Le footballeur est rancunier. Si la Secrétaire d’État au Sport, Rama Yade, ne le savait pas, elle en a fait la constatation hier. Les joueurs de l’équipe de France se sont rendus en début d’après-midi dans un township de Knysna, où ils ont été accueillis par 500 personnes en délire et au son du vuvuzela, afin de visiter un terrain de football qui est financé à hauteur de 100.000 euros par la Fédération Française de Football. Une visite menée, malgré le succès certain des Bleus, au pas de charge.
Car seulement une heure après, Rama Yade arrivait sur les lieux. Les Bleus ont donc sciemment évité la Secrétaire d’État, ce qui confirme d’ailleurs le défenseur Eric Abidal en conférence de presse : « On en a déjà parlé entre nous. Le message qu’on a fait remonter disait simplement que le groupe n’était pas content. On voulait qu’elle le sache. Elle l’a pris en compte, elle est assez intelligente pour cela ». Une allusion à peine voilée aux propos de Rama Yade, qui avaient stigmatisé le luxe de l’hôtel de l’équipe de France.
« Je ne savais pas qu’ils allaient visiter le township »
Le président de la Fédération Française, Jean-Pierre Escalettes, qui a accompagné Rama Yade dans le township, a précisé qu’il n’était « pas venu pour une explication franche », ajoutant « si j’ai quelque chose à lui dire je lui dirais en personne ». Enfin, la Secrétaire d’État a à son tour réagi, dans la soirée, sur Canal+. Et sa position est assez surprenante : « Je ne savais pas qu’ils allaient visiter le township. Il y a eu un changement d’heure et de date. Nos amis sud-africains avaient mis en place tout un protocole. Je ne pouvais venir avant par courtoisie diplomatique ». Des joueurs de l’équipe de France qui assument leur boycotte d’une Secrétaire d’État qui ne savait pas qu’ils devaient être là ? Pas besoin d’en dire plus pour comprendre qu’on est au milieu d’une partie de poker-menteur.
Reste que le climat autour de l’équipe de France est toujours aussi tendu. On lui reprochait de ne pas sortir de son hôtel, sa première excursion est une polémique. Pas de quoi inviter les joueurs à la sérénité et augmenter la côte de popularité de cette équipe. En France, comme dans les township sud-africains.