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Les dessous des négociations secrètes entre la Droite et le PS pour prendre la place de Nassimah Dindar

En annonçant qu'il allait "conforter la majorité de Nassimah Dindar", Gilbert Annette a mis fin hier soir de façon abrupte aux négociations secrètes entamées par des élus du PS avec la Droite, dès dimanche soir, en vue de mettre en place une majorité alternative à celle de l'Alliance, du PS et des Modérés, devant aboutir à une réélection de Nassimah Dindar à la présidence du Conseil général. Il a ainsi mis fin à 48 heures de négociations âpres et difficiles qui, si elles avaient abouti, auraient pu changer le cours de l'Histoire de la Réunion.

Ecrit par Pierrot Dupuy – le mercredi 30 mars 2011 à 11H20

L’idée soumise par Didier Robert au PS était alléchante : En additionnant les 16 voix de la Droite aux 11 voix du PS, on obtenait un total de 27 élus, bien plus que les 25 nécessaires pour obtenir une majorité. Et Didier Robert allait plus loin en proposant la présidence du Département à Jean-Jacques Vlody, bien que le PS soit minoritaire au sein de cette nouvelle majorité. Une sorte de « prime » pour convaincre les socialistes à sauter le pas.

Chacun dans l’affaire y trouvait largement son compte.

Les avantages :

Pour le PS :

1) En terme d’affichage, le PS national aurait pu se prévaloir, à l’heure du bilan, de la conquête d’un conseil général supplémentaire

2) Ça aurait permis du même coup à Gilbert Annette d’entrer dans l’Histoire de la Réunion comme celui qui aurait enfin permis au PS de prendre le leadership à Gauche face au PCR. Les communistes auraient été fortement affaiblis : Après la perte de la Région, puis du Département, en proie à des dissensions internes graves avec la montée en puissance d’Huguette Bello, face à la contestation envers Pierre Vergès et ayant en plus à gérer la santé chancelante de Paul Vergès, ils auraient abordé dans les pires conditions les prochaines législatives et municipales.

3) Gilbert Annette se débarrassait du même coup de Nassimah Dindar et de Gino Ponimballom qui envisageaient de se présenter aux municipales à Saint-Denis, et d’Ibrahim Dindar qui souhaitait également être présent aux législatives.

4) Dans le cadre de cette entente avec la Droite, Gilbert Annette avait plus de chances de voir la Région financer son boulevard Nord, outil indispensable pour supprimer les embouteillages à l’entrée Ouest de Saint-Denis, à la sortie de la route du Littoral. Et de pouvoir s’en prévaloir dans son bilan de fin de mandat.

5) Il aurait du même coup pu couper court à la rumeur qui dit que Didier Robert pourrait être tenté de venir défier le patron du PS dans son fief de Saint-Denis à l’occasion des prochaines municipales.

Pour la Droite :

1) Cette alliance aurait permis à Didier Robert et à ses amis de se venger une bonne fois pour toutes de Nassimah Dindar et de tous ceux qu’ils considèrent comme des « traitres« , qui ont permis à la Gauche de prendre le pouvoir il y a 3 ans.

2) Elle aurait aussi permis à la Droite de surfer sur la victoire des Régionales en excluant le PCR de l’autre collectivité importante.

3) Elle permettait également à Didier Robert de mettre en place un axe fort sur le Tampon face à Thien Ah Koon. Un accord du style primaire au premier tour, et union face à TAK au second.

4) Et surtout cette alliance aurait permis aux candidats de Droite de bénéficier des moyens du Conseil général en vue des futures élections. Cela n’aurait rien changé pour le PS qui de toutes façons en aurait bénéficié en étant dans la majorité de Nassimah Dindar, mais ça aurait tout changé pour les candidats de la Réunion en confiance.

Pourquoi ça a échoué ?

Gilbert Annette a toujours douté que la Droite soit unie dans cette démarche. Et il n’avait pas tort.

Des 16 élus de Droite du départ, il a vite fallu retrancher les proches de Michel Fontaine : les conseillers généraux de Saint-Pierre, Cyrille Melchior et, dans une moindre mesure, Jean-Claude Lacouture qui s’est toujours aligné sur Michel Fontaine même si, sur ce coup là, il aurait eu des velléités de suivre Didier Robert. Pas marrant tous les jours d’être dans l’opposition…

Sur ce coup, Michel Fontaine a été fortement influencé par l’UMP Paris qui ne voyait pas d’un bon œil une telle alliance contre-nature à la veille des présidentielles.

Et il faut dire également que Nassimah Dindar compte encore quelques soutiens à Paris, notamment dans l’entourage du chef de l’Etat, et qu’il n’est pas impossible que ceux-là n’aient pas été ravis de la voir disparaitre du paysage politique.

Michel Fontaine est rentré hier matin à la Réunion et il a subi de plein fouet les pressions de Paris. Et il est évident qu’il n’était pas en position de force pour résister, dans l’attente du jugement de son procès où il risque l’inéligibilité… Les mauvaises langues disent même que ce sont les menaces et autres sous-entendus sur ce point qui auraient poussé Michel Fontaine à choisir son camp.

Que va t-il se passer maintenant ?

Les choses semblent avoir définitivement basculé et Nassimah devrait être élue à la tête d’une confortable majorité.

Restent cependant quelques points à régler, qui peuvent toujours occasionner des surprises et entrainer des revirements.

1) Tout d’abord, plus une victoire est belle et plus les places sont chères. Les postes de vice-présidents qui donnent droit à une voiture, à un GSM et à de multiples voyages en 1ère classe ne sont pas extensibles et, plus il y a d’élus membres de la majorité, plus il y en aura qui seront déçus de ne pas accéder à ces postes archi-convoités. La grogne des élus Modérés était pour partie, dû à cela. Certains qui n’obtiendraient pas de poste de vice-président pourraient être tentés de négocier dans le cadre d’une majorité alternative le prix de leur trahison.

2) Une fois désignés les vice-présidents, va ensuite falloir ensuite déterminer une hiérarchie. Le poste de 1er vice-président semblait promis à Pierre Vergès mais les socialistes sont maintenant légitimés à le réclamer pour Jean-Jacques Vlody. D’abord parce que le PS pèse autant de voix que le PCR, mais surtout parce que Vlody a renoncé à la présidence qui lui était promise par la Droite. Et ça, ça a un prix ! Or, ce poste est déterminant pour quiconque veut vraiment diriger le Conseil général. Là aussi, une grosse déception d’un des trois groupes qui compose la future majorité pourrait la pousser à négocier une alliance différente.

3) Restent à régler les cas Joseph Sinimalé et Huguette Bello.

Huguette Bello ne veut pas de Joseph Sinimalé, mais Paul Vergès le soutient, tout comme les « Modérés« . Comment concilier l’inconciliable, l’eau et le feu ?

Des rumeurs, hier soir, laissaient entendre que Paul Vergès pourrait profiter de l’occasion pour se débarrasser d’Huguette Bello. Ses 6 élus, additionnés aux 11 du PS et aux 11 des Modérés feraient une majorité de 28 élus, bien supérieure à la barre des 25 nécessaires pour obtenir une majorité. Exit donc Huguette Bello dans cette configuration. Mais là aussi, il faut faire la part du bluff de ce qui sera décidé au final.

Conclusion :

Ce point de la situation dans les négociations n’est qu’une photo à un moment donné. Dans ce type de tractations, les choses évoluent d’heure en heure et ce qui était vrai ce matin peut ne plus l’être cet après-midi.

Ce n’est souvent que quelques heures, voire quelques minutes avant que les élus ne pénètrent dans l’hémicycle que les accords sont définitivement scellés.

Les élus de tous bords ont donc encore une journée et une nuit de négociations à mener, avant que tout ne soit validé.

 

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