« C’est comme si on avait gravi une montagne et qu’elle s’écroulait lorsque l’on arrive au sommet », s’énerve Malika*, étudiante en L3 STAPS. Elle et ses camarades de promo ont tout donné pendant trois ans pour atteindre leur objectif de devenir professeur d’EPS. Malheureusement pour eux, l’INSPé (anciennement IUFM puis ESPE) a décidé il y a peu de réduire la capacité d’accueil du Master éducation motricité pour l’année prochaine.
Ce parcours qui permet de passer le concours pour devenir enseignant passe de 30 à 25 places l’année prochaine. Une réduction que les 90 étudiants actuels de L3 devront se partager avec les redoublants de Master. « L’année dernière, nous avions déjà demandé une augmentation du nombre de places. Nous souhaitions que le Master soit scindé en deux entre les L3 et les redoublants de Master » regrette Olivier* qui souhaite aussi intégrer ce parcours. C’est finalement l’inverse qui s’est produit. « Il justifie ça à cause du Covid-19 », regrette-t-il.
En fait, l’étudiant pense plutôt que ce choix est la conséquence de la mauvaise gestion de la filière par l’INSPé. « Depuis 2-3 ans, la qualité du Master n’est plus ce qu’elle était. Des postes sont vacants, mais pourtant toujours assurés par des intervenants de passage. Il n’y a pas de référent en Master, c’est un professeur qui assure cette fonction gratuitement », indique Olivier avant d’ajouter que « les professeurs et les élèves sont motivés, mais c’est l’INSPé qui bloque tout ».
Toujours selon Olivier, entre la crise sanitaire et les histoires personnelles, le nombre de redoublants devrait être plus grand cette année. Il estime qu’une dizaine d’étudiants actuellement en Master vont repiquer cette année, ne laissant qu’une quinzaine de places aux 90 prétendants de L3.
« J’ai encore un peu d’espoir, mais je suis dégoûtée. Depuis un mois, on doute. On ne nous prend pas en compte, je trouve ça aberrant. Nous sommes déboussolés » se désespère Malika. Selon elle, plusieurs de ses camarades pensent à redoubler la L3 pour espérer une meilleure chance l’année prochaine et d’autres pensent tout simplement à changer de voie. Certains tenteront de s’inscrire en métropole, avec toutes les difficultés que cela génère, sans aucune garantie d’être accepté dans un STAPS métropolitain.
Pour l’instant, les courriers et pétitions des étudiants n’ont rien donné. « Les réponses sont soit sans intérêts, soit inexistantes » affirme la jeune femme, « je souhaite qu’il y ait une cohérence entre le problème et la solution ».
En attendant un éventuel changement favorable, c’est la boule au ventre que les étudiants se rendront devant le jury de sélection pour le Master lundi 25 mai.
*Prénom d’emprunt