Le Port Est sort de neuf jours de grève touchant l’une de ses sociétés d’aconage. Une récurrence ces dernières années.
Si cette grève de la SGM ne s’est pas étendue chez les autres sociétés d’aconage du port, c’est pour la simple et bonne raison que les négociations annuelles obligatoires ne seront discutées chez SOMACOM et SAMR (du GIE SERMAT) que courant septembre.
L’obtention ce jeudi par les salariés de la SGM d’une revalorisation salariale de 1,5% donne la tendance de ce que les délégués syndicaux des autres sociétés pourraient réclamer dans quelques semaines, lors de l’ouverture de leurs NAO, nous indique un dirigeant du Port Est. « Historiquement, la première société à négocier donne une idée de ce à quoi peuvent prétendre les salariés des autres sociétés », approuve un délégué du personnel d’une société de manutention.
Un syndicaliste entre dans le détail en expliquant que si effectivement la grève de la Société Georges Michel demeure un indicateur, le chiffres d’affaires généré et le trafic enregistré par chaque entité (SGM, SOMACOM, SAMR) varient d’une entreprise à l’autre. Et donc peut faire évoluer les prétentions de revalorisation des syndicats. Le 1,5% de revalorisation obtenu par les camarades de SGM ne serait donc pas automatiquement appliqué chez les autres.
Malgré la durée du conflit, le mécontentement ne s’est donc pas généralisé. La période de vacances ne peut pas à elle seule expliquer ce fait. « La Réunion a la particularité d’avoir une ville dédiée aux activités maritimes. Ce que la ville du Port a vécu ces neuf derniers jours, c’est la grève d’une entreprise privée. Le Port Est n’a pas pour autant été paralysé, s’en félicite Hervé Marodon, directeur général de Transit Transports Routiers, Aériens et Maritimes. « Ce qui est différent d’il y a quelques années, c’est que la ville a continué pendant ce temps de recevoir des bateaux d’autres compagnies. Seule une compagnie a été bloquée ».
A quand un accord de branche comme au national ?
Il poursuit : « Concernant l’image de Port Réunion (auprès des compagnies maritimes, ndlr), nous sommes sur un territoire français et donc le droit de grève existe. Il s’agit pour les entreprises d’éviter qu’on arrive à ce genre de conflit. Mais tous les ans nous avons ce type de problème. »
Un autre patron du secteur de l’aconage ne peut que déplorer la résurgence des conflits. « Une grève, c’est jamais bon pour une entreprise. A elle de restaurer la confiance envers les opérateurs étrangers. Bien sûr qu’on ne peut pas quantifier les conséquences sur l’image du port de La Réunion. Toujours est-il que ça affecte le port de manière générale. La grande différence cette fois tient au fait que les autres ont travaillé normalement. Le jeu de la concurrence a fait que ça a continué. Mais il ne faut pas oublier que SGM était le premier à négocier ses NAO ». Il sous-entend que d’autres bras de fer sont peut-être à venir si l’exemple de la SGM en arrive à donner des idées aux autres délégués des sociétés de la place.
Un syndicaliste partage, pour finir, son souhait de voir « l’ensemble des sociétés de manutention basculer dans le cadre d’accords de branche, comme cela se fait dans d’autres secteurs comme le BTP ». Avantage pour les salariés : que la fédération Ports et docks négocie beaucoup plus avantageusement pour l’ensemble. Inconvénient pour les aconiers : qu’une grève, pour le coup globale, ne paralyse tout le Port Est.