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« Les Justiciers du Sud sauvage », onzième roman de l’écrivain réunionnais Fred Mussard

« LES JUSTICIERS DU SUD SAUVAGE » (mars 2023), onzième roman de l’écrivain réunionnais FRED MUSSARD. Un écrivain né et vivant à Saint-Joseph, île de La Réunion Victor Hugo disait : « Que le mal détruise ou bâtisse, Rampe ou soit roi, Tu sais bien que j’irai, justice, J’irai vers toi ! » et Ernesto Che Guevara a complété «Surtout, soyez […]

Ecrit par Tamim-Karimbhay – le mercredi 10 mai 2023 à 09H13

« LES JUSTICIERS DU SUD SAUVAGE » (mars 2023), onzième roman de l’écrivain réunionnais FRED MUSSARD. Un écrivain né et vivant à Saint-Joseph, île de La Réunion

Victor Hugo disait : « Que le mal détruise ou bâtisse, Rampe ou soit roi, Tu sais bien que j’irai, justice, J’irai vers toi ! » et Ernesto Che Guevara a complété «Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire»

FRED MUSSARD. Un écrivain né et vivant à Saint-Joseph, île de La Réunion Il a publié son premier roman, Rutile, esclave à Bourbon, aux éditions Azalées, en 2003. Le Retour du Buisson ardent, roman historique et d’aventures,  éd. L’Harmattan, 2006 Grand-Pays, nouvelles, éd. Azalées, 2006 Le Jardin des colosses, biographie du sculpteur Gilbert Clain, éd. Orphie,  2007 Les Ames du Purgatoire, roman fantastique, éd. Orphie, 2008 Escale à Fort-Dauphin, récit de voyage, Thebookedition, 2010 Les Maîtres de jouvence, roman d’anticipation, éd. Surya, 2011 Le Rêve parisien, roman sentimental, Thebookedition, 2013 Catacombes et autres nouvelles, recueil de nouvelles, Thebookedition, 2015 Quelque part du côté de Sirius, Amazon, 2019 et enfin le sujet du jour : Les Justiciers du Sud Sauvage, Edilivre, 2023. Il fut membre de l’Académie de l’Ile de La Réunion de 2012 à 2015.

« Les Justiciers du Sud sauvage » c’est sous ce titre prometteur mais évocateur que l’écrivain réunionnais saint-joséphois Fred Mussard a publié en mars 2023 chez Edilivre, son onzième livre qui est de surcroît un roman policier à suspens. Fred Mussard est connu pour sa polyvalence dans l’écriture romanesque au sein de la littéraire de l’océan Indien francophone. Professeur à la retraite depuis 2014, il est connu depuis 2003 pour Il a publié son premier roman, Rutile, esclave à Bourbon en 2003. Depuis, il publie sans s’arrêter : Je cite quelques titres entre autres : Le Retour du Buisson ardent, roman historique et d’aventures, le recueil de nouvelles réunionnaises Grand-Pays, Les Âmes du Purgatoire, roman fantastique, Escale à Fort-Dauphin, récit de voyage, Les Maîtres de Jouvence, un roman sur la quête de l’immortalité sans oublier Quelque part du côté de Sirius : Récit d’une abduction qui explore l’univers fantastique et extraterrestre. Ses livres, je les ai tous lus. Le dernier en date est donc un récit policier.

Conformément à la définition du genre policier, on retrouve donc les questionnements suivants qui obéissent tout de suite à la recette de fabrication d’un récit policier à suspens : Qui a tué ? Qui a volé ? Qui a vu ? Qui a entendu ? Quand a eu lieu le meurtre ? Où se déroule le crime ? Comment et pourquoi ? A qui profite le crime ? Voici des questions qui servent de fil conducteur au texte policier et qui le problématisent. On le sait, le genre policier se consacre à l’élucidation d’une énigme (crime ou vol) et le lecteur peut suivre l’enquête d’un détective ou de deux enquêteurs parfois un officiel et l’autre en coulisse. L’enquêteur résout alors l’énigme à partir d’indices, et essaye de trouver le mobile du crime. Les suspects se justifient en prouvant qu’ils ont des alibis solides.

Il y a donc dans un récit policier, le plus souvent : 1) une victime, 2) un détective, 3) un inspecteur de police, 4) un ou des suspects, 5) un témoin, 6) le médecin-légiste, et 7) un coupable. Nous connaissons des détectives comme Columbo, Derrick ou Navarro qui enquêtent sur des crimes ou vols commis avec des armes à feu ou blanches. La différence entre le roman policier et la nouvelle policière est que 1) la nouvelle est courte. La nouvelle policière propose 2) une seule affaire criminelle (intrigue unique). Cela se passe souvent dans 3) un seul lieu, un temps très limité et dans un cadre précis. Le 4) détective est rapide et très efficace et il existe 5) une seule fausse piste. Enfin le nombre de 6) suspects et de personnages est réduit. On connait l’inspecteur Clouseau de la Panthère Rose, J.J. Jake Gittes de Chinatown, William Somerset de Seven, Clarice Starling dans Le silence des agneaux.

Ici on a plutôt affaire à un roman policier très agréable à lire et dont l’intrigue se déroule dans le sud de l’ile intense donc notre chère île de La Réunion. Rappelons un peu la genèse de la littérature policière. Le roman policier apparaît au XIXe siècle. Le policier François Eugène Vidocq peut être considéré comme l’un des précurseurs du genre, avec ses Mémoires qui paraissent en 1828. Mais c’est Edgar Poe qui écrit la première nouvelle policière, avec Double Assassinat dans la rue Morgue (1841). Le personnage de son détective C. Auguste Dupin sera repris comme modèle par de nombreux auteurs. Dupin est un esprit libre et méthodique qui travaille par déduction, par raisonnement logique, tout en analysant la psychologie des suspects. Les premiers romans policiers sont des romans à énigme. Ils débutent par un meurtre. Le détective ou le policier qui mène l’enquête tente de trouver le coupable par l’interrogatoire de suspects et la recherche d’indices. Ce type de roman policier repose sur l’observation et le raisonnement logique. L’Écossais Arthur Conan Doyle, le premier vrai auteur de romans policiers, crée en 1887 le personnage de Sherlock Holmes, flanqué de son compagnon Watson. Le Français Gaston Leroux, quant à lui, est le père de Rouletabille, jeune reporter héros du Mystère de la chambre jaune (1907).

L’Anglaise Agatha Christie fait naître Miss Marple et surtout Hercule Poirot, en 1920. Le criminel vole parfois la vedette au détective : en 1905, avec le Français Maurice Leblanc, apparaît Arsène Lupin, gentleman cambrioleur et justicier. Puis naissent Fantômas, de Pierre Souvestre et Marcel Alain, créé en 1911, et Chéri-Bibi de Gaston Leroux (1914). On est alors proche du thriller, où la terreur domine. Le commissaire Maigret, inventé par le Belge Georges Simenon en 1931, marque une évolution vers le roman d’atmosphère, la peinture de mœurs. Dans le roman noir, qui se développe aux États-Unis dans les années 1930, le héros est le plus souvent un détective privé (et non un policier, ce qui lui donne plus de liberté dans ses investigations et ses méthodes). La description de la violence de la ville y est plus importante que la résolution de l’énigme. Les grands auteurs dans ce genre sont les Américains Dashiell Hammett et Raymond Chandler, créateur du détective Phillip Marlow. Dans la lignée du roman noir américain, le Français Léo Malet invente Nestor Burma en 1943.

Aujourd’hui et ce depuis la fin du XXème siècle, au cœur de cette jungle de publication, la littérature policière est très vivante et très diversifiée. En France, Tonino Benacquista (la Maldonne des sleepings, 1989), Jean-Claude Izzo, avec sa trilogie marseillaise (Total Khéops, Chourmo et Soléa, 1995-1998), ou encore Jean Vautrin, Daniel Pennac, Didier Daeninckx, Maurice Dantec, Serge Brossolo et Fred Vargas sont parmi les plus célèbres auteurs de ce que l’on appelle désormais familièrement le « polar ».

Donnons donc toute sa place méritée à celui de Fred Mussard. Après l’amateur Dupin de Edgar Poe, le scientifique Sherlock Holmes de Arthur Conan Doyle, le Père Brown de Gilbert Chesterton, Maud Silver, le vieille demoiselle de Patricia Wenworth, Lord Peter, détective aristocrate de Dorothy Sayers, l’Etrange Harley Quinn de « la reine du crime » Agatha Christie, le docteur Thorndyke de Austin Freeman, ou la machine à penser Van Dusen de Jacques Futrelle, place à l’insularité réunionnaise et donc à deux amis à la retraite qui s’associent pour mener l’enquête. L’un est un ancien journaliste et globe-trotter talentueux Timothée, l’autre un ancien gendarme Hubert, épris d’aventures et pétri de patriotisme. Le journaliste et l’ancien gendarme vont donc enquêter afin d’éclaircir un double mystère : Un viol horrible et une disparition angoissante. Et si ces deux affaires étaient liées ? Pour le savoir lisez donc le livre Les Justiciers du Sud sauvage de Fred Mussard, un auteur qui met l’histoire, la culture et les traditions réunionnaises au cœur de ses écrits depuis 2003 mais aussi depuis ses voyages vers la grande Ile Rouge, il met en avant les relations diverses, les similitudes et les divergences qui peuvent exister entre ces deux espaces insulaires la Réunion d’un côté et Madagascar qu’ une histoire séculaire et une géographie millénaire unissent dans cet océan indien francophone.

En conclusion, alors si Sherlock Holmes (créé par Arthur Conan Doyle), Hercule Poirot (imaginé par Agatha Christie) ou Nestor Burma : les célèbres détectives privés de la littérature ont eu droit à de nombreuses adaptations au cinéma, on pourrait certainement souhaiter la plus belle aventure littéraire et cinématographique à ces deux personnages créés par l’écrivain réunionnais Fred MUSSARD. Les thèmes de la justice et de l’injustice sont au cœur de ce roman très agréable à lire. L’extraordinaire succès du roman policier tout au long du XXe siècle (certains auteurs, comme Agatha Christie ou James Hadley Chase, ont vendu plusieurs dizaines de millions d’exemplaires de leurs romans) a entraîné un élargissement des frontières du genre, puisqu’aujourd’hui le roman noir, le roman d’atmosphère, le roman d’espionnage, le thriller, le roman à suspense sont considérés comme autant de sous-catégories du roman policier. Les règles relativement fixes qui définissaient le genre dans les premières décennies de son existence, les traits caractéristiques des premiers maîtres, de sir Arthur Conan Doyle à Agatha Christie, ont été abandonnés par la plupart des auteurs contemporains, qui préfèrent souvent l’intensité des émotions, à la rigueur du raisonnement. C’est une nouvelle approche qui a son charme aussi.

On parle aujourd’hui de « polars » pour désigner cette nébuleuse de genres romanesques issus du roman policier et du roman noir. Je trouve que la plume de notre écrivain saint-joséphois FRED MUSSARD se bonifie au fil de ses diverses publications. Je l’encourage donc comme d’habitude à poursuivre son élan d’écriture, à explorer d’autres sujets et à souhaiter encore une fois la plus belle aventure à son dernier roman « Les Justiciers du Sud sauvage ».

Comme Fred Mussard, un romancier polyvalent engagé qui a touché tous les genres littéraires, de nombreux écrivains du XXe siècle et XXIeme siècle mettent des mots sur les violences politiques et surtout sur les pulsions morbides des hommes, mais ils s’interrogent aussi sur la place et l’efficacité de la littérature dans un monde éprouvé par les atrocités. La littérature entend d’abord documenter la thématique de l’horreur et se pose des questions sérieuses sur la condition humaine et sur la problématique de la violence en général qui existe au sein de l’humanité alors que nous avons progressé paradoxalement sur les nouvelles technologies. La grande problématique qui se pose à l’humanité et que se pose aussi le philosophe Fred Mussard dans son roman « LES JUSTICIERS DU SUD SAUVAGE » est paradoxalement à l’évolution que nous sommes capables d’apporter, comment se fait-il qu’on recule plutôt sur notre capacité à faire face à la violence qui est partout ? Victor Hugo disait : « Il se passera du temps encore avant que la justice des hommes ait fait sa jonction avec la justice ». Henri Barbusse, engagé volontaire en 1914, livre au journal L’Œuvre ses impressions sur le vif du front, reprises dans Le Feu (1916). L’Espèce humaine (1947) de Robert Antelme est un des premiers témoignages sur les camps de concentration. André Malraux quant à lui a démontré l’action tragique des hommes en lutte constante dans la Condition humaine (1933) en mettant l’accent sur les luttes des révolutionnaires au sein de la Chine. Patrick Modiano dans les années 1960 dénonce aussi la violence dans La Ronde de nuit (1969) et met en relief la collaboration française avec le nazisme. Le grand maître reste évidemment Victor Hugo qui met en exergue les thématiques de la justice et de l’injustice dans son immense et mémorable roman Les Misérables. Victor Hugo avait dit : « Certains hommes, législateurs, juges, philosophes, honnêtes gens, disent : nous marchons dans la justice. – Oui, comme les voleurs dans le grand chemin. …….. Quoi que fassent ceux qui règnent chez eux par la violence et hors de chez eux par la menace, quoi que fassent ceux qui se croient les maîtres des peuples et qui ne sont que les tyrans des consciences, l’homme qui lutte pour la justice et la vérité trouvera toujours le moyen d’accomplir son devoir tout entier.»

Article culturel, historique, littéraire rédigé par Tamim KARIMBHAY professeur, historien et romancier de cœur réunionnais et auteur de Nosy-Bé : Âme malgache, Cœur français et du roman : Année 2043 : Autopsie D’une Mémoire.
10 mai 2023

 

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