En janvier dernier, nous vous révélions la mise en place de caméras sous-marines en-dessous des cages de la ferme aquacole de Saint-Paul. Celles-ci avaient pour objectif de suivre à la trace d’éventuels passages de requins sur zone.
L’aide de la technologie était la manière infaillible de lever le doute sur le pouvoir attractif supposé des cages sur les requins. Rappelons que la ferme aquacole située en baie de Saint-Paul est un enclos d’élevage d’ombrines tropicales, une espèce de poisson.
Le résultat des enregistrements de ces caméras livre un premier aperçu de la fréquentation des lieux par les requins incriminés : bouledogues essentiellement. Les observations, qui ont duré 28 jours pour une acquisition de 168 heures d’images, ont montré le passage de cinq à six requins bouledogues de taille moyenne sous les cages, seul ou en groupe de deux. Une seule observation a été faite avec quatre requins en même temps.
Sur la durée de l’expérimentation, les individus ont été observés régulièrement, entre 10 secondes et 15 min, avec des absences prolongées durant plusieurs jours. Le nombre de jours où au moins un requin a pu être observé par jour est de 16 sur les 28 jours d’observation.
Malgré le caractère « exploratoire » de cette phase de mise en place technique, l’IRD a tout de même livré ses premières conclusions. Pour les chercheurs mobilisés par le programme CHARC, « les cages aquacoles seraient une zone de passage ou de repos pour les requins bouledogues et non une zone de prédation. Des résultats qui corroborent les données acoustiques » qui demandent, elles aussi, un plus grand maillage le long de la côte Ouest.
Une technologie autonome
Cette phase d’observation calée jusqu’à fin mai dernier a servi de test, d’où une lecture forcément partielle de l’impact des cages qui reste à prouver à plus long terme.
L’objectif des chercheurs de l’IRD est désormais d’éprouver le prototype de caméra utilisé il y a quelques mois pour ces observations inédites sur zone. Concrètement, un système d’enregistrement autonome avait été mis au point avec une caméra reliée en surface à un lecteur-enregistreur et une batterie rechargée par un panneau solaire. L’IRD travaille actuellement sur l’amélioration et la pérennisation du dispositif sous les cages aquacoles mais aussi ailleurs, le long de la côte.
Lors de la deuxième phase de CHARC, cette méthode d’observation visuelle sera étendue aux zones de forte concentration de requins identifiées lors des campagnes de marquage acoustique.