux mondes.
La journée, le premier monde, affublé de ses chasubles jaunes, a manifesté pacifiquement. On a vu des gens responsables, qui ont essayé autant que faire se peut d’organiser le désordre. De laisser passer les pompiers, les ambulances, les infirmiers, les voitures avec enfants.
Une fois la nuit venue, ces gilets jaunes sont rentrés chez eux. Et ont laissé la place au deuxième monde, celui des casseurs.
Et là, surprise. La moitié de la vingtaine de personnes interpellées par les forces de l’ordre étaient des mineurs.
D’où la sempiternelle question : que font les parents? Comment se fait-il que des gamins de 8 ou 10 ans pouvaient être en train de lancer des galets sur les policiers à minuit ou 1h du matin, sans que leurs parents ne leur demandent des comptes.
D’autant que ce sont probablement les mêmes que l’on va retrouver ce soir.
Autre problématique qui revient régulièrement, la mansuétude de la Justice. L’autre jour, les policiers ont arrêté un caïd de Saint-André qui avait tabassé plusieurs de leurs collègues et qui se trouvait en état de récidive légale. On aurait pu s’attendre pour le moins à ce qu’il passe devant les juges. On n’en est même pas arrivé là. Il a été jugé en comparution immédiate, à la demande du parquet, et s’est vu infliger une peine ridicule au regard de la gravité des faits qui lui étaient reprochés.
Alors, on va me répondre que les prisons de la Réunion sont déjà surpeuplées. Et bien, qu’attend-t’on pour en construire une autre? Voire même deux si nécessaire? Qu’attend-t-on pour expédier les cas les plus sérieux en métropole?
Et concernant les mineurs, histoire de responsabiliser les parents, qu’attend-t-on pour leur supprimer les allocations familiales? Celles-ci leur sont versés pour les aider à éduquer leurs enfants. Comme ce n’est manifestement pas le cas, autant arrêter…
Parce que si je suis le premier à critiquer les récentes décisions du gouvernement, je suis également conscient que ce n’est pas en cassant et en pillant que l’on va faire progresser notre ile.
Tout ce qui a été cassé devra être remplacé. Et qui c’est qui paiera encore? Toujours les mêmes… Les rares qui paient des impôts…