Faudra augmenter les fiches d’état-civil…
Auparavant ce n’était qu’une possibilité, le fait pour un enfant de porter les patronymes de ses deux géniteurs. A partir de maintenant, ce sera obligatoire et on se pose une question lancinante : quel est l’esprit cariaté qui a bien pu élaborer une combine aussi pourrie ?
Tant que papa-maman s’appellent Payet et Hoareau, ça va encore. La gamine s’appellera Emelyne Hoareau-Payet. Et voilà qu’un jour elle convole en justes noces avec Antoine Boyer-Grondin. Leur petit môme s’appellera logiquement Éstéphane Hoareau-Payet-Boyer-Grondin. Lorsque Éstéphane se mariera avec Latouffe Énilorac-Nativel-Espel-Cojondé, ils procréeront un petit Lapotang dont l’état-civil portera Lapotang Hoareau-Payet-Boyer-Grondin-Énilorac-Nativel-Espel-Cojondé… Vous avez une aspirine ?
Le génial inventeur de cette loi désespérante n’a pas songé une fraction de milli-seconde aux graves problèmes qu’il soulevait. D’abord et d’une, augmenter grave les volumes des registres de l’état-civil français. Comme il faudra de la place pour garer tout ça, faudra aussi construire des réserves supplémentaires dans toutes les mairies de France et d’Outremer. Je connais un Michel qui va s’arracher le peu de tifs qui lui restent. Ensuite, faudra aussi élargir les fiches d’état-civil. Ça fait des centaines de millions d’euros, tout ça. C’est Bruno Lemaire qui va être content.
Vous imaginez un autre dégât : les migraines, sautes d’humeur, dépressions nerveuses, coups de rage et pétages de plomb des officiers et officieuses des bureaux d’état-civil. Les congés de maladies pour burning-out aggravé vont pleuvoir comme grenouilles en Egypte ! Je soumets à votre sagacité le problème à deux inconnues suivant : Geneviève Adam rencontre Hector Brosse. La petite Gillette va-t-elle s’appeler Gillette Brosse-Adam ? On aura droit à des Maximin Caro-Morel ; des Sémaphore Lesbras-Encroix ; des Caroline Séry-Noir ; voire des Antonin Lapaye-Canne ; et qui sait, des Robert Yadumonde-Au balcon. Aaaaarrrrgggg !!!! Bon, je sors…
Plus de tabac dans les longs métrages ?
Voici quelques décennies, parce qu’ils sont de bonne composition et qu’ils ne voulaient pas choquer les parents, Morris et Goscinny avaient remplacé la cigarette de Lucky Luke par une brindille. Ça mange pas de vavangue. Mais vous verrez qu’un de ces quatre, ces Ligues bien-pensantes vont exiger qu’on foute le feu à la brindille… car elle pourrait, sait-on jamais, contenir les germes du Coromachin, de la dengue, voire être apparentée au zamal. Ces Ligues de vertu sont redoutables.
Elles exigent aujourd’hui que des dessins animés de Walt Disney, vieux de 70 ans, soient expurgés du baiser du Prince charmant à la Belle au bois dormant : atteinte sexuelle non-consentie. Ah ! Bientôt elles vont exiger que TOUTES les BD estampillées Lucky Luke aient leurs discours modifiés pour ne plus faire de Rantanplan un fieffé crétin : mauvais traitements envers les animaux. Ces mêmes Ligues en viennent maintenant à demander que l’on ne voie plus d’acteurs allumer une cigarette dans les longs métrages : lutte contre le cancer du tabac. Elles n’ont donc rien d’autre à pogner ?
La cigarette et l’alcool, que l’on soit pour ou contre, peu importe, font partie de la vie de tous les jours. Montrer une cibiche enflammée à l’écran ne constitue en rien une publicité pour le tabac. Pour suivre les idées de ces j’en-foutre de la Vertu-à-tout-prix, je propose quelques idées… Ne plus filmer de scènes de bagarres : lutte contre la violence. Remodeler les discours de Schwarzenhegger et Stalone : lutte contre l’illettrisme. Interdire les éditos de Tillier : respect de l’autorité. Interdiction des cheveux longs : contre le chômage des coiffeurs. Interdiction des salons de massage : sexisme intolérable.
Supprimer les scènes où intervient Baloo dans Le ivre de la jungle : anthropomorphisme inacceptable. Effacer les dessins de Jace : on se fout de qui, là ? Obliger J.B. à écrire comme tout le monde : l’ironie et la dérision ne constituent pas une philosophie de l’action. Interdire à cousin Pierrot de fourrer son nez dans les affaires des autres : si tout le monde en faisait autant, quel foutoir ! Plus de scènes de crimes au ciné : le meurtre est interdit. Interdire « Questions pour un Champion » : on n’a pas le droit de complexer les abrutis. Arrêter de dire « les maquereaux » ou « les souteneurs » : ce sont des protecteurs de la femme abandonnée, voyons ! Ne plus traiter les politicards d’arrivistes : ils sont porteurs de la volonté populaire.
Si vous avez d’autres suggestions du même calibre, on prend. Je ne vous présente pas mes amitiés : des fois que les Ligues de vertu prennent ça pour un harcèlement sexuel…