Quatorze ans d’injustice, de lutte, d’humiliation, de désespoir… et enfin d’espoir. Car depuis la mensualisation en 1994, puis la retraite, les revenus des dockers n’ont cessé de diminuer.
Il y a d’abord eu l’éviction du capital de la Coopérative ouvrière de La Réunion, fondée par Paul Vergès en 1992. “Plusieurs d’entre nous ont été virés du capital, mais également licenciés de la COR”, explique Jean-Bernard Gaillac.
Le collectif de dockers réclame aujourd’hui trois millions d’euros pour préjudices moraux et financiers, pour la première centaine de victimes du collectif.
L’autre injustice, c’est la faible retraite à laquelle ont droit les dockers aujourd’hui, entre 600 et 700 euros, “parce qu’à l’époque, nous ne savions pas que nos patrons ne cotisaient que pour 6h40 par jour et non pour les huit heures effectives”.
C’est lorsqu’ils sont partis demander des explications à la Caisse générale de la Sécurité sociale, que les dockers ont découvert le subterfuge et les économies d’échelle réalisées sur leur dos par des entreprises de manutention.
Un simple calcul sur 35 ans montre que leur employeur a sciemment oublié de déclarer 8.500 heures de travail, soit 50.000 euros de salaire, sans compter les embauches de nuit payées au noir, la plupart du temps.
Les conséquences sont dramatiques pour les anciens dockers. “Ça nous aurait permis d’avoir 800 euros de retraite au lieu des 600 actuels. 200 euros, c’est peu pour quelqu’un qui a 2.500 à 3.000 euros de revenus. Pour nous c’est énorme, nous avons perdu un quart de notre retraite”.
“On nous a volé notre retraite, après nous avoir exploité. C’est pour cela qu’on espère beaucoup de la décision de la Commission d’arbitrage de la Confédération générale du Scop”, conclut Jean-Bernard Gaillac.