Une quarantaine d’éleveurs de volailles font le siège des bureaux de l’Urcoopa, à Cambaie, depuis 15h. « Nous allons occuper ces bureaux tant que le président de la coopérative ne viendra pas à notre rencontre », lance dans une ambiance surchauffée Benjamin Elma, l’un des éleveurs en colère et pour l’occasion porte-parole.
Le ras-le-bol de cette profession ne date pas d’aujourd’hui – « l’Urcoopa nous a toujours mené en bateau depuis 20 ans » – mais ce ras-le-bol semble avoir atteint son point critique. James Hoarau, également éleveur, évoque « l’impact direct sur le revenu des professionnels ». En cause, la rotation des volailles dans les élevages, notamment…
Tous reprochent à la coopérative de ne pas respecter les commandes des éleveurs. « Lorsque je commande 18.000 poussins, l’Urcoopa m’en livre seulement 16.000 », explique cet éleveur. Si les chiffres ne parlent pas aux non initiés, ce différentiel a des répercussions en cascade sur l’exploitation. « Cela crée un plus grand écart entre chaque mise en place », à comprendre que chaque rotation de volailles arrivées à maturité s’agrandit. « L’Urcoopa décide de tout. Quand elle veut vous donner des poussins, elle vous en donne. Quand elle veut nous livrer en aliments de faible qualité, elle le fait. Quand elle veut abattre les vollailes, elle le fait, et parfois avant que les volatiles n’arrivent à leur maturité optimale », ajoute-t-il. Le malaise semble donc bien plus profond. C’est le dialogue unilatéral que dénoncent les manifestants. Et ce n’est pas tout. Les langues se délient sur les intérêts extérieurs que la coopératrive a su monter.
De gros doutes sur le montage de sociétés autour de la coop’
Au-delà de leur sort personnel, les éleveurs s’interrogent sur la politique d’extension de l’Urcoopa via des SAS (sociétés par actions simplifiées). « On a besoin de l’appui de l’Etat pour casser cette mafia », disent-ils. L’impression que leur laisse l’attitude de la présidence est celle de ne pas privilégier les éleveurs et membres fondateurs. « On est loin de l’esprit de coopérative », résume Benjamin Elma.
« D’autres ont eu le message et s’apprêtent à nous rejoindre », expliquent les manifestants. Au total, le département compte 110 éleveurs. Pour l’instant, leur grogne n’implique pas de réduction sur le trafic des chargements de céréales pour bétail. A 16h30, alors que le président de l’Urcoopa ne devait pas se rendre sur les lieux pour discuter, sa venue a été confirmée. Celui-ci vient de Bras-Panon. « Nous sommes prêts à passer la nuit ici », n’en démordent pas les éleveurs.