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« Leon » : Une application gratuite pour découvrir l’histoire de La Réunion

Anaelle Pony est la créatrice de "Leon". Elle nous explique comment est né ce projet qui permet de se guider sur l'île de la Réunion et, dans le même temps, de découvrir son histoire à travers ses monuments, ses sites et ses sentiers.

Ecrit par zinfos974 – le mardi 12 octobre 2021 à 08H55

Bonjour Anaelle, comment est né le projet « Léon » ?

« Leon » est une vielle idée qui date de 6 ans et qui est née de mon retour à La Réunion, après être partie 13 ans en métropole pour mes études et pour y travailler, comme beaucoup de Réunionnais qui s’expatrient de nos jours. « Leon » est née sur les sentiers de La Réunion lors de ma phase de préparation pour la Mascareignes. Je m’aligne sur cette course en 2015 et, pendant toute la phase de préparation, je me mets à arpenter les sentiers et découvrir l’île, parce que je ne la connaissais pas vraiment. En arpentant les sentiers, j’ai tout un tas de questions sur les endroits et les lieux que je traverse : pourquoi cela s’appelle comme ça, etc… Car nous avons toujours des noms originaux, et il y a forcément une histoire qui y est rattachée mais qu’on ne connait pas toujours. 

Face à ces questions sans réponse, un vide et pas forcément d’outils, sans savoir non plus où chercher. C’est la première partie de ma réflexion dans la genèse. La deuxième partie est un peu plus personnelle, elle concerne mon grand-père, décédé en 2013. Après son décès est né le sentiment que tout un pan de mon identité partait avec lui et donc des questions restaient sans réponse. L’idée commence à germer comme ça sur les sentiers, je suis un « zenfant la montagne » donc ça me parle, et je commence à ébaucher sur un papier, à mettre ça en forme et à rencontrer des gens. On essaie de lancer une première fois, ça n’a pas marché et puis une deuxième et une troisième et ça ne fonctionne pas. J’avais totalement abandonné l’idée en réalité, me disant que ce n’était sans doute pas pour moi et qu’il fallait que je passe à autre chose. 

C’est l’année dernière que je me fais rattraper par la patrouille si je puis dire. Je tombe sur un podcast d’une interview de mon grand-père qui se retrouve interrogé par une journaliste lors d’un voyage auquel il participait pour aller poser une stèle en l’honneur des engagés indiens à Pondicherry. Dans ce podcast, il raconte son histoire, celle de ses grand-parents, celles de ses parents (…) et je comprends que dans sa vie de misère à laquelle il a été confronté, il y a une part de mon identité, de mes racines qui ont conféré mon caractère et mes souhaits d’avenir. Je me dis alors que cette idée que j’avais eue il y a 6 ans reste collée à mes baskets et qu’il faudrait peut-être que j’en fasse quelque chose, donc je remets la machine en route. 

Dans la foulée, je rencontre mes associés Gilles Leny et Fabrice Manson, je leur soumets l’idée. Ils sont emballés par le concept et me suivent dans l’aventure. J’ai remis toute la machine en marche avec eux, nous avons constitué l’équipe et le produit « Leon » est sorti lors des journées du patrimoine le week-end dernier (NDLR : 18 et 19 sept 2021). 

Que va-t-on trouver dans cette application ? 

« Leon » est une application mobile qui raconte l’histoire de la Réunion à travers des podcasts. Ils sont géo-localisés mais on n’est pas obligé de se déplacer sur site pour écouter l’histoire (…) Si vous passez à proximité d’un point d’intérêt, vous recevez une notification vous disant « Leon a une petite zistoire pou racont aou ». Vous pouvez alors basculer sur l’application pour vous abreuver de cette connaissance. Derrière la mission et l’ambition, l’idée est de transmettre l’histoire et la culture de l’île au plus grand nombre. 

Pourquoi avoir choisi le podcast ? 

Parce que c’est un support aujourd’hui qui est un peu en décalé par rapport à l’image. On a eu le boom de l’image avec les smartphones où nous avons vu les banques d’images gonfler de manière phénoménale. La voix permet de renouer un contact social, humain dans un contexte sanitaire où les liens sociaux sont de plus en plus distendus, mais aussi parce que le numérique favorise beaucoup cette distanciation.

La voix, elle, permet de renouer, de ramener de la chaleur, de transmettre des messages plus facilement, de sensibiliser. C’est tout l’objet que l’on a sur « Leon » de pouvoir sensibiliser sur notre patrimoine matériel et immatériel, pour conserver, préserver toute cette richesse que l’on a sur l’île et transmettre ! Cela transporte et transmet un message. Nous sommes sur des formats plutôt courts, des micro-épisodes de 5 à 8 minutes, mais plusieurs. 

Nous avons fait appel à des comédiens pour les voix sur « Léon » et à un musicien qui a fait tout l’univers sonore et musical. Nous avons constitué toute l’âme de « Leon » et nous espérons toucher les cœurs à travers la voix, la musique, le texte, l’émotion et l’âme des gens. 

Pourquoi « Leon » ? 

Je cherchais un prénom pour un vieux gramoune, un vieux tonton qui raconte des histoires. C’est comme cela, en tout cas, que je projette « Leon » dans mon imaginaire. Pour tout vous dire, c’est ma mère qui m’a suggéré ce prénom-là. Je l’ai trouvé plutôt sympa, plutôt court et plutôt simple à prononcer pour quelqu’un de l’extérieur. 

Votre application est-elle gratuite ? 

Absolument, nous tenons à ce que la culture, la connaissance soient gratuites. L’application est gratuite pour nos utilisateurs et elle est disponible sur les plateformes IOS et Google Play. 

Où-allez vous chercher tous vos contenus ? 

C’est de la création pure. Nous avons toute une équipe rédactionnelle qui s’attache à faire tout ce travail d’investigation et de recherche qu’il soit documentaire mais également d’interviews, de recherche de terrain avec des associations, des historiens et des universitaires. Nous avons impliqué les guides « Pey » également. Sur Saint-Paul, par exemple, il y a le label « Ville d’art et d’histoire » qui revoit et qui valide le contenu car, quand il s’agit d’histoire, il ne s’agit pas d’être totalement décorrélé des faits. 

À terme, l’application sera-t-elle disponible en plusieurs langues ? 

Effectivement, nous allons nous attacher à rendre « Leon » polyglotte. Aujourd’hui, il cause français, il cause créole, nous jouons à fond la carte évidemment car c’est un produit créole et réunionnais. Sur la voix narratrice, nous sommes sur du français, et, quand les contextes s’y prêtent, nous avons inséré des voix en créole. Nous nous sommes aussi amusés à faire tous les textes en créole et s’était vraiment super sympa.

Pour la rendre polyglotte, il s’agira de travailler avec l’IRT, la FRT et avec toutes les institutions touristiques pour déterminer quelles sont les priorités en termes de flux, et nous en termes de langues à apposer, à faire apprendre à « Leon ». 

Découvrez « Leon » à travers sa [page Facebook]urlblank:https://www.facebook.com/leonguideReunion et son [application]urlblank:https://www.leon-guide.app/?fbclid=IwAR3GxM6jqu9h_lEfl7coVXCX8Cwfo4YOUsGz3CIoy8TGh_DMkMX_CBzD8Bo . 

 

 

 

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