Le Président de Région et le Maire de Saint Denis viennent de signer une convention qui, selon le Conseil Régional, « a pour objet de déterminer les conditions dans lesquelles les parties signataires conviennent dans le cadre du projet d’aménagement du secteur nord du front de mer de s’associer en vue de définir un scénario d’aménagement ainsi que les conditions et les moyens de leur coopération« .
Ce charabia signifie simplement qu’il s’agit de financer une étude d’un montant de 1,5 million d’euros pour déterminer la possibilité de réaliser le fameux boulevard nord en souterrain promis par Gilbert Annette lors de sa campagne électorale en 2008.
Une convention est nécessaire car le Maire de Saint-Denis a besoin financièrement de la Région pour réaliser son projet et Didier Robert, de son côté, cherche un partenaire susceptible de redonner un peu de crédibilité à des projets qui actuellement prennent l’eau de toutes parts, la pharaonique route du littoral et le quasi mort-né « Trans Eco Express« .
Cette convention devrait rassurer le lobby automobile : Didier Robert a déjà réussi l’exploit de basculer les 2 milliards de Matignon sur le tout routier en sacrifiant le transport collectif par voie ferrée, 86 % des nouveaux accords signés étant désormais dédiés à la route et Gilbert Annette avec la majorité du Conseil général a fait voter un budget primitif 2011 où les investissements pour les routes augmentent de +24 % au détriment du transport des voyageurs dont les investissement baissent de – 50%. Voilà des « valeurs » communes qui permettent de dépasser certains clivages politiques.
Dès novembre 2008, les écologistes dionysiens se sont clairement prononcés contre le tunnel Nord voulu par le Maire. Ce vieux projet datant de l’époque où régnait sans partage l’idéologie du tout automobile, consiste en une voie souterraine allant de la caserne Lambert à l’ancienne gare et est censé mettre fin au goulot d’étranglement du Barachois où se concentre le trafic. Mais le projet du Maire de Saint-Denis est hasardeux, anti écologiste et financièrement irréaliste.
D’une part, parce que, toutes les études le démontrent, de nouvelles infrastructures routières ont comme conséquences, non pas de diminuer les flux mais de les accroître par un effet d’attractivité, ce qui à court terme aggrave la saturation automobile. Un tunnel urbain en centre ville accentuera inévitablement la pression automobile sur le chef lieu.
Il est aussi périlleux en pleine époque de changement climatique et de montée des océans, de vouloir enterrer une voie de circulation sous le niveau de la mer.
C’est enfin un projet très coûteux, évalué à 300 millions d’euros et dont les coûts d’exploitation rendraient nécessaire un péage comme au tunnel du Prado à Marseille. Dans la mesure où seuls 10 % du trafic venant de l’extérieur traversent réellement la ville et afin de rendre aux Dionysiens l’accès au littoral, une solution moins coûteuse et plus respectueuse de l’environnement, déjà évoquée par un rapport des Ponts & Chaussées, consisterait à transformer la RN1 en « boulevard de promenade de front de mer » sur le modèle de la Promenade des Anglais à Nice ou du front de mer de Saint Pierre.
Dans toutes les grandes agglomérations occidentales, la part de l’automobile recule actuellement dans les déplacements urbains notamment au profit du transport en commun et particulièrement du transport ferré qui fait la preuve de sa supériorité, par sa sécurité, sa ponctualité, sa rapidité et son respect des normes environnementales. La Réunion et la plus grande ville de l’outremer vont-elles prendre le chemin inverse ?
Le million et demi d’euros engagé risque bien de rejoindre les millions d’euros déjà perdus en études fantaisistes faites pour des projets irréalistes. Le boulevard nord en souterrain repose sur l’idée fausse qu’il y aurait encore un avenir possible au développement du déplacement automobile à La Réunion en général et à Saint-Denis en particulier. A cette question, les écologistes dionysiens répondent clairement non.
Jean-Pierre Marchau,
Porte parole de KER, la Koopérative Ecologie Réunion
