Jean-Yves Alin est le président de l’association entraide aux chômeurs précaires. Il veut se faire entendre auprès les élus locaux, alors que se prépare une table ronde contre les inégalités sociales en octobre prochain à la Réunion.
« J’espère que les élus nous écouteront avant de prendre des décisions », s’exclame Jean-Yves Alin. Depuis 2011, son association regroupe près de 300 adhérents à Bras Fusil (Saint Benoit). « Je n’ai pas honte de le dire, je ne travaille pas, je suis dans la misère. Je perçois 417 euros avec lesquels j’élève mes trois enfants, je n’ai que 57 euros sur mon compte livret et 3.500 euros de dettes ! Je suis solidaire avec tous les Réunionnais qui ont comme moi du mal à boucler les fins de mois. Cette association, je l’ai faite pour eux et aussi pour moi. Il y a trois ans, j’ai perdu mon travail, ma maison, j’étais à la rue, Monsieur le préfet m’a donné un toit, ici à Bras Fusil », explique-t-il.
Jean-Yves Alin a été le premier à soutenir l’action pacifique de Samuel Mouen. « Une action qui était nécessaire pour attirer l’attention des réunionnais et des élus sur celles et ceux qui ont besoin d’une aide d’urgence, pense-t-il. Dans notre quartier, les jeunes n’ont pas de travail alors moi à 52 ans, je ne rêve plus. Nous nous réunissons ici dans cette salle prêtée par la mairie et nous organisons des manifestations d’entraides culturelles et sociales pour pouvoir acheter des produits de premières nécessités… »
Le président de l’AECP a vu le nombre de ses adhérents se multiplier ces derniers mois. Des adhérents, qui tout comme lui accumulent des impayés et ont du mal « à faire bouillir la marmite ». « Quand on n’a pas les moyens, on mange mal, on ne prend pas l’avion, on ne se soigne pas correctement, je peux vous dire tous les problèmes que les pauvres rencontrent car je suis comme eux, témoigne-t-il. Lorsque j’entends les élus comme Nassimah Dindar et Thierry Robert parler à la télévision, je me dis qu’ils ne peuvent pas nous comprendre, ils n’ont pas vécu comme nous, ils ne doivent pas décider pour nous ! » Des élus que Jean-Yves Alin a du mal à rencontrer: « M. Fruteau (député-maire de Saint Benoît, ndlr) je le croise dans les manifestations, il a mis à notre disposition une salle et nous donne quelques jus de fruits. Il n’est pas au courant de nos actions de nos ateliers cuisine, musique et des démarches à faire etc… »
Des ateliers très fréquentés par les habitants du quartier qui viennent pour se retrouver et confier leurs difficultés financières. « Ici, il y a toutes les communautés qui se côtoient, ce n’est pas en se montant les uns contre les autres qu’on avancera… Des pauvres j’en rencontre partout et tous les jours. Au Tampon, à Saint-André et à Saint-Denis nous allons monter des antennes dans ces villes », assure-t-il.
Jean-Yves Alin, tout comme les autres adhérents de son association, attend avec beaucoup d’impatience la tenue de cette table ronde prévue dans quelques mois. La venue de François Chérèque en charge du suivi du plan gouvernement de lutte contre la pauvreté changera-t-elle les conditions de vie des personnes dans le besoin ? Seul le temps nous le dira.
NB : Pour les besoins de fonctionnement, l’AECP organise le 1er septembre prochain un loto quine dans leurs locaux. Le 15 septembre lors de la fête de la Vierge à Ste-Rose, les places seront gratuites pour les chômeurs. Le 26 octobre sur le circuit Félix Guichard avec le Rotary de St-Benoît une soirée « main dans la main » est programmée.