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Les amours interdites : même sincères, elles sont condamnables !

Antoine et Cindy (prénoms d’emprunt) n’auraient jamais dû se rencontrer ; parce qu’il avait 22 ans et elle seulement 13 lorsqu’un hasard infernal les a mis face à face. Il est jeune, grand, beau, intelligent. Elle, grande aussi (1m80), très belle, ressemble plus à une jeune adulte qu’à l’enfant qu’elle est encore, et également très intelligente […]

Ecrit par Jules Bénard – le jeudi 09 avril 2015 à 17H27

Antoine et Cindy (prénoms d’emprunt) n’auraient jamais dû se rencontrer ; parce qu’il avait 22 ans et elle seulement 13 lorsqu’un hasard infernal les a mis face à face. Il est jeune, grand, beau, intelligent. Elle, grande aussi (1m80), très belle, ressemble plus à une jeune adulte qu’à l’enfant qu’elle est encore, et également très intelligente puisqu’en collège, elle a un an et demi d’avance sur les autres.

Ce qui ne devait pas arriver arriva parce que tous deux se trouvaient dans une rupture psychique très grave alors.

Antoine est, au début de l’affaire, étudiant en histoire à l’université du Tampon. Son père décède d’un cancer peu de temps avant et il perd alors sa grand-mère qui était tout pour lui. Alcoolique, accro aux champignons hallucinogènes, il perd les pédales et abandonne ses études.

Cindy, qui suit une scolarité brillante au collège Saint-Charles (une référence) est en recherche d’un père qu’elle n’a jamais connu. Internet fera le reste.

Rêves fous et dérives

Quelques échanges laissent ces deux malheureux croire qu’ils sont faits l’un pour l’autre et que cet amour virtuel qui se dessine très vite est plus réel que leurs rêves les plus fous et c’est la dérive. D’échanges tendres en propos câlins, ils se persuadent mutuellement de poursuivre leurs échanges d’une façon plus concrète.

Cindy va alors fuguer très souvent : la nuit, profitant du sommeil de sa maman, elle parcourt 5 kilomètres à pied pour se réfugier dans les bras d’Antoine. Le reste, on le devine et à l’audience, Antoine ne cherchera jamais à nier ses responsabilités d’adulte :
« J’étais alcoolique, accro aux champignons, et je l’aimais sincèrement. Je n’ai pas été en mesure de dompter mes pulsions « .

« Au pire moment de ma vie »

La maman de Cindy se rend très vite compte des agissements de sa fille mais malgré les avertissements au jeune homme, les deux (trop) jeunes amants continuent de se rencontrer. Elle oblige sa fille à dormir avec elle ; cette dernière attend que la maman dorme et s’enfuit subrepticement. La mère se décide en désespoir de cause à porter plainte ; surtout que depuis le début de l’aventure, les résultats scolaires de sa fille sont en chute libre, elle qui était en avance et avait d’excellents résultats en toutes les matières.

« Je l’ai rencontrée au pire moment de ma vie, dit clairement Antoine à la barre. Le décès de mon père, celui de ma grand-mère adorée, les addictions… Quelque temps auparavant, j’avais également perdu ma fille, encore bébé, enfant d’une autre liaison ». Tout ça… C’est trop pour ce jeune adulte qui n’a pas encore appris à se défaire des conséquences d’une suite de catastrophes épouvantables. Le peut-on d’ailleurs vraiment jamais ?

Le pire est qu’au fil des débats, on comprend que ces deux jeunes victimes de l’existence sont réellement amoureuses.

Un litre et demi de rhum en 48 heures !

« Au début, je la croyais majeure car elle ne ressemble pas du tout à une mineure. Quand je l’ai compris, nous nous aimions déjà très fort et il nous a été impossible d’arrêter. Ceci dit, j’admets que tout est de ma faute ».

Avant d’arriver devant le tribunal, Antoine a choisi de se faire suivre par un psy. Lequel est clair :

« Au début du suivi, il lui arrivait d’ingurgiter un litre et demi de rhum en 48 heures ! Il était en recherche d’ivresse rapide ».

Toujours sous méthadone, Antoine est heureux de dire à la barre qu’il en a fini avec l’alcool. Lui et Cindy ont cessé toute relation ; les résultats scolaires de Cindy sont revenus à leur meilleur niveau et lui, de son côté, veut retourner à la Fac, fait du sport, de la cuisine, pour ne pas penser à ses addictions.

La maman de Cindy dira devant la cour qu’elle pense que le jeune homme présente une dangerosité certaine, contrairement à l’avis du psy.

« Elle était en recherche de père »

« Elle était devenue dépressive, prenait de l’alcool. Elle était enfermée dans un cercle vicieux. En recherche d’une présence paternelle, elle était prête à tout pour y arriver. Elle rentrait à 5 heures du matin, allait au lycée à 7 heures, vous imaginez dans quel état. La mère d’Antoine, elle-même en désespérance, n’a rien pu pour m’aider ».

La maman de Cindy, pour aider sa fille à tout prix, va même s’arrêter de travailler un temps, ce qui met un brutal coup d’arrêt à sa progression professorale au top niveau. Ses espoirs de carrière sont pour l’heure anéantis. Comme quoi un amour sincère peut causer d’imprévisibles dégâts hors du seul cercle amoureux.

Le substitut Saunier a avoué sa perplexité devant une affaire peu commune.

« Immaturité, consentement vicié d’une mineure, ce genre de faits est trop courant ici. Il faut faire peur à ceux qui seraient tentés de franchir la ligne. Mais aussi, ce jeune homme ne nie rien, c’est son premier faux pas, il assume ses responsabilités et s’est plusieurs fois excusé auprès de la maman ; il faut en tenir compte « .

Et de ne réclamer que trois mois avec sursis, avec non inscription au fichier des délinquants sexuels.

Il y a la lettre et l’esprit

Me Nativel a fait… du Nativel, tout en sensibilité, en finesse. Il a rappelé le profil de l’accusé, le fait que la vie ne lui avait fait aucun cadeau (c’est le moins qu’on puisse dire). Rappelant qu’il n’y avait eu aucune contrainte, que cet amour-là était sincère, il a mis en avant le fait que les excuses présentées par Antoine semblaient avoir été comprises et acceptées par la maman. Cette dernière, sur le banc des parties civiles, a opiné en silence.

La Cour a suivi en tous points les réquisitions du substitut Saunier : trois mois avec sursis, non inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles, et indemnisations à la maman et sa fille.

Dura lex sed lex… mais il y a la lettre et l’esprit, ce que les juges ont voulu prouver. Brillamment.

 

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