Les 13 et 14 avril derniers, la Réunion éteignait ses lampadaires. Non pas pour un souci extrême d’économie, quoique, mais bien pour réduire le nombre d’échouages de pétrels de Barau et de pétrels noirs de Bourbon. L’ensemble des partenaires liés à cette opération dressait hier un bilan plutôt satisfaisant de l’action 2012 tout en planchant sur 2013.
L’opération « Nuit sans lumière » a pour objectif la sensibilisation à la pollution lumineuse et à sa réduction. A la Réunion, cette opération a été initiée en 2009 par le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement. Initiative portée par la suite par le Parc national et la société d’études ornithologiques de la Réunion (SEOR).
Ces deux jours n’avaient pas été choisis au hasard. Ils coïncidaient à la période d’envol des Pétrels de Barau, l’une des espèces endémiques les plus menacées de l’île.
37 partenaires ont joué le jeu d’une extinction des feux ces deux nuits-là. C’est déjà mieux que l’année précédente (35 en 2011 et 20 seulement en 2010). « La courbe d’échouage des pétrels de barau montre une nette diminution sur le week-end de l’opération » note Stéphanie Dalleau, vice-présidente de la SEOR. Le cas de Cilaos, l’une des communes partenaires, est le plus parlant.
71 échouages d’oiseaux dénombrés cette année contre plus de 200 l’année d’avant, rien que sur le mois d’avril. Des chiffres qui vont dans le bon sens et d’autant plus cruciaux que Cilaos, au même titre que les villes du Port (le record de l’île avec 145 échouages), de Saint-Paul (140) et de Saint-Pierre (135) sont les voies aériennes les plus « empruntées » par ces oiseaux qui aiment nidifier du côté du massif du Maïdo notamment. La SEOR parle de « couloir d’envol ». Avril correspondant à la période d’envol des jeunes pétrels vers le large.
Le message passe de mieux en mieux
Avant d’entamer sa migration, le jeune pétrel rencontre un obstacle de taille : la pollution lumineuse qui fait office de piège. Cette année, 16 collectivités, 9 entreprises, 12 associations ont créé les conditions d’une chaîne solidaire. « Les grandes enseignes nous rejoignent en éteignant les néons de leur façade » se félicitent les acteurs, réunis hier en salle du conseil du TCO au Port.
« L’objectif est de convaincre encore plus de communes (seulement 13 sur les 24 à ce jour), les entreprises et la population d’éteindre leurs lumières » expliquent les membres de la SEOR. En sauvant les pétrels, les collectivités, comme les enseignes, trouvent d’ailleurs matière à économiser sur leur facture d’électricité. D’une opération d' »une heure sans lumière » il y a quelques années à « deux nuits » en 2012, il n’est pas difficile de comprendre que le message de la SEOR n’aura pas de mal à s’amplifier. La crise a parfois du bon.